LiMSforum.com – The Global Laboratory, Informatics, Medical and Science Professional Community | Knowledge Base Wiki | LiMSforum.com - The Global Laboratory, Informatics, Medical and Science Professional Community

[[Fichier:The eternal fires of Chimera in Lycia where the myth of the Chimera takes place, Mount Chimaera, Yanartaş, Turkey (12834951845).jpg|vignette|Feux éternels de [[Yanartaş]] (sud-ouest de la [[Turquie]]).]]

L''''hydrogène natif''', également appelé '''hydrogène naturel''', '''hydrogène géologique''', ou '''hydrogène blanc''', est le [[dihydrogène]] présent dans la nature, par opposition au [[Production d'hydrogène|dihydrogène produit]] au laboratoire ou dans l'industrie. Il semble principalement issu de la réaction de l'eau sur des roches riches en fer ou très radioactives, provoquant l'oxydation du fer et l'émission d'hydrogène gazeux. Il a été trouvé dans de nombreuses [[Roche-mère (géologie)|roches mères]], sur tous les continents sauf l'Antarctique, dans certains fonds marins (zones de [[Dorsale (géologie)|dorsales]] essentiellement) et dans des zones situées au-delà des [[Bassin sédimentaire|bassins sédimentaires]] où opèrent les compagnies minières et pétrogazières. L'[[Institut d'études géologiques des États-Unis|USGS]] estime les réserves d'hydrogène natif à des milliards de tonnes, mais enfouies dans la [[croûte terrestre]]. Longtemps considéré comme une curiosité géologique et écologique, il suscite dans les années 2020 un intérêt de la part des mondes de l'énergie, de l'industrie et de la finance, qui se traduit notamment par la création d'un grand nombre de startups recherchant des gisements exploitables et rentables ou des méthodes d'extraction ou de dopage de la production de gisements (qui contiennent souvent aussi de l'[[hélium]], du [[méthane]] ou du [[diazote]]).

La dénomination ''hydrogène blanc'' le distingue de l'[[hydrogène vert]] ([[vecteur énergétique]] issu des [[énergies renouvelables]] ou d'autres procédés [[Décarbonation|décarbonés]]) et de l'[[Production d'hydrogène#Classement par couleurs|hydrogène gris/brun/noir]] (issu de [[Combustible fossile|sources fossiles]]). L'hydrogène natif est réputé peu polluant, pourtant son exploitation s'accompagne d'émissions et de pollutions liées à son exploitation, et peut contribuer à l'[[effet de serre]]. Il pourrait permettre une exploitation à moindre coût, comparé à l'hydrogène industriel, toutefois en 2024, selon le géochimiste Viacheslav Zgonnik, cité par le [[Massachusetts Institute of Technology|MIT]] comme {{Citation|l’un des plus grands experts dans le domaine de l’hydrogène naturel}}, le potentiel est énorme, mais {{Citation|la liste des inconnues est longue, tout comme le chemin vers les premiers projets commerciaux}}.

== Hydrogène natif et écologie marine et terrestre ==
Dans les [[Abysse|grands fonds marins]], l'hydrogène natif et le méthane qui l'accompagne dans les [[Mont hydrothermal|sources chaudes]] sont depuis des centaines de millions d'années des sources d'énergie et de carbone, essentielles pour des [[écosystème]]s entiers, que la profondeur prive de la lumière nécessaire à la [[photosynthèse]].

Sur les continents, certaines [[sources hydrothermales]] (en Islande, par exemple)<ref>{{Article |prénom1=Valentine |nom1=Combaudon |prénom2=Isabelle |nom2=Moretti |prénom3=Barbara I. |nom3=Kleine |prénom4=Andri |nom4=Stefánsson |titre=Hydrogen emissions from hydrothermal fields in Iceland and comparison with the Mid-Atlantic Ridge |périodique=International Journal of Hydrogen Energy |volume=47 |numéro=18 |pages=10217–10227 |date=2022-02-28 |issn=0360-3199 |doi=10.1016/j.ijhydene.2022.01.101 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360319922001938 |consulté le=2024-01-22}}.</ref> et les sources alcalines issues de roches de type [[péridotite]]s montrent souvent des chapelets continus de bulles remontant des profondeurs. Ces bulles sont essentiellement composées de [[dihydrogène]] {{H2}} et de [[méthane]] {{CH4}}. Au niveau des sources (et de forages exploitant ce type d'eau), la température de ces fluides hyperalcalins hébergés dans des roches dites [[ultramafique]]s dépasse rarement {{unité|50|°C}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Konomi |nom1=Suda |prénom2=Yuichiro |nom2=Ueno |prénom3=Motoko |nom3=Yoshizaki |prénom4=Hitomi |nom4=Nakamura |titre=Origin of methane in serpentinite-hosted hydrothermal systems: The CH4–H2–H2O hydrogen isotope systematics of the Hakuba Happo hot spring |périodique=Earth and Planetary Science Letters |volume=386 |pages=112–125 |date=2014-01-15 |issn=0012-821X |doi=10.1016/j.epsl.2013.11.001 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012821X13006286 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>, une température favorable à de riches communautés microbiennes dites [[extrêmophile]]s et [[Chimiotrophie|chimiotrophes]]. Cet hydrogène et le méthane conjoint {{refnec|{{Citation|ont de profondes implications pour l'habitabilité des aquifères ultramafiques de la Terre ainsi que dans les mondes océaniques recouverts de glace du Système solaire externe où l'on pense que des minéraux ultramafiques sont présents au contact de l'eau}}}}.

Il en est de même, dans la croûte terrestre, où {{H2}} et {{CH4}} produits par les réactions de [[serpentinisation]] peuvent alimenter les micro-organismes et entretenir des environnements souterrains pérennes pour eux<ref name=Leong2023>{{Article |langue=en |prénom1=James Andrew |nom1=Leong |prénom2=Michael |nom2=Nielsen |prénom3=Noah |nom3=McQueen |prénom4=Rūta |nom4=Karolytė |titre=H2 and CH4 outgassing rates in the Samail ophiolite, Oman: Implications for low-temperature, continental serpentinization rates |périodique=Geochimica et Cosmochimica Acta |volume=347 |pages=1–15 |date=2023-04 |doi=10.1016/j.gca.2023.02.008 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0016703723000728 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

== Origine de l'hydrogène natif ==
De l'hydrogène natif, dit « non biogénique » ou d'origine {{lh|Abiotique|abiotique}}, est continuellement engendré par différents mécanismes physicochimiques naturels, selon des processus encore mal compris.

