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Fauteuil 25 de l'Académie française | |
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Sénateur du Second Empire |
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Pseudonymes |
L' Auteur du Théâtre de Clara Gazul, Clara Gazul, Joseph Lestrange, Hyacinthe Maglanovich |
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Anthropologue, écrivain, peintre, dramaturge, inspecteur général des monuments historiques, homme politique, historien, traducteur, archéologue, dessinateur |
Rédacteur à |
Revue des Deux Mondes, Revue germanique (d) |
Père | |
Mère |
Anne Louise Moreau (d) |
Membre de | |
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Distinctions |
Grand prix des Meilleurs romans du XIXe siècle (d) () Grand officier de la Légion d'honneur |
La Vénus d'Ille, Carmen, Homme en Grande Bottes (d), Mateo Falcone |
Prosper Mérimée, né le à Paris et mort le à Cannes, est un écrivain, historien et archéologue français.
Issu d'un milieu bourgeois et artiste, Prosper Mérimée fait des études de droit avant de s'intéresser à la littérature et de publier dès 1825 des textes, en particulier des nouvelles, qui le font connaître et lui valent d'être élu à l'Académie française en 1844.
En 1831, il entre dans les bureaux ministériels et devient en 1834 inspecteur général des monuments historiques. Il effectue alors de nombreux voyages d'inspection à travers la France et confie à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc la restauration d'édifices en péril comme la basilique de Vézelay en 1840, la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1843 ou la Cité de Carcassonne, à partir de 1853. Proche de l'impératrice Eugénie, il est nommé sénateur en 1853 et anime les salons de la cour, par exemple avec sa fameuse dictée en 1857. Il publie alors moins de textes littéraires, pour se consacrer à des travaux d'historien et d'archéologue et initiant, à partir de 1842, un classement des monuments historiques auquel rend hommage la base Mérimée créée en 1978.
L’œuvre littéraire de Prosper Mérimée relève d'« une esthétique du peu », son écriture se caractérisant par la rapidité et l'absence de développements, qui créent une narration efficace et un réalisme fonctionnel adaptés au genre de la nouvelle. Mais ce style a parfois disqualifié les œuvres de Mérimée, auxquelles on a reproché leur manque de relief — « Le paysage était plat comme Mérimée », écrit Victor Hugo. Si le Théâtre de Clara Gazul n'a pas marqué l'époque, il n'en va pas de même pour ses nouvelles qui jouent sur l'exotisme (la Corse dans Mateo Falcone et Colomba ou l'Andalousie dans Carmen, popularisée en 1875 par l'opéra de Georges Bizet), sur le fantastique (Vision de Charles XI, La Vénus d'Ille, Lokis) ou sur la reconstitution historique (L'Enlèvement de la redoute, Tamango). L'Histoire est d'ailleurs au centre de son unique roman : Chronique du règne de Charles IX (1829).
Prosper Mérimée naît le [1] à Paris dans une famille bourgeoise. Son acte de naissance dans l'état civil de Paris indique qu'il est né le 5 vendémiaire an XII, vers 22 heures au 7 carré Sainte-Geneviève, division du Panthéon, dans l'ancien 12e arrondissement[2]. Sa maison natale sera démolie quelques années plus tard lors du percement de la rue Clovis et des travaux autour du Panthéon.
Son père, Jean François Léonor Mérimée (1757-1836)[3], est originaire de Normandie : né le à Broglie et baptisé le dans l'église de cette ville[4] nommée alors Chambrais, il devient ensuite professeur de dessin à l'École polytechnique, et est plus tard secrétaire perpétuel de l'École des Beaux-Arts. Sa mère, Anne Louise Moreau (1774 Avallon[5]-1852), est la fille de Nicolas Louis Joseph Moreau (Vezaponin, 1733 - Saint-Denis, 1781), chirurgien major de la généralité de Paris à son décès, et d'Elisabeth Grimard. Elle est portraitiste, et enseigne aussi le dessin.
La sœur de son père, Augustine Mérimée, est la mère de Louis-Jacques Fresnel (Broglie, 1786 - Jaca, 1809), lieutenant d'artillerie ; Augustin Fresnel, physicien ; Léonor François Fresnel (Mathieu, 1790 - Paris, 1869), ingénieur en chef des ponts et chaussées ; et Fulgence Fresnel (Mathieu, 1795 - Bagdad, 1855), orientaliste.
