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Ses travaux portent principalement sur l'histoire de la démocratie et du modèle politique français, et sur le rôle de l'État et la question de la justice sociale dans les sociétés contemporaines.
Il est titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences de gestion de l’Université Paris-Dauphine, avec une thèse intitulée « Théories et pratiques de la gouvernementalité dans les organisations », soutenue en 1981 sous la direction de Henri Tézenas du Montcel[2].
Par ailleurs, il soutient en 1978 une thèse de 3e cycle à l'École des hautes études en sciences sociales en histoire avec Claude Lefort : La formation du concept de marché au XVIIIe siècle[3] et prépare avec lui également un doctorat d’État en lettres et sciences humaines, intitulé Guizot et la formation de l’intelligence politique moderne, en 1985[4],[1].
Parcours professionnel
Au cours de son service militaire, il fait paraître sous le pseudonyme Pierre Ranval, Hiérarchie des salaires et lutte des classes (1972).
Il soutient en 1995 la position de la CFDT à propos de la partie de la réforme de la sécurité sociale portant sur l'assurance maladie et présentée par le gouvernement Juppé en 1995, signant notamment une pétition parue dans Le Monde en sa faveur[11].
En 1982, il crée la fondation Saint-Simon avec Furet[14]. Pour Denis Souchon, la fondation Saint-Simon « joua un rôle central dans la conversion de la gauche de gouvernement au libéralisme »[15].
Il est un temps chroniqueur économique à Libération[15]. Didier Eribon, sociologue engagé à gauche, avance pour sa part que « quand Libération recruta Pierre Rosanvallon comme chroniqueur puis comme responsable de sa rubrique « Idées » en 1982-1983, ce fut explicitement (j’insiste sur ce point) pour se débarrasser de l’influence des intellectuels critiques (Foucault et Bourdieu) et se donner les moyens d’être en phase avec le nouveau personnel politique qui occupait les ministères »[16].
Peu après 2001, il devient « éditorialiste associé » au journal Le Monde[15].
Il crée en 2002, avec le soutien financier de grandes entreprises (Altadis, Lafarge, AGF, EDF, Air France…), La République des idées, un « atelier intellectuel » qu'il préside[17]. Son ambition est de « refonder une nouvelle critique sociale », détachée de ce qu'il nomme l'« archéoradicalisme » ou l’« idéologie radicale-nostalgique »[18]. Ce groupe édite une revue, La Vie des idées, ainsi qu'une collection de livres aux éditions du Seuil, et organise en 2006 le forum de Grenoble sur la « nouvelle critique sociale ».
À partir d', il dirige le site internet laviedesidees.fr[19], la revue La Vie des idées, qui publie des chroniques et essais contribuant au débat d'idées dans de nombreuses disciplines.
En , dans le cadre de la « République des idées », il organise de nouveau un forum à la maison de la Culture de Grenoble, « Réinventer la démocratie »[20].
Il est membre du club Le Siècle, qui réunit des représentants des milieux dirigeants de la France[21].
Idées
Il est l'un des principaux théoriciens de l'autogestion associée à la CFDT[22]. Dans son livre L'Âge de l'autogestion, il défend un héritage philosophique savant, venu à la fois de Marx et de Tocqueville, et annonce une « réhabilitation du politique » par la voie de l'autogestion.
Concernant la démocratie, il estime qu'il existe une universalité des aspirations mais pas de la forme que peut prendre un régime démocratique : les problèmes sont universels, non les modèles. De plus, il affirme que la démocratie est « structurellement inachevée », qu'elle n’est pas un « modèle figé »[23].
Déclarations sur Emmanuel Macron
Dans un entretien donné à Libération en avril 2022, il dit : « Pour Emmanuel Macron, les Français ont des idées archaïques dans la tête. Il faudrait donc les prendre par la main, leur ‟expliquer” les choses et leur taper sur les doigts de temps à autre. »[24]
Le 17 avril 2023, dans l'émission Quotidien, il s'exprime sur la mobilisation contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, il dit que la France traverse « la crise démocratique la plus grave depuis la fin du conflit algérien »[25]. Il émet de vives critiques sur Emmanuel Macron et évoque le manque de modestie et d'expérience politique du président de la République[26].
Œuvres
Ouvrages
Les ouvrages de Pierre Rosanvallon ont été traduits en 22 langues (allemand, anglais, arabe, chinois, espagnol, finnois, grec, hongrois, italien, japonais, polonais, portugais, roumain, russe, slovène, suédois, turc, ukrainien) et édités dans 26 pays[1].
Hiérarchie des salaires et lutte des classes, Paris, Le Cerf, 1972. Publié sous le pseudonyme « Pierre Ranval » pour échapper à l'interdiction d'écriture pendant son service militaire[27].
L’Âge de l’autogestion, Paris, Le Seuil, coll. Points politique, 1976, 246 p.
Pour une nouvelle culture politique (avec Patrick Viveret), Paris, Le Seuil, coll. Intervention, 1977.
Le Capitalisme utopique : Histoire de l'idée de marché, Paris, Le Seuil, coll. Sociologie politique, 1979 ; coll. Points Politique, no 134, 1989 (sous le titre Le Libéralisme économique) ; nouvelle édition sous le titre initial, Points Essais, no 385, 1999.
La Crise de l’État-providence, Paris, Le Seuil, 1981 ; Coll. Points Politique, 1984 ; Points Essais, no 243, 1992.
La Question syndicale : Histoire et avenir d'une forme sociale, Paris, Calmann-Lévy, coll. Liberté de l'esprit, 1988 ; Nouvelle édition, coll. Pluriel, 1990 et 1998.
La République du centre : La Fin de l’exception française, avec François Furet et Jacques Julliard, Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l’esprit », 1988, 1994, 182 pp., (ISBN270211752X) ; nouvelle édition, Paris, Hachette, « Pluriel », 1989, 224 pp., (ISBN978-2-01-015380-8).
L’État en France de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, L'Univers historique, 1990 ; coll. Points Histoire, 1993 et 1998.
Le Sacre du citoyen : Histoire du suffrage universel en France, Paris, Gallimard, Bibliothèque des histoires, 1992 ; Folio Histoire, 2001.
La Monarchie impossible : Histoire des Chartes de 1814 et 1830, Paris, Fayard, Histoire des constitutions de la France, 1994.
Le Nouvel Âge des inégalités (avec Jean-Paul Fitoussi), Paris, Le Seuil, 1996 ; Points Essais, no 376, 1998.
La Nouvelle Question sociale : Repenser l’État-providence, Paris, Le Seuil, 1995. Coll. Points essais, 1998 (2 éditions), (ISBN2-02-022030-X)
Le Peuple introuvable : Histoire de la représentation démocratique en France, Paris, Gallimard, Bibliothèque des histoires, 1998 ; Folio Histoire, 2002.
La Démocratie inachevée : Histoire de la souveraineté du peuple en France, Paris, Gallimard, Bibliothèque des histoires, 2000, Folio Histoire 2003
Pour une histoire conceptuelle du politique, Paris, Le Seuil, 2003
Le Modèle politique français : La Société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Paris, Le Seuil, 2004 ; Points-Histoire, no 354, 2006.
Notre Histoire intellectuelle et politique, 1968-2018, Paris, Le Seuil, 2018 (ISBN978-2-02-135126-2)
Le Siècle du populisme : Histoire, théorie, critique, Paris, Le Seuil, 2020 (ISBN978-2-02-140192-9)
Les épreuves de la vie : Comprendre autrement les Français, Paris, Le Seuil, 2021 (ISBN9782021486438)
Les Institutions invisibles, Paris, Le Seuil, 2024
Entretiens
Ci-dessous, figure seulement une sélection d'entretiens de Pierre Rosanvallon accessibles en ligne.
Pierre Bouretz, Olivier Mongin et Joël Roman, « Faire l'Histoire du politique : Entretien avec Pierre Rosanvallon », Esprit, no 251, , p. 161-170 (lire en ligne)
Muriel Rouyer, « Sur quelques chemins de traverse de la pensée du politique en France : Entretien avec Pierre Rosanvallon », Raisons politiques, no 1, , p. 49-62 (lire en ligne)
(en) Javier Fernández Sebastán, « Intellectual History and Democracy: An Interview with Pierre Rosanvallon », Journal of the History of Ideas, vol. 68, no 4, , p. 703-715 (lire en ligne)
Marion Carrel, Charles Girard et Julien Talpin, « Écrire une histoire générale de la démocratie : Entretien avec Pierre Rosanvallon », Participations, no 1, , p. 335-347 (lire en ligne)
Igor Martinache, « L’histoire politique n’est pas seulement faite d’idées et d’intérêts : Entretien avec Pierre Rosanvallon », Idées économiques et sociales, no 195, , p. 40-52 (lire en ligne)
↑Florent Georgesco, « Pierre Manent : Grammairien de l'action », Le Monde, no 22 766, , p. 10 (du Monde des Livres) (lire en ligne)
↑Laurent Bonelli, « Ces architectes en France du social-libéralisme », Manière de voir « Le nouveau capitalisme », no 72, décembre 2003 - janvier 2004, p. 82 à 85 (lire en ligne)
↑Didier Eribon, D'une révolution conservatrice : Et de ses effets sur la gauche française, Paris, Léo Scheer, coll. « Variations V », , p. 69
↑Bernard Poulet, « Les intellos au service des patrons », L'Expansion, no 670, , p. 134
↑Éric Le Boucher, « La société est ensevelie sous un épais vernis d’idéologies : Entretien avec Pierre Rosanvallon », Le Monde, no 18 919, , p. 26 (lire en ligne)
↑Comité de rédaction, « Équipe », sur laviedesidées.fr
↑Frank Georgi, « L’autogestion, utopie libertaire ou utopie libérale ? », dans Michel Margairaz et Danielle Tartakowsky (dir.), 1968, Entre libération et libéralisation : La grande bifurcation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 303-318
↑Véronique Bedin, « Penser le monde, l’individu et la société à l’heure de la mondialisation », dans Philosophies et pensées de notre temps, Éditions Sciences Humaines, coll. « Petite bibliothèque », , 5–8 p. (ISBN978-2-36106-015-2, lire en ligne)
Pierre Rosanvallon, Rony Brauman et Alain Touraine, « Témoignage », Revue Française d’Histoire des Idées Politiques, no 2, , p. 361-406 (lire en ligne)
Geneviève Verdo, « Pierre Rosanvallon, archéologue de la démocratie », Revue historique, no 623, , p. 693-720 (lire en ligne)
(en) Andrew Jainchill et Samuel Moyn, « French Democracy between Totalitarianism and Solidarity : Pierre Rosanvallon and Revisionist Historiography », The Journal of Modern History, vol. 76, no 1, , p. 107-154 (lire en ligne)
Jean-Claude Monod, « Les recompositions du modèle politique français. Le jacobinisme amendé selon Pierre Rosanvallon », Esprit, no 306, , p. 54-66 (lire en ligne)
Christophe Gaubert, « Révolution culturelle et production d’un "intellectuel de proposition" (Pierre Rosanvallon) », dans Sylvie Tissot (dir.), Reconversions militantes, Presses universitaires de Limoge et du Limousin, coll. « Sociologie », (lire en ligne), p. 231-268
« Démocratie ou contre-démocratie ? Deux lectures de Pierre Rosanvallon » :
Thierry Ménissier, « Un traité politique pour nos nouvelles civilités », Critique, no 731, , p. 259-274 (lire en ligne)
Nadia Urbinati, « Démocratie dépolitisée », Critique, no 731, , p. 275-290 (lire en ligne)
Sarah Al-Matary (dir.) et Florent Guénard (dir.), La démocratie à l'œuvre : Autour de Pierre Rosanvallon, Paris, Éditions du Seuil,
(en) Oliver Flügel-Martinsen, Franziska Martinsen, Stephen W. Sawyer et Daniel Schulz (eds.), Pierre Rosanvallon’s Political Tought : Interdisciplinary Approaches, Bielefeld, Bielefeld University Press, (lire en ligne)