Déterminer lesquels de ces mécanismes contribuent, et dans quelle proportion, à un gisement donné, implique des études complexes croisant des données géologiques, des [[Isotope|analyses isotopiques]] et des analyses de la pression et de la composition des gaz collectés qui, ensemble, peuvent fournir des indices (profondeur<ref>{{Article |langue=en |prénom1=T. A. |nom1=Abrajano |prénom2=N. C. |nom2=Sturchio |prénom3=J. K. |nom3=Bohlke |prénom4=G. L. |nom4=Lyon |titre=Methane-hydrogen gas seeps, Zambales Ophiolite, Philippines: Deep or shallow origin? |périodique=Chemical Geology |série=Origins of Methane in the Earth |volume=71 |numéro=1 |pages=211–222 |date=1988-12-15 |issn=0009-2541 |doi=10.1016/0009-2541(88)90116-7 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0009254188901167 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>, mécanismes) sur l'origine probable de cet hydrogène natif<ref name=Leong2023 />{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Giora |nom1=Proskurowski |prénom2=Marvin D. |nom2=Lilley |prénom3=Deborah S. |nom3=Kelley |prénom4=Eric J. |nom4=Olson |titre=Low temperature volatile production at the Lost City Hydrothermal Field, evidence from a hydrogen stable isotope geothermometer |périodique=Chemical Geology |volume=229 |numéro=4 |pages=331–343 |date=2006-05-30 |issn=0009-2541 |doi=10.1016/j.chemgeo.2005.11.005 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0009254105005139 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

De nombreuses émanations d'hydrogène sont connues sur les [[Dorsale (géologie)|dorsales médio-océaniques]]<ref>{{Ouvrage |titre=Rôle de l'hydrogène dans une économie décarbonée |éditeur=[[Académie des technologies]] |date=30 juin 2020 |lire en ligne=https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-actualites/Rapport%20H2%20Final.pdf |format=pdf }}.</ref>. Dans tous les cas où il est libéré à grande profondeur, comme {{H2}} est la plus petite et la plus légère des [[molécule]]s, il peut lentement se faufiler presque partout dans la [[croûte terrestre]] (cette molécule peut, par exemple, traverser une paroi en acier standard), et lentement diffuser « en continu » vers la surface. On ignore par quelles voies préférentielles cela se produit, et dans quels réservoirs géologiques il s'accumule.
Ces sources n'ont pas encore été explorées<ref name=ConnaissanceEnergies2020>{{Lien web |titre=L'hydrogène naturel : curiosité géologique ou source d'énergie majeure dans le futur ? |url=https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/lhydrogene-naturel-curiosite-geologique-ou-source-denergie-majeure-dans-le-futur |site=connaissancedesenergies.org |date=2020-05-22}}.</ref>.

=== Mécanismes connus ===
Les sources connues d'hydrogène natif sont multiples<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=V. Zgonnik |auteur2=P. Malbrunot |titre=L'hydrogène naturel |passage=5|éditeur=Association française pour l'hydrogène et les piles à combustible (AFHYPAC) |date=août 2020|pages totales=8}}.</ref>.

Une partie de cet hydrogène natif pourrait provenir du [[noyau de la Terre]], où les conditions de pression, de température et de haute radioactivité naturelle peuvent provoquer le [[Craquage de l'eau|craquage]] spontané des molécules d'eau en hydrogène et en oxygène. L'oxygène ainsi émis oxyde les minéraux présents, alors que l'hydrogène peut lentement remonter vers la surface de la Terre.

En divers différents contextes géologiques, dans le [[Manteau terrestre|manteau de la Terre]] et dans la [[Croûte terrestre|croûte]], en profondeur (sous fortes chaleur et pression), l'eau (interstitielle ou apportée en zone de subduction{{, etc.}}) interagit avec les roches fraichement exposées. Elle peut interagir avec des agents réducteurs, les [[Roche ultramafique|roches ultrabasiques]] ([[péridotite]]s, dont celles des [[ophiolite]]s<ref>{{Article | langue=en | titre=Geologic hydrogen is discovered in a chromite mine | auteur1=Alex Lopatka | périodique=[[Physics Today]]| date=8 février 2024 | doi=10.1063/pt.uzwp.joqg | accès doi=libre | consulté le=22 février 2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article | langue=en | titre=A deep reservoir for hydrogen drives intense degassing in the Bulqizë ophiolite | auteur1=Laurent Truche | auteur2=Frédéric-Victor Donzé | auteur3=Edmond Goskolli | auteur4=Bardhyl Muceku | auteur5=Corinne Loisy | et al.=oui | périodique=[[Science (revue)|Science]] | volume=383 | numéro=6683 | date=8 février 2024 | pages=618-621| doi=10.1126/science.adk909}}.</ref>) et induire des réactions de [[serpentinisation]], en provoquant des phénomènes d'oxydation. Quand une roche riche en [[Ion ferreux|fer ferreux]] (Fe2+) entre en contact avec de l'eau (de mer, de pluie ou profonde), ce fer s'oxyde en [[ion ferrique|fer ferrique]] Fe3+ en libérant de l'hydrogène. On a montré en 2023 que la serpentinisation pouvait aussi avoir lieu à basse température, dans des environnements hyperalcalins<ref name=Leong2023/>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=T. |nom1=Boschetti |prénom2=G. |nom2=Etiope |prénom3=L. |nom3=Toscani |titre=Abiotic Methane in the Hyperalkaline Springs of Genova, Italy |périodique=Procedia Earth and Planetary Science |volume=7 |pages=248–251 |date=2013 |issn=1878-5220 |doi=10.1016/j.proeps.2013.02.004 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>, mais cette réaction est plus rapide et plus efficace à haute température (vers {{unité|300|°C}}). De telles températures sont atteintes en zone volcanique, le long de dorsales océaniques et dans les forages profonds (à plusieurs kilomètres de profondeur). Une réaction connue est la serpentinisation, qui survient sous les fonds marins (dans la [[croûte océanique]]). Les minéraux de la lave et de volcans sous-marins des rides médio-océaniques ([[olivine]] notamment) s'oxydent rapidement au contact de l'eau, en libérant de l'hydrogène. Le dihydrogène des « fumeurs » ([[cheminées hydrothermales]] de la dorsale médio-atlantique) est étudié depuis longtemps, essentiellement pour ses écosystèmes atypiques et uniques, et pour mieux comprendre l'[[Origine de la vie|apparition de la vie]] ; Charlou {{et al.}} ont publié en 2002 une première évaluation du potentiel de cet {{H2}} géogénique en mer.

