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Tramway de Laon
Image illustrative de l’article Tramway de Laon
Le tramway au terminus de la ville haute, place de l'Hôtel-de-Ville, vers 1905.

Histoire
Mise en service 09 juillet 1899
Suppression 27 janvier 1971
Infrastructure
Écartement des rails métrique
Crémaillère Type Abt
Électrification oui (500 VCC)
Exploitation
Longueur 1,480 km
Lignes connexes Ligne de tramway Laon - Nouvion-le-Vineux

Le tramway de Laon est une ligne de tramway urbain à crémaillère en service dans la commune picarde de Laon.

Lancé à l'initiative du premier adjoint Paul Doumer, il est mis en service en 1899 pour relier la gare de Laon à la ville haute. Il circule jusqu'en 1971 : victime de sa vétusté, il est remplacé par des autobus, sans grand succès, puis par le Poma 2000 de Laon.

Histoire

Contexte

Avant le tramway, il fallait gravir ce long escalier pour aller de la gare à la ville haute …

Construite sur un éperon rocheux à près de 100 mètres d'altitude, la ville est une place forte fortifiée qui domine la plaine depuis des siècles dont la population résidant sur le plateau est estimée à 9 000 habitants au début du XIXe siècle[1]. La plaine est alors uniquement composée de villages agricoles, tels que Ardon, La Neuville, Saint-Marcel, Semilly ou Vaux[1].

L'arrivée du train en 1857, date de la mise en service de la gare de Laon par la Compagnie des chemins de fer du Nord, marque un profond changement dans le développement de la cité[1]. La gare étant implantée dans la plaine, la ville se développe autour de la gare en contrebas de la cité historique à travers le quartier de la gare et des faubourgs commerçants[1]. Le nombre de passagers passant par Laon augmente considérablement, pour atteindre les 800 000 voyageurs en 1890, qui se rendent ensuite dans les faubourgs ou la ville haute[1].

Le développement de nouvelles lignes de train vers Paris, Le Cateau ou Soissons dans les années 1860 et le développement de la ville basse fait qu'entre 1861 et 1891, la population laonnoise passe de 10 090 habitants à 14 219 habitants[1]. L'arrivée du train a complètement réorienté les déplacements autour d'un axe entre la gare et la ville haute[1]. En effet, les administrations et principaux équipements publics (préfecture, palais de justice, lycée, hôpital …) restent concentrées sur le plateau, au sein des remparts, ce qui n'est pas sans poser de problème en raison du relief du site[1]. En effet, à partir des années 1880, la liaison ville haute-ville basse entre au cœur des préoccupations, et pour cause[1],[2],[3] : Il n'existe que trois routes carrossables, comprenant des rampes de 5 %, empruntées quotidiennement par voitures privées, voitures de louage et omnibus hippomobiles, ainsi qu'un escalier de plus de 265 marches construit à cette époque dont il faut une demi-heure, avec une bonne condition physique, pour le gravir.

La réflexion sur cette liaison est née d'une volonté politique et d'une prise de conscience des besoins de la population, ainsi que de la mise au point de nouvelles techniques, permises par la révolution industrielle, pour développer des moyens de transport efficaces prenant en compte à la fois la topographie particulière de la ville, sans dénaturer l'architecture médiévale[1]. La difficulté réside donc dans le fait de trouver un moyen de transport performant et répondant aux critères esthétiques voulus[1].

Le choix du tramway

Au cours des années 1880, la ville est fortement sollicitée par ingénieurs et inventeurs pour réaliser un moyen de transport public efficace, la topographie atypique attire les ingénieurs souhaitant relever le défi[2].

Paul Doumer, premier adjoint au maire, Eugène Bonnot, est le premier à porter le projet : il présente ses caractéristiques lors du conseil municipal du [4]. Il fait le choix du chemin de fer à crémaillère après s’être intéressé de près à ce système au Mont Washington et dans la ville de Langres, à la topographie similaire et qui a mis en service une telle ligne en 1887[2].

Une première expérimentation a lieu à l’occasion du « concours régional de  », qui a vu la mise en place d'un tramway à vapeur de type Decauville, mais dont le succès fut mitigé, la machine souffrant de pannes nombreuses et cause des nuisances sonores et olfactives importantes[2],[5],[6].

Élu en 1893, Georges Ermant reprend le projet de son prédécesseur. Il fait confiance à un ingénieur des Ponts et chaussées, Monsieur Bourquelot, qui propose un tramway à traction électrique, et à crémaillère pour les zones à forte déclivité[2]. Le premier projet de tracé est refusé par le général de la brigade militaire de Laon, un autre tracé est alors proposé et adopté[2]. La ligne de chemin de fer d'intérêt local est déclarée d'utilité publique par la loi du , qui en accorde la concession à la société anonyme du chemin de fer de Laon[7]. L'expiration de la concession était fixée au .

