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Strychnos est un genre de plantes à fleurs dicotylédones de la famille des Loganiaceae, à répartition pantropicale, qui regroupe environ 170 espèces acceptées.

Ce sont des arbustes, des lianes ou de petits arbres souvent épineux, à feuilles opposées. Le fruit est une baie plus ou moins charnue, et dans le cas de l'espèce la plus connue (Strychnos nux-vomica), les graines très toxiques (appelées « noix vomiques »), contiennent divers alcaloïdes, notamment de la strychnine.

Étymologie

Le nom générique « Strychnos » est un terme latin qui désignait chez Pline la morelle noire (Solanum nigra). Ce terme, emprunté au grec, est dérivé de στρύχνον (strúkhnon) qui désigne, chez plusieurs auteurs grecs de l'Antiquité, plusieurs espèces de plantes toxiques (solanées)[2].

Caractéristiques générales

Les plantes du genre Strychnos sont des arbres, des arbustes ou des lianes. Ces dernières sont munies de vrilles axillaires crochues, simples ou doubles, parfois avec des épines axillaires . Les feuilles, pétiolées à parfois subsessiles, sont opposées-décussées, au limbe entier, présentant de 3 à 7 nervures près de la base et 1 à 3 paires de nervures secondaires, incurvées près du bord chez certaines espèces. Les stipules sont absentes ou réduites à une arête ciliée, droite, reliant la base des pétioles[3],[4].

Les inflorescences sont des cymes thyrsoïdes, axillaires ou terminales, simples ou paniculées, entourées de bractées en écailles. Les fleurs, pédicellées ou sessiles, ont une symétrie tétra- ou pentamère, et présentent un calice composé de 4 ou 5 lobes, parfois très profondément découpés, et une corolle en tube, campanulée ou en forme de plateau, avec 4 ou 5 lobes, à préfloraison valvaire. Les étamines, au nombre de 4 ou 5, à filaments courts, généralement filiformes, sont insérées dans le tube de la corolle. Les anthères, orbiculaires à étroitement oblongues, sont en général exsertes mais parfois incluses. Le pistil comprend un ovaire uni- ou biloculaire, avec un nombre variable d'ovules par loge, surmonté d'un style cylindrique moyennement long, sans division et d'un stigmate capité[3],[4].

Les fruits sont des baies, généralement globuleuses à ellipsoïdes, de couleur orange ou rouge à maturité, à écorce dure, lisse à faiblement verruqueuse, glabre. La pulpe charnue, est généralement orange. Les graines, plus ou moins nombreuses (1 à 15), sont aplaties ou globuleuses, de forme circulaire à elliptique, au tégument soyeux, feutré ou scabre et glabre. Elles présentent un embryon spatulé petit, et un albumen corné et dur. Les cotylédons sont en forme de feuille[3],[4].

Cytologie

Le nombre chromosomique de base du genre Strychnos est x = 11 ou 12. Les cas de polyploïdie et dysploïdie sont nombreux. Le nombre diploïde de chromosomes chez les différentes espèces du genre qui ont fait l'objet d'analyses varie de 2n =24 chez Strychnos spinosa, Strychnos nux-vomica et Strychnos minor à 2n = 110 (décaploïde) chez Strychnos brasiliensis. La valeur la plus courante est 2n = 44, tandis que la valeur 2n = 36 est rencontrée chez Strychnos aculeata et 2n = 88 chez Strychnos angolensis et Strychnos malacoclados[5],[6].

Propriétés

Lorsque l'on évoque le nom Strychnos, ce sont donc les mots « strychnine », « poison », « mort-aux-rats » qui viennent généralement à l'esprit de tout un chacun. Or, contrairement à ce que ces idées préconçues pourraient laisser croire, la présence de strychnine dans le genre Strychnos semble relativement rare. Plusieurs espèces de lianes du genre Strychnos servent en revanche à la préparation de poisons appelés curares.

Les plantes du genre Strychnos sont riches en alcaloïdes, qui ont d'importantes activités biologiques et un grand intérêt médicinal. Plus de 300 alcaloïdes différents ont été isolés à partir de ces plantes. L'un des plus connus parmi ces alcaloïdes est la strychnine, mais sa présence n'a été démontrée que chez sept espèces : trois espèces asiatiques (Strychnos nux-vomica L., Strychnos ignatii P. Bergius et Strychnos wallichiana Steud ex DC.), une espèce australienne (Strychnos lucida R. Br.), deux espèces africaines (Strychnos icaja Baillon et Strychnos tienningsi) et une espèce sud-américaine (Strychnos panamensis L.)[7].