La décomposition des [[hydroxyle]]s dans la structure des [[minéral|minéraux]] libère également de l'hydrogène natif.

Dans la [[radiolyse]] naturelle de l'eau, l'hydrogène natif est l'un des sous-produits radiolytiques de l'action de diverses [[désintégration nucléaire|désintégrations nucléaires]] sur l'eau.

En zone sismique et en profondeur, la friction sur les plans de failles peut stimuler la production et l'accumulation d'{{H2}} dans les fluides de fracture (mais en quantité plus anecdotique), par exemple, dans le bouclier précambrien<ref>{{Article |prénom1=Oliver |nom1=Warr |prénom2=Thomas |nom2=Giunta |prénom3=Christopher J. |nom3=Ballentine |prénom4=Barbara |nom4=Sherwood Lollar |titre=Mechanisms and rates of 4He, 40Ar, and H2 production and accumulation in fracture fluids in Precambrian Shield environments |périodique=Chemical Geology |volume=530 |pages=119322 |date=2019-12-30 |issn=0009-2541 |doi=10.1016/j.chemgeo.2019.119322 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0009254119304292 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

Une hypothèse est qu'il existe une quantité d'hydrogène dit « primordial », c'est-à-dire présent depuis la [[Histoire de la Terre|formation de la Terre]]. Ces molécules {{H2}} présentes bien avant la constitution du Système solaire seraient restées piégées dans le manteau, voire dans le noyau terrestre, depuis la formation de la Terre.

À une moindre profondeur, certains microbes consomment des hydrocarbures ou d'autres formes de matière organiques fossiles. Leur métabolisme rejette alors de l'hydrogène (en quantité ''a priori'' plus faible et encore mal connue).

Enfin, l'Homme peut délibérément ou involontairement induire une production de ce type, par [[fracturation hydraulique]] (on parle de « production stimulée de {{H2}} du sous-sol ») ou d'autres formes d'injection d'eau. Cette eau provoque des réactions d'altération et d'oxydation de roches riches en fer, qui relâchent de l'{{H2}} dans le sous-sol. La fracturation hydraulique ({{anglais|fracking}}), développée pour soutirer de plus grandes quantités de [[gaz de schiste]], est décriée en raison de ses conséquences sur l'environnement, à court, moyen et long termes. Elle est encore expérimentale ; un projet vise, par exemple, en 2024 à étudier la possibilité de doper cette production par l'utilisation de [[catalyse]]urs ajustés à la réaction chimique souhaitée en fonction de la température, de la pression et du [[Potentiel hydrogène|pH]] <ref>{{Lien web |langue=en |titre=Extracting hydrogen from rocks |url=https://news.mit.edu/2024/iwnetim-abate-aims-extract-hydrogen-rocks-0408 |site=MIT News |éditeur=[[Massachusetts Institute of Technology]] |date=2024-04-08 |consulté le=2024-04-13}}.</ref>.

Dans tous les cas cités ci-dessus, comme {{H2}} est la plus petite et la plus légère des molécules (elle est si petite qu'elle peut traverser une paroi en acier standard), elle peut se faufiler presque partout dans la roche de la croûte terrestre et lentement diffuser « en continu » vers la surface. Cependant, dans les zones dites « HT-HP » (haute température, haute pression), l'hydrogène devient très soluble dans l'eau, qui peut alors le transporter horizontalement plus ou moins loin de sa zone d'émission.

== Localisation et potentiel d'extraction ==
En 2020, dans le contexte climatique et énergétique critique qui impose à court terme une [[décarbonation]] de l'économie, et ''a minima'' une [[neutralité carbone]] <ref>{{Article| langue=en| titre= New perspectives in the industrial exploration for native hydrogen| auteur= [[Éric Claude Gaucher|Éric C. Gaucher]]| périodique=[[Elements (journal)|Elements]] | volume=16| numéro=10| date= février 2020| pages=8-9| lire en ligne= http://elementsmagazine.org/2020/02/01/new-perspectives-in-the-industrial-exploration-for-native-hydrogen/ | accès url=libre| consulté le=1 février 2023}}.</ref>, on a vite conclu que l'hydrogène géologique avait un intérêt comme nouvelle source énergétique<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Viacheslav |nom1=Zgonnik |titre=The occurrence and geoscience of natural hydrogen: A comprehensive review |périodique=Earth-Science Reviews |volume=203 |pages=103140 |date=2020-04-01 |issn=0012-8252 |doi=10.1016/j.earscirev.2020.103140 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012825219304787 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

L'hydrogène natif peut être extrait de puits, la plupart du temps avec d'autres gaz comme l'[[diazote|azote]], le [[méthane]] ou l'[[hélium]]<ref name=croissancedesenergies>{{Lien web |url=https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/debut-de-lexploration-production-dhydrogene-naturel-une-nouvelle-ere-pour-lhydrogene?sstc=u18685nl132699#notes |titre=Début de l'exploration-production d'hydrogène naturel : une nouvelle ère pour l'hydrogène ? |auteur= |site=connaissancedesenergies.org |date=30 août 2022 |consulté le=31 août 2022}}.</ref>.

