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Il est connu pour ses rôles comiques dans des films de Georges Lautner (particulièrement Les Tontons flingueurs), pour la série du Gendarme ou celle de La Septième Compagnie. Il a aussi tourné dans un bon nombre de comédies sans prétention, totalisant plus de cent vingt films[1].
Il fut également, sur les scènes parisiennes, la vedette de nombreuses pièces de boulevard.
Biographie
Enfance, formation et débuts
Jean Marcel Lefebvre naît le à Valenciennes[2], dans la famille d'un petit industriel[3]. Il est le fils de Georges Marcel Lefebvre et de Zélia Louise Mathilde Masquelier. À l'âge de 18 mois, il est atteint de poliomyélite et reste appareillé jusqu'à l'âge de dix ans[4]. Il a vécu cette maladie comme un drame dans son enfance mais c'est ce qui a déterminé d'une certaine façon son destin de comique car il a réagi en faisant le clown pour s'attirer la sympathie de ses camarades d'école. Il est surnommé « Fifi l'oiseau » au lycée Henri Wallon parce qu'il chante bien[5].
Ses études pour devenir pharmacien sont interrompues par la Seconde Guerre mondiale. Fait prisonnier, puis réquisitionné comme ouvrier agricole, il s'échappe pour rejoindre sa famille évacuée près de Châteauroux[3]. Il est quelque temps conducteur de tramway à Limoges sur la ligne Hôtel de Ville-Cimetière où il écrase un âne. Il fait aussi du marché noir en vendant des harengs fumés[5]. Il devient ensuite vendeur de sous-vêtements[3]. À la fin de la guerre, il rentre chez lui dans sa maison de Valenciennes, où il travaille quelque temps pour son père, puis entre au Conservatoire de Paris en 1948.
Avec un deuxième prix d'opéra comique au Conservatoire de Paris, il doit, pour complaire à sa famille, faire carrière en tant que chanteur d'opéra[6], mais, repéré par René Simon, célèbre professeur d'art dramatique, il commence à jouer au cabaret au début des années 1950, puis intègre la célèbre troupe des Branquignols avec laquelle il part jouer aux États-Unis pendant deux ans[7].
Carrière
Après de petites apparitions au cinéma dans les années 1950, Jean Lefebvre devient l'un des acteurs les plus célèbres de sa génération dans les années 1960 et 70, tant à l'écran qu'au théâtre, en incarnant souvent le personnage du « franchouillard » gentil et un peu hébété, au « regard triste de cocker » (qualifié ainsi par Lino Ventura). Toujours dans un registre burlesque, il enchaîne ainsi les seconds rôles dans des comédies, faisant de lui un acteur populaire reconnu et apprécié. C'est le film Ne nous fâchons pas (1966) qui lui donne le statut d'acteur de premier plan[8].
Le tournage de la série du Gendarme n'aura pas toujours été du goût de Lefebvre. Le Gendarme de Saint-Tropez se fait sans mal, mais à partir du deuxième film Le Gendarme à New York, une brouille entre Lefebvre et Jean Girault apparaît. Le cinéaste l'écarte quelque temps de l'aventure, d'où sa faible présence dans le deuxième film. Lors du troisième film, Le Gendarme se marie, des scènes entre Lefebvre et Geneviève Grad sont tournées mais n'apparaissent pas dans le montage final. Lefebvre reprochera à Louis de Funès de lui voler toutes ses scènes et son temps dans le film. « Tu es connu pour faire ce genre de choses », lui reproche-t-il. « Lorsque tu as tourné Le Corniaud, tu es arrivé un matin sur le plateau et tu as refusé de tourner parce que ton rôle ne prévoyait pas assez d'effets comiques... c'est exactement pareil ! » Lefebvre acceptera néanmoins de faire partie de l'aventure du quatrième film, Le Gendarme en balade, mais sera absent dans Le Gendarme et les Extraterrestres et Le Gendarme et les Gendarmettes pour cause d'exigences autant artistiques que financières. « Je ne vais pas continuer à servir la soupe à monsieur Louis de Funès », conclut-il. Michel Modo avouera : « Il avait dit du mal sur Louis et le producteur n'en voulait plus. C'est le producteur qui l'a viré, il a fait courir le bruit que c'était Louis, mais c'est le producteur ».