Certaines espèces sont même totalement inoffensives[réf. nécessaire], comme Strychnos innocua, dont le fruit est régulièrement consommé par la population locale, en Afrique.

Taxonomie

Le genre Strychnos appartient à la tribu des Strychneae, qui comprend également deux autres genres, Gardneria et Neuburgia. Les trois genres se ressemblent beaucoup par leur fleurs[8]. A la suite des travaux de Leeuwenberg en 1969, le genre a été subdivisé en 12 sections, dont plusieurs ont été depuis reconnues comme étant polyphylétiques[9] :

Nombre d'espèces par sections et par continents
Sections Amérique Afrique Asie Total
Strychnos 35 - 18 53
Rouhamon 9 11 1 21
Breviflorae 20 12 32
Penicillatae - 9 8 17
Aculeatae - 1 - 1
Spinosae - 4 - 4
Brevitubae - 7 11 18
Lanigerae - 12 20 32
Phaeotrichae - 1 - 1
Densiflorae - 8 - 8
Dolichantae - 9 - 9
Schyphostrychnos - 1 - 1
Total 64 75 58 197

Synonymes

Selon GRIN (27 août 2019)[10] :

  • Atherstonea Pappe
  • Lasiostoma Schreb.
  • Rouhamon Aubl.
  • Scyphostrychnos S. Moore

Liste d'espèces

Selon The Plant List (27 août 2019)[11] :

Distribution

L'aire de répartition originelle du genre Strychnos comprend la plupart des régions tropicales et subtropicales du monde. Elle inclut notamment l'Amérique du Nord (Mexique), l'Amérique centrale et les Antilles et l'Amérique du Sud jusqu'au Paraguay, l'Afrique subsaharienne et Madagascar, le sous-continent indien, l'Asie du Sud et du Sud-Est (Sud de la Chine, péninsule indochinoise, Indonésie, Philippines), l'Australasie : Nouvelle-Guinée, Australie (Nouvelle-Galles du Sud, Queensland)[3].

Les espèces du genre Strychnos se répartissent en trois groupes géographiques distincts : Afrique, Amérique et Asie-Australie. La seule exception est Strychnos potatorum qui se rencontre à la fois en Afrique et en Asie[5].

Références

Notes et références

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 27 août 2019
  2. (en) Umberto Quattrocchi, CRC World Dictionary of Plant Names : Common Names, Scientific Names, Eponyms. Synonyms, and Etymology, vol. 4, CRC Press, , 640 p. (ISBN 978-0-8493-2678-3, lire en ligne), p. 2589.
  3. a b c et d (en) « Strychnos L. », sur Plants of the World Online, Kew Science (consulté le ).
  4. a b et c (en) « 4. Strychnos Linnaeus, Sp. Pl. 1: 189. 1753 », sur Flora of China (consulté le ).
  5. a et b (en) Adekunle Adebowale, Biosystematic Studies in Southern African Species of Strychnos L. (Loganiaceae)., Durban, université du KwaZulu-Natal, , 612 p. (lire en ligne), p. 193-196.
  6. (en) Joachim W. Kadereit et Volker Bittrich, Flowering Plants. Eudicots : Apiales, Gentianales (except Rubiaceae), vol. 15 de The Families and Genera of Vascular Plants, Springer, , 570 p. (ISBN 978-3-319-93605-5, lire en ligne), p. 514.
  7. (en) Tadeusz Aniszewski, Alkaloids : Secrets of Life :  : Aklaloid Chemistry, Biological Significance, Applications and Ecological Role, Elsevier, , 334 (ISBN 978-0-08-047533-2, lire en ligne), p. 19-20.
  8. (en) A.J.M. Leeuwenberg, « The Loganiaceae of Africa VIII Strychnos III - Revision of the African species with notes on the extra-African  », sur Medelingen Landbouwhogeschool Wageningen • Nederland, (consulté le ).
  9. (en) Arnold Brossi, The Alkaloids : Chemistry and Pharmacology : Volume 34 de The Alkaloids, Academic Press, , 409 p. (ISBN 978-0-08-086558-4, lire en ligne), p. 212.
  10. USDA, Agricultural Research Service, National Plant Germplasm System. Germplasm Resources Information Network (GRIN-Taxonomy). National Germplasm Resources Laboratory, Beltsville, Maryland., consulté le 27 août 2019
  11. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 27 août 2019

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