On en trouve dans de nombreuses [[Roche-mère (géologie)|roches mères]], souvent très profondes (situées sous des bassins sédimentaires où opèrent généralement les compagnies pétrolières)<ref>{{Article |langue=en |auteur=[[Eric C. Gaucher]] |titre=New Perspectives in the Industrial Exploration for Native Hydrogen |périodique=Elements |volume=16 |numéro=1 |date=2020-02-01 |issn=1811-5209 |doi=10.2138/gselements.16.1.8 |consulté le=2021-10-20 |pages=8–9 }}.</ref>. Selon N. Lefeuvre et ses collègues (2022) {{Citation|il est important d'élaborer un guide d'exploration qui ne se concentre pas uniquement sur la surveillance des gaz de surface, mais qui tient également compte du contexte géologique profond local, intégrant l'ensemble du système d'hydrogène, de la source au piège ou à la fuite dans l'atmosphère}}<ref>{{Article |prénom1=N. |nom1=Lefeuvre |prénom2=L. |nom2=Truche |prénom3=F. -V. |nom3=Donzé |prénom4=F. |nom4=Gal |prénom5=J. |nom5=Tremosa|prénom6=R-A. |nom6=Fakoury|prénom7=S. |nom7=Calassou |prénom8=[[Éric Claude Gaucher|E.C.]] |nom8=[[Éric Claude Gaucher|Gaucher]]|titre=Natural hydrogen migration along thrust faults in foothill basins: The North Pyrenean Frontal Thrust case study |périodique=Applied Geochemistry |volume=145 |pages=105396 |date=2022-10-01 |issn=0883-2927 |doi=10.1016/j.apgeochem.2022.105396 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0883292722002001 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

Les géologues Alain Prinzhofer et Eric Derville ont prouvé l'existence d'importants réservoirs dans une dizaine de pays dont le [[Mali]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Alain |nom1=Prinzhofer |prénom2=Cheick Sidy |nom2=Tahara Cissé |prénom3=Aliou Boubacar |nom3=Diallo |titre=Discovery of a large accumulation of natural hydrogen in Bourakebougou (Mali) |périodique=International Journal of Hydrogen Energy |volume=43 |numéro=42 |pages=19315–19326 |date=2018-10-18 |issn=0360-3199 |doi=10.1016/j.ijhydene.2018.08.193 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360319918327861 |consulté le=2024-01-22}}.</ref> et les [[États-Unis]]<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=La |nom=rédaction |titre=Hydrogène naturel : de la nécessité de reconnaître cette ressource en France |url=https://consommationetsociete.fr/2021/05/07/hydrogene-naturel-de-la-necessite-de-reconnaitre-cette-ressource-en-france/ |site=Consommation & Société |date=2021-05-07 |consulté le=2021-09-27}}.</ref>. Leur potentiel reste cependant difficile à évaluer<ref name=":0">{{Lien web |langue=fr |titre=Et si l'hydrogène naturel était le "{{anglais|game changer}}" de la transition énergétique ? |url=https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/l-hydrogene-naturel-une-autre-revolution-pour-reussir-la-transition-energetique-891115.html |site=[[La Tribune (France, 1985)|La Tribune]] |consulté le=2021-09-09}}.</ref>.

Des accumulations d'hydrogène ont été localement détectées à relativement faible profondeur dans la [[croûte terrestre]]. L'une d'elles, au Mali, est quasiment pure (à 96 %), à {{unité|110 m}} de profondeur, émise à une pression de quatre bars, et est utilisée pour produire de l'électricité<ref>{{Article |prénom1=Alain |nom1=Prinzhofer |prénom2=Cheick Sidy |nom2=Tahara Cissé |prénom3=Aliou Boubacar |nom3=Diallo |titre=Discovery of a large accumulation of natural hydrogen in Bourakebougou (Mali) |périodique=International Journal of Hydrogen Energy |volume=43 |numéro=42 |date=2018-10 |issn=0360-3199 |doi=10.1016/j.ijhydene.2018.08.193 |consulté le=2021-08-09 |pages=19315–19326 }}.</ref>. L'intérêt pour ce gaz s'est concrétisé dans les années 2020 par la prise de permis d'exploration dans plusieurs régions de France, d'Australie, des États-Unis<ref>{{Article |langue=en |titre= The place of natural hydrogen in the energy transition: A position paper. |auteur1= [[Éric Claude Gaucher|Éric C. Gaucher]] |auteur2= Isabelle Moretti |auteur3= Nicolas Pélissier |auteur4= Glen Burridge |auteur5= Nicolas Gonthier |périodique= European Geologist Journal |numéro=55 |date=juin 2023 |lire en ligne= https://zenodo.org/record/8108239 |accès url=libre |consulté le= 17 août 2023}}.</ref>. Des investissements importants sont faits dans des compagnies d'exploration visant spécifiquement cette ressource.

De nombreuses zones d'émanations sont connues au fond des océans, mais très difficilement exploitables. Un site russe découvert en 2008 pourrait faire l'objet d'une exploitation en mer{{Référence nécessaire|date=mai 2023}}.

=== États-Unis ===
En avril 2023, le deuxième forage d'hydrogène natif (après celui du [[Mali]]) est en cours au [[Nebraska]]<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Hydrogène blanc : l'énergie que personne n'attendait |url=https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-billet-sciences-du-week-end/hydrogene-blanc-l-energie-que-personne-n-attendait_5758394.html |accès url=libre |site=[[France Info]] |date=2023-04-22 |consulté le=2023-04-24}}.</ref>.

Koloma lève {{nobr|91 millions}} de dollars en 2023<ref>{{Article |langue=en |titre= Bill Gates Is Backing A Secret Startup Drilling For Limitless Clean Energy |auteur= Alan Ohnsman |périodique= [[Forbes (magazine)|Forbes]] |date=19 juillet 2023 |lire en ligne= https://www.forbes.com/sites/alanohnsman/2023/07/19/bill-gates-koloma-geologic-hydrogen/ |accès url=libre |consulté le= 23 septembre 2023}}.</ref>.

=== Australie ===
Fin 2023, une trentaine de permis ont été délivrés en Australie<ref>« [https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/hydrogene-naturel-la-revolution-inattendue-2039208 Hydrogène naturel : la révolution inattendue] », ''[[Les Échos]]'', 5 décembre 2023.</ref>.