Parieur invétéré et gros flambeur, Jean Lefebvre dilapidait ses cachets au casino d'Enghien-les-Bains au point d'avoir régulièrement des problèmes avec le fisc. Son appétit pour les jeux d'argent oriente sa carrière vers une suite moins glorieuse. En effet, le succès le fuit à partir des années 1980 ; il accepte de jouer dans des films pour rembourser ses nombreuses dettes de jeu et non pas pour la qualité de leur scénario. Il déclare ainsi : « J'ai tourné tellement de navets que ma carrière ressemble à un potager. » Il gagne pourtant au Loto en 1999 mais ce lot de 15 millions de francs ne parvient pas à le tirer totalement d'affaire[9].
Toutefois, selon un sondage de l'IFOP réalisé en 1981, il est désigné par les Français comme leur troisième acteur comique favori, après Louis de Funès et Coluche[10]. Il regrette surtout que le cinéma ne lui ait pas offert un rôle dramatique, comme Coluche avec Tchao Pantin, et déclare qu'il n'attend que ça[11].
Il se distingue au théâtre en jouant le double-rôle principal de la pièce Les Jumeaux.
Il est aussi l'un des fondateurs de l'émission Les Grosses Têtes, sur RTL, émission à laquelle il participe régulièrement dans les années 1980. Il s'y distingue par ses questions ingénues : « Est-ce que ça a un rapport avec le sexe ? »
En plus de sa carrière d'acteur, Jean Lefebvre s'était essayé à l'écriture avec le livre Qu'est-ce qu'elles me trouvent ? ou encore à la chanson avec, entre autres, le 45 tours Le démon de midi.
Mort
Jean Lefebvre meurt le à l'âge de 84 ans, des suites d'une crise cardiaque dans sa résidence, du restaurant La Bohème, à Marrakech, au Maroc. Il est incinéré, ses cendres sont répandues sur le mont Blanc[12].
Vie privée
Jean Lefebvre se marie quatre fois (dont deux fois avec la même femme). Il épouse en premières noces à Paris 16e le , Micheline Reine Grasser (divorce prononcé le ) ; en deuxièmes noces à Neuilly-sur-Seine le , Catherine Chassin-Briault, dite Yori Bertin (divorce prononcé le ) ; en troisièmes noces à Paris 16e le , il se remarie avec sa deuxième épouse dont il divorce le . Enfin, il épouse, à Las Vegas le , Brigitte Jacqueline Françoise Lerebours. Il est le père de cinq enfants : Bernard, Catherine, Marie-Christine, Carole et Pascal.
1957 : Nous autres à Champignol, de Jean Bastia - Un soldat romain, un roi Mérovingien, Henri III, un mousquetaire, le zouave du pont de l'Alma, un homme en exode
↑ a et bTélé 7 Jours no 1233, semaine du 14 au , page 39, article de Lise Genet intitulé : « Jean Lefebvre : Jouer un drame ? C'est mon rêve ».
↑L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, , Jean Lefebvre : "Je devais être pharmacien, mais j'avais une vocation de comédien. Mais j'ai un frère aux Arts et Métiers, un autre à Centrale. Si je montais sur les planches, j'allais passer pour un dégénéré. En revanche, l'Opéra paraissant un métier plus noble, on voulait bien l'admettre. J'ai commencé par le Conservatoire de Valenciennes, puis de Lille, avant de gagner Paris et de dévier légèrement."
↑L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, : « Au lieu de la grande scène de l'Opéra, on m'a retrouvé sur la petite scène de l'Amiral, aux côtés de ces joyeux farfelus qui se nommaient Jean Richard, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Darry Cowl » Ensuite, vint pour Lefebvre un épisode branquignolesque et américain. Engagé par Robert Dhéry pour jouer « La plume de ma tante » il partit aux États-Unis et prisonnier du succès, il y resta deux ans.
↑L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, : « Jean Lefebvre devait bien un jour percer l'écran. C'est chose faite depuis Ne nous fâchons pas », interview de Jean Lefebvre : « Je passe la moitié de mon temps à lire des sujets. Depuis trois mois les producteurs me relancent au téléphone. On m'envoie des romans, on me propose des rôles de vedette, alors que l'on me limitait aux personnages pittoresques et secondaires. J'ai peine à y croire. »
↑Télé 7 Jours no 1081, semaine du 14 au , pages 54 et 55, article de Carole Sandrel : « Trente paires de gifles ont fait de Jean Lefebvre une vedette ».
↑Télé 7 Jours no 1233, semaine du 14 au , page 39 : « — Jean, avez-vous vu Coluche dans le film Tchao Pantin ? Quel virage pour un burlesque. — Ça fait vingt ans que le cinéma me fait jouer des idioties. Ah, si on me proposait un rôle fort, une histoire dramatique... Je n'attends que ça ! »