Du côté de sa mère, Prosper Mérimée est sans doute l'arrière-petit-fils de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1776).
Les parents de Prosper, qui se sont mariés à (Paris 12e) le , ont un solide bagage intellectuel et artistique datant du XVIIIe siècle, mais ne s'engagent guère dans les courants culturels naissants (romantisme). De l'éducation parentale, Mérimée retient l'horreur de l'emphase.
Mérimée fait des études de droit, apprend le piano et étudie la philosophie et aussi de nombreuses langues : l'arabe, le russe, le grec et l'anglais. Il est l’un des premiers traducteurs de la langue russe en français.[réf. souhaitée]
Il a obtenu son certificat musical de fin d'études à Rome, où il remporte le premier prix international européen de piano, puis le troisième prix de chant, chorale et direction de chœur à Paris.
Ses études au lycée Napoléon le mettent en contact avec les fils de l'élite parisienne ; parmi eux, Adrien de Jussieu, Charles Lenormant et Jean-Jacques Ampère, avec qui il traduit Ossian. En 1819, il s'inscrit à la faculté de droit, marchant ainsi dans les pas de son grand-père, François Mérimée, éminent avocat du Parlement de Rouen et intendant du maréchal de Broglie. Il obtient sa licence en 1823. La même année, il est exempté du service militaire, pour faiblesse de constitution. Néanmoins, il sera incorporé en 1830 à la Garde nationale.
Dans les années 1820, il fréquente le salon littéraire d'Étienne-Jean Delécluze, oncle maternel d'Eugène Viollet-le-Duc. Ce dernier reçoit, en effet, le dimanche à quatorze heures dans le « grenier » de son domicile au 1 rue Chabanais (aujourd'hui dans le 2e arrondissement de Paris), des artistes, des peintres et des architectes tels que : Ludovic Vitet, Sainte-Beuve, Stendhal, Paul-Louis Courier, etc. qui y conçoivent un « romantisme réaliste » qui cherche un compromis avec le classicisme, et s’oppose à l’emphase hugolienne.
Mérimée, comme Stendhal, y testent alors leurs premières œuvres[6].
Après avoir fait ses études de politique, il se tourne vers la littérature. Il entre pourtant dans l’administration, puis il devient, après 1830, secrétaire du cabinet du comte d’Argout. Il passe rapidement par les bureaux des ministères du Commerce et de la Marine et il succède enfin à Ludovic Vitet en 1834 aux fonctions d'inspecteur général des Monuments historiques, où son père occupait la fonction de secrétaire. Cela lui permettra de poursuivre en toute liberté les travaux littéraires, auxquels il devait sa précoce réputation.
C’est à ce moment qu’il demanda à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, d’effectuer une de ses premières restaurations d’édifice en France. Ce poste lui donna en outre l’occasion de faire des voyages d'inspection dans le Midi, l’Ouest, le Centre de la France et en Corse, voyages dont il publia les relations (1836-1841). Son action permet le classement, le , de la crypte Saint-Laurent de Grenoble comme monument historique. À cette époque, il correspond avec nombre d'« antiquaires » ou érudits locaux, comme M. de Chergé, président de la Société des antiquaires de l'Ouest à Poitiers, ville dont il sauva nombre de vestiges, en particulier le baptistère Saint-Jean menacé en 1850 de démolition.
La même année, il découvre, dans la cathédrale du Puy-en Velay, la peinture murale des « arts libéraux » sous un épais badigeon[7], œuvre majeure de l'art français de la fin du Moyen Âge, dans ce qui est un acte fondateur de l’archéologie du bâti. Dans le département des Deux-Sèvres, il confie à l'architecte niortais Pierre-Théophile Segretain (1798-1864) la restauration de plusieurs églises ; lors de ses tournées d'inspecteur des monuments historiques dans la région, il s'arrêtait parfois dans la maison de celui-ci, au-dessus de la place de La Brèche (détruite), où, bon dessinateur, il se délassait à « crayonner » les chats de la famille. Il donne d'ailleurs des dessins, afin d'illustrer Les Chats (1869), ouvrage de son ami l'historien d'art et collectionneur Champfleury.
