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Le quartier de l'Europe doit une grande partie de son urbanisation, surtout dans sa partie orientale, à deux spéculateurs fonciers : le banquier suédois Jonas-Philip Hagerman, et Sylvain Mignon, serrurier du roi Charles X, au début du XIXe siècle.
En , ceux-ci achètent des landes et des marais situés au nord de l'ancien lit de la Seine, entre les Porcherons et la Petite-Pologne, afin d'en faire un vaste lotissement résidentiel. Ce terrain était occupé par les jardins Tivoli. Hagerman[2] et Mignon mettent au point un plan en étoile centré sur la place de l'Europe.
vu les délibérations du Conseil général de la Seine faisant fonctions de Conseil municipal de la ville de Paris, des 11 décembre 1824 et 27 septembre 1825, portant acceptation conditionnelle du dit projet ; vu l'avis du préfet du département ; vu les lettres-patentes du 10 avril 1783 ; notre Conseil d’État entendu, nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
6° Une autre rue (anciennes rues de Rome et de Naples) partant du chemin de ronde, à peu près au point milieu entre les deux, barrières de Mousseaux et de Clichy, pour aboutir à la place no 3, et se prolonger au-delà dans la même direction ;
8° Une rue (rues de Naples et de Hambourg) se dirigeant de la barrière de Montmartre et aboutissant à la rue de Valois, près le débouché de la rue no 11 ;
9° Une autre (ancienne rue de Munich) en prolongement de la rue des Grésillons, de l'autre côté de la place de l'Abattoir, et devant aboutir à la rue de Mousseaux ;
10° Une autre rue (rue de Miromesnil) en continuation de celle de Miromesnil jusque vers la barrière de Mousseaux ;
Article 2 : cette autorisation est accordée à la charge par les sieurs Hagerman et Mignon :
1° De céder gratuitement le terrain indiqué au plan comme devant servir à la formation du prolongement du boulevard projeté depuis la place de la Madeleine jusques à la barrière de Mousseaux, et en outre, de consentir la cession à la ville, soit à titre de vente, soit par voie d'échange, d'une superficie de terrain d'environ 6 273 m2, nécessaires pour la construction d'une église ou, à défaut, l'établissement d'un marché sur le point indiqué par le papier de retombe apposé au plan, dans l'axe de la rue numéro 6, entre les numéros 7 et 8 ;
2° D'établir sur le terrain réservé au milieu de la place un jardin entouré de grilles, dont lesdits entrepreneurs conserveront la propriété, si mieux n'aime le Conseil municipal de la ville de Paris se faire concéder le dit terrain en se chargeant de la dépense d'établissement et d'entretien ; dans le premier cas, il est entendu que les entrepreneurs ne pourront jamais changer la destination dudit jardin ;
3° De faire établir à leurs frais, de chaque côté des nouvelles voies, des trottoirs en pierre dure d'une largeur de 2 mètres dans les rues de 15 mètres, et de 1,6 mètre dans celles de 12 mètres.
Toutefois, le développement du chemin de fer et la construction de la gare de Paris-Saint-Lazare (alors « gare de l'Ouest ») remet en cause une partie du projet : les voies ferrées remplacent ainsi un axe nord-sud qui devait traverser la place de l'Europe.
La construction des immeubles se termine vers 1865. S'adjoignent au projet les rues de Parme (1849, anc. rue Neuve-de-Clichy), de Copenhague (1868) et de Budapest (1910, anc. passage de Navarin puis passage de Tivoli).
Un peu plus tôt, en 1860, la toponymie des voies de ce lotissement inspire le nom donné à l'ensemble du quartier où il est en majeure partie situé, constitué cette année-là lors du nouveau découpage administratif de Paris qui inclut aussi au quartier, notamment vers l'ouest, des voies qui ne font pas partie du lotissement[4].
Autour de cette place, ils dessinent un réseau de vingt-quatre rues portant principalement des noms de grandes villes européennes (par ordre alphabétique) :
↑MM. Alphand, A. Deville et Hochereau, Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques.
↑Mais par contre, certaines des voies du lotissement sont quant à elles intégrées au 9e où débutent les rues de Londres et Liège et où se situent les rues de Budapest, Parme, Milan et Athènes.
Bibliographie
Annie Térade, « Le “nouveau quartier de l’Europe” à Paris. Acteurs publics, acteurs privés dans l’aménagement de la capitale (1820-1839) », Histoire urbaine, 2007, vol. 2, no 19, Marne-la-Vallée.