Le concessionnaire était une société anonyme dont les statuts avaient été déposés chez Maître Huard, notaire à Laon le et dont le président était un banquier, François Lefèvre. Son siège était à Laon, 3 place de l'Hôtel de Ville[8].

La convention de 1897 qui liait la société à la Ville prévoyait que celle-ci accorderait une subvention initiale pour la construction de l'infrastructure de 100.000 francs, une somme importante à l'époque, plus une subvention annuelle de 5.000 francs[8].

Exploitation

Le , le tramway est mis en exploitation par la société, à la suite d'une inauguration ayant eu lieu la veille[9],[2].

Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande détruisit en 1918 toutes les installations, les voies et le viaduc, et réquisitionna les quatre motrices[9].

La ligne est remise en service en 1926, avec quelques rectifications de tracé, et à nouveau détériorée par les bombardements de 1944, qui détruisirent le quartier de la gare, qui constituait alors un important nœud ferroviaire. Dans les années 1930, une chanson nommée « le Petit Funiculaire » parlant de cette ligne rencontre un franc succès et l'inscrit dans la culture populaire[2].

En 1953, la municipalité met en place un service de bus nommé Micro-bus. Ce dernier ainsi que le tram sont confiés en 1964 à la Régie des transports urbains de la ville de Laon (RTVUL).

Le tramway n'a jamais connu d'accidents, mais est trop vétuste pour être conservé[2]. De plus, la réglementation des lieux accueillant du public a été renforcée à la suite de l'incendie du dancing de Saint-Laurent-du-Pont le , contribuant à l'arrêt de mort de la ligne[2]. Il effectue son dernier voyage le [10].

Cependant, le remplacement par des autobus dégrade la qualité de service, ils s'avèrent inconfortables comparé au tram, et la fréquentation baisse de 50 % entre 1981 et 1989. Il renaîtra sous une forme techniquement différente, le Poma 2000 de Laon, mis en service le .

Infrastructure

Rame du chemin de fer sur le viaduc conduisant à la ville haute.
On distingue clairement la crémaillère placée entre les deux rails de la voie métrique

Le tramway est électrifié dès l'origine et circule sur une voie métrique et voie unique, des évitements implantés dans les stations permettant le croisement des rames. Afin de permettre de franchir les 97 mètres de dénivelé entre les deux terminus, la ligne avait une rampe variant de 9 % à 13 %, ce qui avait nécessité la mise en place d'une crémaillère.

La ligne franchissait quatre routes, deux fois sur un passage à niveau, une fois sur un viaduc et la dernière par un souterrain[9].

La ligne

Longue de 1,480 km[9], la ligne partait de la gare de Laon, le long du quai no 1, puis se dirigeait vers le faubourg de Vaux en traversant un immeuble sous un vaste porche et desservir la station de Vaux. Après avoir traversé à niveau deux routes nationales, la ligne s'engageait sur une forte rampe vers le plateau sur une longueur de 800 m, qui lui permettait d'atteindre la place de l'Hôtel de Ville, terminus supérieur, et où une raquette de retournement était installée[9].

Après les destructions de la Première Guerre mondiale, le tracé de la ligne fut remanié pour que le terminus de la gare soit situé à l'extérieur des installations ferroviaires[9]. Le terminus de l'hôtel de ville le fut également en 1965, afin de supprimer la raquette située place de l'hôtel-de-ville, remplacé par un terminus en tiroir situé derrière le bâtiment municipal[11].

Le dépôt

Le dépôt du tramway était implanté près de la gare, et permettait l'entretien et le remisage des quatre motrices qui desservaient la ligne[12].

Exploitation

Motrice installée comme monument, devant la gare de Laon.

Le tramway, composé d'une seule voiture, dispose d'une trentaine de places assises. Ainsi de nombreuses personnes doivent faire le trajet debout à cause de sa faible capacité. Au début, il fait vingt voyages par jour entre 5 heures du matin et minuit[2] puis trente-cinq en 1926 [réf. nécessaire]. Avec un départ toutes les demi-heures, il faut huit minutes pour rejoindre la ville haute en partant de la gare.

En 1899, 450 personnes l'utilisent chaque jour, puis 1 500 en 1911. En 1927, 527 000 voyageurs par an, puis 550 000 en 1932, 1 000 000 en 1964[réf. nécessaire].

Matériel roulant

Rame dans son état initial, vers 1910.
Rame dans son état final, avec les plates-formes fermées et un archet pour capter le courant, dans les années 1940.

Le matériel roulant était constitué de trois puis quatre motrices à plates-formes extrêmes ouvertes avec compartiments à bagages, longues de 8,85 mètres et comportant deux moteurs. Leur caisse, dotée de 24 places assises, était installée sur un truck et comportait une double roue centrale reliée à l'origine aux deux essieux par chaîne Galle.