Prosper Mérimée quitte son poste d'inspecteur général en 1860, tout en demeurant membre de la Commission des monuments historiques. C'est l'architecte Émile Boeswillwald qui lui succède.
En 1844, il est élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et, la même année, à l’Académie française en remplacement de Charles Nodier.
Ayant pris fait et cause pour son ami le comte Libri, Mérimée est condamné à quinze jours de prison et à mille francs d’amende. Il est écroué le à la Conciergerie[8],[9]. Il parlera à son ami Antonio Panizzi de cette mésaventure et du retentissement qu'elle a provoqué[10].
En 1856 parait une correspondance dans laquelle il parle de sa mésaventure avec Libri et d'autres choses.
Mérimée rencontre María Manuela Kirkpatrick (1794-1879), comtesse de Montijo et mère de la future impératrice Eugénie (1826-1920), en Espagne en 1830 et ils établissent des liens d'amitié. C'est elle qui lui donne l'idée de Carmen en lui rapportant un fait divers survenu récemment en Andalousie. Elle lui fournit aussi la documentation nécessaire à l'écriture de Don Pèdre Ier[11],[12]. Il entretient avec elle une correspondance importante, jusqu'à la fin de sa vie[13].
Attaché à l'éducation des filles de la comtesse[pas clair], Maria Francisca (1825-1860) et Eugenia, il envoie à cette dernière le un croquis « d'après un portrait de femme par Vélasquez de 55 sur 40 cm, acheté pour huit francs, qui paraît avoir été coupé d'une toile plus grande, et reconnu pour un original par tous les connaisseurs à qui je l'ai montré[14] ».
Quand la jeune femme devient en 1853 l'épouse de Napoléon III, devenu par un coup d'État empereur des Français, Mérimée est nommé l'année même sénateur du Second Empire, puis est élevé successivement aux dignités de commandeur et de grand officier de la Légion d'honneur.
C'est pour distraire la cour impériale qu'il met au point en 1857 sa célèbre dictée.
Les honneurs lui vinrent au milieu de l’existence littéraire d’un homme ayant fait, pendant quarante ans de l’archéologie, de l’histoire et surtout des romans. Mérimée aime le mysticisme, l’histoire et l’inhabituel. Il a été influencé par la fiction historique popularisée par Walter Scott et par la cruauté et les drames psychologiques d’Alexandre Pouchkine. Les histoires qu’il raconte sont souvent pleines de mystères et ont lieu à l’étranger, l’Espagne et la Russie étant des sources d’inspiration fréquentes. Une de ses nouvelles a inspiré l’opéra Carmen.
Cultivant à la fois le monde et l’étude, Prosper Mérimée, qui travaillait, à ses heures et suivant ses goûts, de courts écrits, bien accueillis dans les revues avant de paraître en volumes, avait conquis la célébrité, dès ses débuts, avec deux ouvrages apocryphes, attribués à des auteurs imaginaires : le Théâtre de Clara Gazul, comédienne espagnole (1825) de Joseph Lestrange, et la Guzla, recueil de prétendus chants illyriens d’Hyacinthe Maglanovitch (1827).
La première de ces publications, l’une des plus complètes mystifications littéraires, précipita la révolution romantique en France, en stimulant les esprits par l’exemple de productions romantiques étrangères. Toutefois, les pièces de Clara Gazul ne paraissaient pas faites pour la scène et, lorsque plus tard Mérimée fut en position d’y faire accepter l’une d’elles, le Carrosse du Saint-Sacrement, elle n’eut pas de succès (1850).
Mérimée publia aussi sous le voile de l’anonyme : la Jacquerie, scènes féodales, suivie de la Famille Carvajal (1828), et la Chronique du règne de Charles IX (1829) ; puis il signa de son nom les nouvelles, petits romans, épisodes historiques, notices archéologiques ou études littéraires, d'abord dans la Revue de Paris puis dans la Revue des deux Mondes, et qui formèrent ensuite un certain nombre de volumes, sous leurs titres particuliers ou sous un titre collectif, parmi lesquelles se trouvent : Tamango, la Prise de la Redoute, la Vénus d'Ille, les Âmes du purgatoire, la Vision de Charles XI, la Perle de Tolède, la Partie de trictrac, le Vase étrusque, la Double méprise, Arsène Guillot, Mateo Falcone, Colomba (1830-1840) ; puis à un plus long intervalle : Carmen, (1847, in-8o) ; Épisode de l’histoire de Russie, les Faux Démétrius (1852, in-18) ; les Deux héritages, suivis de l’Inspecteur général et des Débuts d’un aventurier (1853, in-8o).
Mérimée publia aussi ses Voyages ou Rapports d’inspection archéologique, réimprimés en volumes : Essai sur la guerre sociale (1841, in-8o, avec pl.) ; Histoire de don Pédre Ier, roi de Castille (1843, in-8o) ; un volume de Mélanges historiques et littéraires (1855, in-18), contenant douze études diverses, puis des Notices, Préfaces et Introductions, entre autres ; Notice sur la vie et les ouvrages de Michel Cervantes (1828) et Introduction aux contes et poèmes de Marino Vreto (1855), etc. ; enfin, sans compter un certain nombre d’articles de revue non réimprimés, le recueil posthume de Lettres à une Inconnue (1873, 2 vol. in-8o), qui excita une grande curiosité et qui fut suivie de Lettres à une Nouvelle inconnue (1875).
Sa vie sentimentale contient peu d'informations, il aurait eut de brèves liaisons avec quelques femmes dont George Sand[15].
En 1836, il présente les Montijo à la famille de Gabriel Delessert, nouveau préfet de police de la monarchie de Juillet, dont l'épouse, Valentine Delessert née Laborde, est sa maîtresse depuis le 16 février 1836[16]. Paca et Eugénie jouent avec sa fille Cécile. Il raconte sa longue liaison à la comtesse de Montijo dans leur correspondance. Pour Claude Schopp, ce « célibataire endurci - qui accusera plus tard sa longue liaison avec Valentine d'avoir empêché toute tentative d'établissement - avait trouvé dans les Montijo une famille idéale : l'absence du père lui permettait de jouer un rôle que sa peur panique des engagements lui interdisait de remplir dans la vie réelle. Mérimée assouvissait son mal d'enfant, qu'après le départ de Paca et d'Eugénie il reportera sur les enfants de sa maîtresse, Cécile et surtout Édouard Delessert, ou sur des amis plus jeunes comme Viollet-le-Duc. »[16]
Par ailleurs, sa correspondance avec une inconnue fait mention d'une longue amitié avec une femme, Jeanne-Françoise Dacquin[17].
« Peut-être ferez-vous l’acquisition d’un véritable ami, et moi peut-être trouverai-je en vous ce que je cherche depuis longtemps : une femme dont je ne sois pas amoureux et en qui je puisse avoir de la confiance. Nous gagnerons probablement tous deux à notre connaissance plus approfondie. »[18]
Le romancier et critique d'art Louis Edmond Duranty, disciple de Champfleury et qui fut portraituré par Degas, passa longtemps pour son fils naturel.
Mérimée, souffrant d'asthme, fait de nombreuses cures, notamment à Cannes. En 1869, la nouvelle de sa mort se répand à Paris, puis est démentie par Le Figaro.
Il meurt l'année suivante, le , vers 23 heures[19],[20],[21], trois semaines après la chute de Napoléon III (4 septembre). Il est inhumé à Cannes au cimetière du Grand Jas[22].
Son tombeau a été inscrit au titre des Monuments Historiques le [23].
Au cours de la Commune de Paris (mars-mai 1871), un incendie détruit sa maison du 52 rue de Lille.
Cela entraîne la destruction de ses livres et de ses papiers, ainsi que de quelques tableaux, dont celui présenté par son père au Salon de 1791, L'Innocence nourrissant un serpent, qui est cependant connu grâce à une gravure de Charles-Clément Bervic.
À partir de 1834, Prosper Mérimée commence à faire recenser sur l’ensemble du territoire français les ensembles architecturaux remarquables[24], annonçant avec un siècle d'avance « l'Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France», lancé plus tard par André Malraux[25].
C'est pourquoi, le ministère de la Culture et de la Communication a créé en 1978 la base Mérimée, qui recense l’ensemble des monuments historiques et, au-delà, le « patrimoine architectural remarquable »[26].