=== France ===
Plusieurs sources sont identifiées en France, notamment dans les [[Alpes]] et les [[Pyrénées]], le long de failles de chevauchement dans les bassins des contreforts<ref>{{Lien web |langue=en |prénom1=Nicolas |nom1=Lefeuvre |prénom2=Laurent |nom2=Truche |prénom3=Frederic Victor |nom3=Donzé |prénom4=Maxime |nom4=Ducoux |prénom5=G. |nom5=Barré|prénom6=R-A. |nom6=Fakoury|prénom7=S. |nom7=Calassou |prénom8=[[Éric Claude Gaucher|E.C.]] |nom8=[[Éric Claude Gaucher|Gaucher]]|titre=Native H2 exploration in the western Pyrenean foothills |date=2021-05-21 |doi=10.1002/essoar.10507102.1 |consulté le=2024-01-22|site=Earth and Space Science Open Archive}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=N. |nom1=Lefeuvre |prénom2=L. |nom2=Truche |prénom3=F.-V. |nom3=Donzé |prénom4=F. |nom4=Gal |prénom5=J. |nom5=Tremosa|prénom6=R-A. |nom6=Fakoury|prénom7=S. |nom7=Calassou |prénom8=[[Éric Claude Gaucher|E.C.]] |nom8=[[Éric Claude Gaucher|Gaucher]]|titre=Natural hydrogen migration along thrust faults in foothill basins: The North Pyrenean Frontal Thrust case study |périodique=Applied Geochemistry |volume=145 |pages=105396 |date=2022-10 |issn=0883-2927 |doi=10.1016/j.apgeochem.2022.105396 |consulté le=2024-01-22}}.</ref> qui semblent propices à une exploration<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=De l'hydrogène naturel en quantité dans les Pyrénées |url=https://www.rtflash.fr/l-hydrogene-naturel-en-quantite-dans-pyrenees/article |site=rtflash.fr |consulté le=2022-08-17}}.</ref>{{,}}<ref>« [https://www.insu.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/recherche-dhydrogene-natif Recherche d'hydrogène natif] », [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]], septembre 2021.</ref>, et en Lorraine.

En avril 2020, une start-up française annonce avoir réuni {{nobr|20 millions}} d'euros pour développer l'extraction d'hydrogène natif en France. Elle prévoit un pilote d'extraction d'hélium dans la [[Nièvre (département)|Nièvre]] début 2024<ref>{{Article| langue=fr| périodique=[[L'Usine nouvelle]]| titre=La start-up 45-8 Energy lève 20 millions d'euros pour créer le premier puits d'hélium français d'ici 2024| date=2023-04-05| présentation en ligne=https://www.usinenouvelle.com/editorial/la-start-up-45-8-energy-leve-20-millions-d-euros-pour-creer-le-premier-puits-d-helium-francais-d-ici-2024.N2118951| consulté le=2023-04-13}}.</ref>.

La [[Nouvelle-Calédonie]] dispose aussi de sources hyperalcalines d'où émane du dihydrogène<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Marianna |nom1=Corre |prénom2=Fabrice |nom2=Brunet |prénom3=Stéphane |nom3=Schwartz |prénom4=Cécile |nom4=Gautheron |titre=Quaternary low-temperature serpentinization and carbonation in the New Caledonia ophiolite |périodique=Scientific Reports |volume=13 |numéro=1 |pages=19413 |date=2023-11-08 |issn=2045-2322 |pmid=37940638 |pmcid=PMC10632469 |doi=10.1038/s41598-023-46691-y |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41598-023-46691-y |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

En avril 2022, l'hydrogène natif est pris en compte dans le [[Droit minier en France|Code minier français]]<ref name="Échos03122023">[https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/la-france-autorise-les-premieres-recherches-de-reserves-dhydrogene-blanc-2038845 Hydrogène « blanc » : la France donne son feu vert aux premières recherches], ''[[Les Échos]]'', 3 décembre 2023.</ref>, ce qui permet que, mi-2023, quatre demandes de permis d'exploration pour de l'hydrogène natif soient en cours d'instruction en France : celle de la société « 45-8 Energy » dans les Pyrénées-Atlantiques, déposée conjointement avec Storengy ; celle de la société « TBH2 Aquitaine », dans le même département ; celles de la société Sudmine en Auvergne-Rhône-Alpes, dans l'Ain et le Puy-de-Dôme<ref name="Échos03072023">« [https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/ruee-mondiale-sur-lhydrogene-blanc-1958163 Ruée mondiale sur l'hydrogène « blanc »] », ''[[Les Échos]]'', 3 juillet 2023.</ref>. Le {{date|3 décembre 2023}}, le premier permis d'exploration d'hydrogène natif est accordé pour cinq ans à la société TBH2 Aquitaine, dans les [[Pyrénées-Atlantiques]]<ref name="Échos03122023"/>.

En juin 2023, après quatre ans de recherches, le projet ''Regalor'' (« Ressources gazières de Lorraine »), lancé en 2019, estime qu'un gisement potentiel de {{nobr|46 millions}} de tonnes pourrait exister en profondeur en [[Moselle (département)|Moselle]] dans l'ancien [[bassin houiller lorrain]], à [[Folschviller]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Qu'est-ce que l'hydrogène blanc, dont un gisement colossal vient d'être découvert en Moselle? |url=https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/qu-est-ce-que-l-hydrogene-blanc-dont-un-gisement-colossal-vient-d-etre-decouvert-en-moselle_AV-202306090505.html |site=BFM BUSINESS |consulté le=2023-06-12}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=fr |titre=De l'hydrogène blanc dans le bassin houiller lorrain |périodique=[[L'Usine nouvelle]] |date=2023-06-05 |lire en ligne=https://www.usinenouvelle.com/article/de-l-hydrogene-blanc-dans-le-bassin-houiller-lorrain.N2139617 |consulté le=2023-06-13}}.</ref>. Selon l'exploitant gazier [[Française de l'énergie]] (FDE), cette découverte, faite par des chercheurs de GéoRessource, un laboratoire de l'[[université de Lorraine]] rattaché au CNRS, est fortuite. La teneur de l'eau atteint 1 % à {{nobr|600 mètres}} de profondeur mais 17 % à {{unité|1100 mètres}}. Cela pourrait s'expliquer par la présence de [[sidérite]], une espèce minérale qui, réagissant avec l'eau des galeries minières, engendrerait du dihydrogène<ref>« [https://www.lesechos.fr/pme-regions/grand-est/des-indices-dhydrogene-blanc-decouverts-dans-le-sous-sol-lorrain-1954854 Des indices d'hydrogène blanc découverts dans le sous-sol lorrain] », ''[[Les Échos]]'', 22 juin 2023.</ref>{{,}}<ref>{{lien web| url=https://lejournal.cnrs.fr/articles/un-gisement-geant-dhydrogene-en-lorraine| site=Journal du [[Centre national de la recherche scientifique|CNRS]]| titre=Un gisement géant d'hydrogène en Lorraine ?| auteur1=Kheira Bettayeb| date=06 juillet 2023| consulté le=16 juillet 2023}}.</ref>. Selon FDE, ce serait le plus grand gisement d'hydrogène blanc jamais découvert, représentant la moitié de la production mondiale<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=Camille |nom=Coirault |titre=Le plus grand gisement d'hydrogène du monde vient d'être découvert en France |url=https://www.clubic.com/actualite-512272-le-plus-grand-gisement-d-hydrogene-du-monde-vient-d-etre-decouvert-en-france.html |site=[[Clubic]] |date=2023-12-13 |consulté le=2023-12-14}}.</ref>.

=== Caractéristiques ===
Le dihydrogène est peu soluble dans l'[[eau de mer]] ou l'[[eau douce]] ({{unité|1,6 mg/L}} à {{unité|21 °C}}) en surface, mais sa [[solubilité]] augmente fortement avec la profondeur sous l'effet de la pression (x100 à {{unité|1000 m}}){{Référence nécessaire|date=janvier 2024}}.

L'hydrogène natif, s'il est très pur, ne cause aucune émission autre que de la [[vapeur d'eau]] quand il brûle, mais il l'est rarement. Il est réputé peu polluant, mais, pour des raisons encore mal comprises, le sol est presque totalement dépourvu de flore et de faune dans certaines zones de gisement naturel en surface{{Référence nécessaire|date=octobre 2024}}.

== Coût ==
Le captage ''in situ'' de l'hydrogène natif peut être compétitif. Il est localement bien moins coûteux que quand il est produit par [[vaporeformage]] industriel<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Hydrogène naturel : une source potentielle d'énergie renouvelable |url=https://larevuedestransitions.fr/2019/11/07/hydrogene-naturel-une-source-potentielle-denergie-renouvelable/ |site=La Revue des transitions |date=2019-11-07 |consulté le=2021-09-29}}.</ref>, notamment en covalorisation<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=La France a une carte à jouer dans l'hydrogène naturel |url=https://www.h2-mobile.fr/actus/france-carte-jouer-hydrogene-naturel/ |site=h2-mobile.fr |consulté le=2021-09-09}}.</ref>. Selon Nicolas Pelissier, président de 45-8 {{lang|en|Energy}}, start-up française créée en 2017 et spécialisée dans l'exploration et la production de gaz industriels, {{citation|le coût de production de la phase pilote est de trois à quatre euros par kilo[gramme] sans subvention, et sur la phase industrielle, on s'attend à tomber en dessous de l'euro, voire du demi-euro, par kilo. À titre de comparaison, en France en 2023, il faut compter environ dix euros le kilo, subventions incluses, pour l'hydrogène vert avec électrolyse}}<ref name="Échos03072023"/>.

== Rôle dans la transition écologique ==
L'hydrogène naturel pourrait jouer un rôle important dans la [[géopolitique]] de l'énergie<ref name=":0" />, car il dispense de l'étape énergivore de la synthèse du dihydrogène<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Dr Isabelle Moretti |titre=L'hydrogène natif |éditeur=CNRS |date=21/10/2019 |nature ouvrage=support de présentation |lire en ligne=https://www.cnrs.fr/mi/IMG/pdf/hydro2019_presentation_moretti.pdf |format=pdf}}.</ref>.

Les chercheurs Geoffrey Ellis et Sarah Gelman, de l'[[Institut d'études géologiques des États-Unis]] (USGS), ont utilisé un modèle de l'[[industrie pétrolière]] pour estimer les réserves récupérables d'hydrogène natif : ils obtiennent un ordre de grandeur de mille milliards de tonnes. Si cet hydrogène peut être capté en quantité suffisante, il pourra satisfaire la demande mondiale pendant des millénaires<ref>{{en}} [https://www.science.org/content/article/hidden-hydrogen-earth-may-hold-vast-stores-renewable-carbon-free-fuel Hidden hydrogen - Does Earth hold vast stores of a renewable, carbon-free fuel?], ''[[Science (revue)|Science]]'', 16 février 2023.</ref>.

En 2020, R.G Derwent et ses collègues rappellent que, {{Citation|à l'heure actuelle, le stockage de l'hydrogène est considéré comme une difficulté majeure dans la transition des systèmes énergétiques fondés sur les combustibles fossiles vers une économie de l'hydrogène décarbonée}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Richard G. |nom1=Derwent |prénom2=David S. |nom2=Stevenson |prénom3=Steven R. |nom3=Utembe |prénom4=Michael E. |nom4=Jenkin |titre=Global modelling studies of hydrogen and its isotopomers using STOCHEM-CRI: Likely radiative forcing consequences of a future hydrogen economy |périodique={{lang|en|International Journal of Hydrogen Energy}} |volume=45 |numéro=15 |pages=9211–9221 |date=2020-03-18 |issn=0360-3199 |doi=10.1016/j.ijhydene.2020.01.125 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360319920302779 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