Dès leur mise en service, il apparut que l'adhérence des tramways était suffisante pour gravir la pente, et la crémaillère ne fut utilisée que pour assurer le freinage des rames, permettant de supprimer le système de chaînes Galle destiné à assurer la traction à crémaillère[11].

Les quatre motrices furent utilisées pendant toute la durée de l'exploitation, soit 72 ans. Néanmoins, leurs plates-formes furent fermées (ou « vestibulées ») durant l'entre-deux-guerres, et, après la Seconde Guerre mondiale, la motrice no 1, victime d'une collision avec un camion, fut recarrossée avec un style plus aérodynamique[13],[8],[9].

Vestiges et matériel préservé

La plate-forme de la ligne a été réutilisée en grande partie par le Poma 2000 de Laon à partir de 1982, et est désormais inutilisée depuis sa fermeture en 2016.

La motrice no 1 de 1899 a été restaurée, mais débarrassée de son recarrossage de plateforme, et repeinte dans une livrée jaune du tramway de Saint-Quentin avec le numéro 4. Elle est visible au Village des Métiers d'Antan - Musée Motobécane de Saint-Quentin[14],[15].

La motrice no 2 de 1899 a été érigée en monument, place de la gare à Laon depuis 1999. Elle en a été retirée en juillet 2021 pour entrer en restauration dans les anciens ateliers du Poma[16],[17],[18].

La motrice no 3 de 1899 avait été préservée à la fermeture de la ligne par l'AMTUIR[19],[20], et a rejoint le 27 décembre 2012 le Muséotrain de Semur-en-Vallon où elle est désormais restaurée et en exposition[21].

La motrice no 4 de 1902 qui a appartenu au CEMNAD (Comité evryen pour la création du musée national Decauville) est également au Muséotrain où la caisse a été désolidarisée de son truck moteur[21],[22],[23].

Références

  1. a b c d e f g h i j et k « Introduction », sur archives.aisne.fr (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j et k « Le tramway : une solution idéale pour relier la ville haute et la ville basse », sur archives.aisne.fr (consulté le ).
  3. Michel Bézy, art. cit. en bibliographie.
  4. Monique Cara, Jean-Marc Cara et Marc de Jode, Dictionnaire universel de la franc-maçonnerie, Paris, Larousse, , 640 p. (ISBN 978-2-03-584840-6), p. 41-42.
  5. Ant. Brancher, « Excursion de la Société des ingénieurs civils au concours régional de Laon », dans Le Génie civil, 2 juin 1888, tome XIII, no 5, p. 75
  6. Ant. Brancher, « Le chemin de fer à forte pente de Laon », dans Le Génie civil, 14 juillet 1888, tome XIII, no 11, p. 169-170
  7. « Loi du 24 décembre 1897 qui déclare d'utilité publique l'établissement, dans le département de l'Aisne, d'un chemin de fer d'intérêt local à voie étroite et crémaillère reliant la gare à la ville de Laon, ainsi que la convention de rétrocession et le cahier des charges », Bulletin des lois de la République française, no 1960,‎ , p. 73-92 (lire en ligne)
  8. a b et c Annuaire des Chemins de fer et des Tramways (ancien Marchal) : Édition des réseaux français, Paris, , 43e éd., 1334 p., p. 586
  9. a b c d e f et g AMTUIR, page citée en lien externe
  10. [vidéo] « Du tram au Poma », sur YouTube
  11. a et b « les tramways de Laon dans les années cinquante », sur amtuir.org (consulté le ).
  12. « Photo du dépôt en 1968 », Les tramways français dans les années cinquante, AMTUIR (consulté le ).
  13. René Courant, op. cit. en bibliographie
  14. « Village des métiers d'antan - Saint-Quentin » Accès libre (consulté le ).
  15. « Patrimoine Ferroviaire Français - Laon automotrice no 1 », (consulté le ).
  16. « Le tramway part se refaire une beauté », L'Union,‎ (lire en ligne Accès limité)
  17. « A Laon, le tramway est toujours en travaux », L'Union,‎ (lire en ligne Accès limité)
  18. « Patrimoine Ferroviaire Français - Laon automotrice no 2 », (consulté le ).
  19. « AMTUIR » Accès libre (consulté le ).
  20. « Patrimoine Ferroviaire Français - Laon, automotrice no 3 » (consulté le ).
  21. a et b « Forum des Passions Métrique et Etroite - Les Tramways », (consulté le ).
  22. « Patrimoine ferroviaire Français - - Laon automotrice no 4 » Accès libre (consulté le ).
  23. « Forum des Passions Métrique et Étroite », (consulté le ).

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie