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Jean Cottereau naît dans une maison de bûcheron-sabotier de la forêt de Concise dans la Mayenne. Fils de Pierre Cottereau dit Chouan, et de Jeanne Moyné, son épouse, il naît le , en la paroisse de Saint-Berthevin, près de Laval.
Il n'est pas que des légendes favorables à Jean Cottereau. L'une d'elles, dont nous ne connaissons pas la source, raconte qu'avant 1780, il est surpris à Olivet, près de Saint-Ouën-des-Toits où la famille s'est installée, en compagnie d'autres garçons et de son frère René, à boire de l'alcool frauduleux. Ils frappent très violemment deux employés aux aides[2][réf. incomplète]. Un chirurgien déclare que l'un d'eux est alors intransportable. Les frères Cottereau et leurs complices sont condamnés à payer les médicaments et les aliments nécessaires au blessé[3].
Du côté de la mère de Jean Chouan (Jeanne Moyné), on trouve un Pierre Anjuère, prêtre curé de Saint-Pierre-la-Cour, ainsi qu'un Nicolas Moyné, prêtre curé de La Croixille, lequel avait de nombreuses terres sur sa paroisse et celle de Bourgon, dont certaines étaient louées à Julien Pinçon et Pierre Huet, chouans notoires.
La condamnation à mort
En 1780, âgé de 23 ans, Jean Cottereau est poursuivi pour avoir d’abord rossé un nommé Marchais qu’il soupçonnait de l’avoir vendu aux gabelous, puis pour avoir, avec son ami Jean Croissant, tué à coups de ferte[4] un agent de la gabelle, Olivier Jagu, dans une auberge de Saint-Germain-le-Fouilloux.
Condamné à mort par contumace, son exécution en effigie a lieu en même temps que celle de Jean Croissant[5] le . Il disparaît à cette époque, peut-être engagé au régiment de Turenne en garnison à Lille[6] sous un faux nom. Il n'était pas resté dans le pays. D'autres sources indiquent que sa mère alla demander sa grâce au roi[7],[8]. En tout état de cause, la procédure engagée contre lui en 1780 est reprise en 1785. Il y a toute apparence, si l'on rapproche les souvenirs de René, frère seul survivant de la famille[9], de cette absence prolongée, que le contrebandier s'était enrôlé dans quelque garnison lointaine.
La prison
Jean Cottereau est arrêté le aux Mesliers, au Bourgneuf-la-Forêt. Interrogé, il nie toute participation au meurtre du gabelou. Il paraît devant le juge criminel, nie comme avait nié Jean Croissant, mais plus heureux que lui, n'est pas chargé par les témoins dont certains sont morts, d'autres indécis, d'autres excusés. Le procureur René Enjubault de la Roche ne peut donc requérir, le , qu'un plus ample informé qui fait maintenir le prévenu un an en prison[10].
Libéré le , il est transféré aussitôt au dépôt de mendicité de Rennes, par lettre de cachet en date du , sur l'avis de l'intendant de Tours, et il y séjourne 3 ans[11]. À sa sortie, il s'engage comme domestique chez Marie Le Bourdais, fille de notaire et veuve d'Alexis Ollivier, une cousine demeurant à la Besnerie, paroisse d'Olivet. Son fils, l'abbé Alexis Ollivier[12], protecteur de Jean Chouan, était propriétaire de plusieurs métairies sur Olivet et le Genest.
La Révolution française
Le mécontentement
La Révolution française éclate. Elle supprime le les gabelles, ce qui réduit à la misère plus de 2 000 familles qui ne vivaient que du commerce frauduleux du sel. Ces contrebandiers, dont fait partie la famille de Jean Chouan, se rangèrent alors naturellement parmi les ennemis de la République[13].
D'autre part, les prêtres propriétaires fonciers sont arrachés à leurs paroisses et remplacés par des prêtres sans biens ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé, dès le début de l'année 1791[14]. Mais, surtout, les possessions du clergé, biens de première origine, sont mises en vente pour tenter de remplir les caisses du Trésor royal totalement vides[15]. Le roi est emprisonné. Les mécontentements se manifestent.
Jean Chouan qui, avec ses trois frères, s'était fait remarquer par son courage et par sa haine contre le parti républicain, fut choisi pour chef par la première bande réunie dans la forêt du Pertre, donnant ainsi son nom à la guerre et aux soldats[13].
Début des troubles
Les troubles commencèrent bien avant le tirage au sort d'août 1792. Ainsi, les sœurs de Jean Chouan s'en prirent, avec d'autres femmes, au curé Nicolas Pottier, prêtre assermenté de Saint-Ouën-des-Toits, donc déclaré intrus. Elles menacèrent de le faire rôtir ou de le noyer dans l'étang. Une des deux sœurs est emprisonnée avec d'autres pendant un mois.