== Intensité carbone, impacts négatifs indirects sur le climat et la couche d'ozone ==
L'hydrogène natif est souvent présenté comme [[Neutralité carbone|neutre en carbone]]. Ce n'est pas exact pour plusieurs raisons : 
* son processus de recherche, les forages définitifs, puis l'extraction, la purification, le conditionnement et son transport (s'il n'est pas utilisé sur place) font nécessairement appel à des technologies et matériaux exigeant des [[énergies fossiles]] ; 
* l'hydrogène est le plus petit des atomes ; il fuit très facilement. Des fuites peuvent survenir à toutes les étapes de la [[Économie hydrogène|filière hydrogène]]. Si les forages et les utilisateurs finaux deviennent nombreux, et si ces fuites ne sont pas fortement réduites, elles auront deux effet négatifs : 
# elles augmenteront la durée de vie du méthane dans l'atmosphère, et donc contribueront au [[réchauffement climatique]], 
# elles diminueront le taux d'[[Couche d'ozone|ozone stratosphérique]], et donc ralentiront la reconstitution du [[Destruction de la couche d'ozone|trou de la couche d'ozone]]. Des modélisations des conséquences probables indirectes d'une future [[économie de l'hydrogène]] prenant en compte le [[forçage radiatif]] indiquent en 2020 que l'impact climatique de l'hydrogène sera principalement lié aux fuites à toutes les étapes de la [[Production d'hydrogène|production]], de la distribution, du [[Stockage de l'hydrogène|stockage]] et de l'utilisation de ce gaz. À condition que les fuites soient efficacement réduites, ce gaz sera une alternative attrayante aux combustibles fossiles carbonés<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Richard G. |nom1=Derwent |prénom2=David S. |nom2=Stevenson |prénom3=Steven R. |nom3=Utembe |prénom4=Michael E. |nom4=Jenkin |titre=Global modelling studies of hydrogen and its isotopomers using STOCHEM-CRI: Likely radiative forcing consequences of a future hydrogen economy |périodique=International Journal of Hydrogen Energy |volume=45 |numéro=15 |pages=9211–9221 |date=2020-03-18 |issn=0360-3199 |doi=10.1016/j.ijhydene.2020.01.125 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360319920302779 |consulté le=2024-01-22}}.</ref> ;
* si l'hydrogène natif est massivement utilisé dans des moteurs, des chaudières ou des piles à combustible, notamment pour le transport local et mondial, il deviendra une source significative et constante de [[vapeur d'eau]] dans les basses couches de l'atmosphère. Or la vapeur d'eau est un [[gaz à effet de serre]] et modifie la [[Nuage|nébulosité]]<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Tracey K. |nom1=Tromp |prénom2=Run-Lie |nom2=Shia |prénom3=Mark |nom3=Allen |prénom4=John M. |nom4=Eiler |titre=Potential Environmental Impact of a Hydrogen Economy on the Stratosphere |périodique=Science |volume=300 |numéro=5626 |pages=1740–1742 |date=2003-06-13 |issn=0036-8075 |issn2=1095-9203 |doi=10.1126/science.1085169 |consulté le=2024-01-22}}.</ref>.

En août 2023, Adam R. Brandt (du département des sciences et de l'ingénierie de l'énergie, de l'[[Université Stanford]] aux États-Unis), a publié une première [[analyse du cycle de vie]] (ACV), prospective, de l'exploitation du dihydrogène natif extrait du sous-sol{{Référence nécessaire|date=janvier 2024}}. Son [[Facteur d'émission|intensité en gaz à effet de serre]] a été calculée sur la base d'un procédé d'extraction « générique » pour un scénario de gaz de référence contenant 85 %mol {{H2}}, 12 %mol {{N2}} et 1,5 % {{CH4}}, et en faisant varier des facteurs que sont la composition du gaz, la productivité du puits, la profondeur du puits et la pression du gaz remontant. Selon ce travail, l'intensité en GES (aux limites du site d'extraction) est de {{unité|∼0,4 kg [[Équivalent CO2|{{CO2}}éq]]}} par kilogramme de dihydrogène produit, soit {{unité|∼3 g{{CO2}}éq}} par mégajoule de [[pouvoir calorifique inférieur]] issu du dihydrogène. L'étude confirme que les principales sources de GES sont les émissions fugitives et les émissions grises (liées aux procédés afférents). L'[[analyse de sensibilité]] a porté sur les compositions des gaz, les paramètres du réservoir et les méthodes de production. Les résultats sont {{c'est-à-dire|sensibles à {{CH4}} contenu|date=janvier 2024}} : un {{quoi|boîtier|date=janvier 2024}} contenant 75 % {{H2}} et 22,5 % {{CH4}} émet {{unité|1,5 kg}} de {{CO2}}éq par kilogramme de dihydrogène. D'autres facteurs clés sont les sources d'énergie alimentant les procédés, la manutention et l'élimination des déchets (non {{H2}}) de l'ensemble.

== Adéquation des types d'énergies renouvelables ==
{{Section vide ou incomplète}}

== Législation ==
Le cadre juridique actuel inclut l'hydrogène natif parmi les [[gaz naturel]]s, pour lesquels une législation est déjà en place, appliquée notamment par les [[États-Unis]] pour leur premier puits d'hydrogène{{Référence nécessaire|date=janvier 2023}}.

En France, l'hydrogène natif a été inclus dans le code minier au printemps 2022<ref name="Échos03072023"/>.

=== Classification ===
Quand l'hydrogène natif est produit par une interaction eau-roche, comme par les fluides chauds de la [[géothermie]], l'[[Académie des technologies]] propose de le classifier en [[hydrogène vert]]{{refsou}}.

=== Coût d'exploitation ===
Une [[Production d'hydrogène|production]] et une consommation locales de l'hydrogène natif (comme au Mali) permet d'éviter les coûts de compression et de transport à longue distance.

La technique du [[Reformage du méthane|vaporeformage]] est actuellement la moins chère. L'extraction d'hydrogène natif pourrait s'avérer plus économique. En effet, outre le forage commun aux deux techniques, le vaporeformage requiert l'exploitation et le transport du méthane, sa transformation en dihydrogène, et devra intégrer la [[Séquestration du dioxyde de carbone|capture et le stockage du {{CO2}}]] en résultant<ref>{{Article |langue=fr |auteur=[[Eric C. Gaucher]] |titre=Une découverte d'hydrogène naturel dans les Pyrénées-Atlantiques, première étape vers une exploration industrielle |périodique=Géologues |numéro=213 |pages=92-95 |date=juin 2022 |url=https://www.researchgate.net/publication/362327297_Une_decouverte_d%27hydrogene_naturel_dans_les_Pyrenees-Atlantiques_premiere_etape_vers_une_exploration_industrielle |accès url=libre}}.</ref>.

== Dans la culture populaire ==
Sur le [[mont Chimère]] (aujourd'hui [[Yanartaş]], en [[Turquie]]), un gaz composé essentiellement de méthane (87 %) et de dihydrogène (7,5 à 11 %) s'échappe et brûle en continu depuis plus de {{nombre|2500 ans}}. Ces feux seraient selon la légende la source de la première [[flamme olympique]]<ref>{{Article | langue = en | prénom1 = H. | nom1 = Hosgormez | prénom2 = G. | nom2 = Etiope | prénom3 = M. N. | nom3 = Yalçin | titre = New evidence for a mixed inorganic and organic origin of the Olympic Chimaera fire (Turkey): a large onshore seepage of abiogenic gas | périodique = Geofluids | volume = 8 | numéro = 4 | date=25/11/2008 | pages = 263–273 | doi = 10.1111/j.1468-8123.2008.00226.x | consulté le = 23 avril 2023}}.</ref>.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Conventions bibliographiques|date=avril 2022}}
* Lopez-Lazaro C., P. Bachau, I. Moretti, N. Ferrando, 2019, Hydrogen solubility in aqueous NaCl solutions : from molecular simulation to equation of state. BSGF, doi.ord/10.1051/bsgf/2019008 
* Deville E., Prinzhofer A. The origin of N2-H2-CH4-rich natural gas seepages in ophiolitic context: a major and noble gases study of fluid seepages in New Caledonia. Chem Geol 2016;440:139e47 Gregory Paita, Master Thesis, Engie & Université de Montpellier.
* Moretti I., Pierre H. [[Pour la science]], special issue in partnership with Engie, vol. 485; 2018. {{p.|28}}. N march. Moretti I, D'Agostino A, Werly J, Ghost C, Defrenne D, Gorintin L. Pour la Science, special issue, march 2018, vol 485, 24 25XXII_XXVI.
* Prinzhofer, A., I. Moretti, J. Françolin, C. Pacheco, A. D'Agostino, J. Werly, F. Rupin, 2019, Natural hydrogen continuous emission from sedimentary basins: The example of a Brazilian H2-emitting structure, International Journal of Hydrogen Energy, <nowiki>https://doi.org/10.1016/j.ijhydene.2019.01.119</nowiki> 
* N. V. Larin, V. Zgonnik, S. Rodina et al. Natural Molecular Hydrogen Seepage Associated with Surficial, Rounded Depressions on the European Craton in Russia. Natural Resources Research, 2015, 24, 369–383, <nowiki>https://doi.org/10.1007/s11053-014-9257-5</nowiki> 
* V. Zgonnik, V. Beaumont, E. Deville et al. Evidence for natural molecular hydrogen seepage associated with Carolina bays (surficial, ovoid depressions on the Atlantic Coastal Plain Province of the USA). Progress in Earth and Planetary Science, 2015 2, 2-31, <nowiki>https://doi.org/10.1186/s40645-015-0062-5</nowiki> 
* A. Prinzhofer, C. S. Tahara Cissé, A. B. Diallo, Discovery of a large accumulation of natural hydrogen in Bourakebougou (Mali). International Journal for Hydrogen Energy, 2018, 43, 19315–19326, <nowiki>https://doi.org/10.1016/j.ijhydene.2018.08.193</nowiki> 
* Zgonnik, The Occurrence and Geoscience of Natural Hydrogen: A Comprehensive Review. Earth-Science Reviews, 2020, 203, art. 103140, <nowiki>https://doi.org/10.1016/j.earscirev.2020.103140</nowiki> 
* « Hydrogène naturel, la prochaine révolution énergétique ? » par Alain Prinzhofer et Eric Deville. Edition Belin, Paris, 2015.
* Synthèse scientifique récente par Viacheslav Zgonnik « The Occurrence and Geoscience of Natural Hydrogen: A Comprehensive Review » Earth-Science Reviews, 2020, 203, 103140 <nowiki>https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0012825219304787</nowiki> 
* « L'hydrogène naturel : curiosité géologique ou source d'énergie majeure dans le futur ? » par Isabelle Moretti dans Connaissance des Énergies. Mai 2020. <nowiki>https://www.connaissancedesenergies.org/tribune-actualite-energies/lhydrogene-naturel-</nowiki> curiosite-geologique-ou-source-denergie-majeure-dans-le-futur 
* L'Édito par René Trégouët « L'hydrogène naturel pourrait devenir une véritable source d'énergie propre et inépuisable… ». Juillet 2020. <nowiki>https://www.rtflash.fr/l-hydrogene-naturel-</nowiki> pourrait-devenir-veritable-source-d-energie-propre-et-inepuisable/article
* {{Article |langue=en |prénom1=Christophe |nom1=Rigollet |prénom2=Alain |nom2=Prinzhofer |titre=Natural Hydrogen: A New Source of Carbon-Free and Renewable Energy That Can Compete With Hydrocarbons |périodique=First Break |volume=40 |numéro=10 |date=2022-10-01 |issn=0263-5046 |issn2=1365-2397 |doi=10.3997/1365-2397.fb2022087 |lire en ligne=https://www.earthdoc.org/content/journals/10.3997/1365-2397.fb2022087 |consulté le=2023-05-29 |pages=78–84}}.
* {{Article |langue=fr |prénom1=Isabelle |nom1=Moretti |titre=« Rien ne s'oppose à ce que l'hydrogène natif prenne beaucoup d'importance » |périodique=[[Pour la science]] |numéro=553 |date=16 octobre 2023 |issn=0153-4092 |lire en ligne=https://www.pourlascience.fr/sr/entretien/rien-ne-s-oppose-a-ce-que-l-hydrogene-natif-prenne-beaucoup-d-importance-25751.php |consulté le=17 décembre 2023 |pages=40–43}}.

=== Articles connexes ===
* [[E-carburant]]
* [[Économie hydrogène]]
* [[Hydrogène jaune]]
* [[Production d'hydrogène]]

[[Catégorie:Élément natif]]
[[Catégorie:Production d'hydrogène|Natif]]
[[Catégorie:Vecteur énergétique]]
[[Catégorie:Énergie renouvelable]]

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