En septembre 1791, le maire de Bourgon, acquéreur de biens nationaux, vit le tas de fagots appuyé à sa maison incendié par des inconnus. Le jour de la Saint-Pierre1792, en pleine assemblée paroissiale, des esprits échauffés par la boisson s'en prirent à nouveau au maire de Bourgon dont ils saccagèrent la maison. Jean Chouan et les Frères Pinçon - tous connus sous le nom de bande des oiseaux - s'installèrent dans le cabaret de François Fortin et supervisèrent les opérations, menées par François Blanchet et Gilles Bertier. Selon les témoignages de l'époque, la troupe de Jean Chouan ne comptait ce jour-là que 15 hommes. Lorsqu'il rejoignit le prince de Talmont à Laval, il lui avoua que son renfort ne comptait que 17 hommes, lui et son frère François compris. Le colonel de Pontbriand, dans ses Mémoires, ne lui en reconnaît que de 20 à 40.
Le marquis de la Rouërie
Le marquis de la Rouërie organisait en Bretagne la conjuration qui a donné naissance à la chouannerie bretonne, nommée ainsi par extension[16]. Quand le marquis vint chez son cousin de Farcy à Launay-Villiers, où il passa trois mois (mai, juin et juillet 1792), il trouva dans les cantons limitrophes de la Bretagne les esprits préparés pour l'action. En avril 1792, Jean Chouan aurait été aperçu à Bourgon dans une manifestation en faveur des prêtres réfractaires.
Aucun document ne rapporte que Jean Cottereau rencontrât le marquis, chef des membres éminents de l'Association bretonne, ni le prince de Talmont. Pourtant, si l'on convient que le marquis de la Rouërie a demeuré pendant trois mois à Launay-Villiers, on imagine que la faible distance entre ce château et Le Bourgneuf, soit quatre kilomètres, aurait pu favoriser une quelconque entrevue.
Personnage très indépendant qui demeurera le seul chef de la chouannerie mayennaise, il ne reçut aucun grand commandement, lui, ce franc-tireur, spécialiste en embuscades en pays de bocage, éloigné de la stratégie militaire des batailles rangées.
La chouannerie trouve sa source dans le soulèvement le jour de la levée en masse et du tirage au sort du . Rien n'avait été prémédité ni commandité. Sur l'ensemble du territoire mayennais, à la lisière de la Bretagne[17], ce fut un concert de protestations populaires, à l'instar du cri de colère poussé par Cottereau dans l'église de Saint-Ouën-des-Toits[18], où[19] il ameute les paysans lors d’une tentative d’enrôlement de volontaires, bouscule les gendarmes et constitue une bande[20].
Le soir du , des gardes nationaux de la Baconnière et d'Andouillé tombent dans une embuscade tendue par Jean Cottereau.
Depuis cet épisode, les insurgés sont des Chouans ; leurs combats avec les escortes, avec les postes républicains, avec les gardes nationaux d'Andouillé, de la Baconnière, avec les forgerons de Port-Brillet se renouvellent par intervalles. Entre-temps, Jean Cottereau part se cacher en Bretagne, près de Saint-M'Hervé, pour établir la liaison avec les émigrés et s'aboucher avec les autres chefs reconnus.
Rôle militaire
Il joue un rôle actif dans la contre-révolution, favorise l’émigration. Sa tête étant mise à prix, il tente en vain, en mars 1793, de gagner l’Angleterre. Il semblerait qu'il se rendit à Granville pour quitter la France. Mais une surveillance rigoureuse avait été mise en place et il ne trouva ni barque ni pêcheur. À partir du mois d'avril, Jean Chouan et sa bande sont l'objet journalier des préoccupations du Directoire. La garde nationale de La Brûlatte est pendant deux jours à la recherche du nommé Cottereau dit Chouan, et travaille à dissiper les attroupements qui se sont formés à Saint-Ouën.
Il est reconnu par l'administration avec son frère comme le chef de la coalition[21]. Le , les frères Chouans s'emparent d'une vingtaine de fusils entreposés dans la mairie du Genest.
« Caché dans le bois de Misedon, à une trentaine de km à l'est de Vitré et à 15 km à l'ouest de Laval, [Jean Chouan] est à la tête d'une petite bande d'une trentaine de paysans, auxquels s'ajoute, après mars 1793, un nombre plus élevé d'insoumis, et c'est environ 500 hommes qui rejoignent les Vendéens lors de la Virée de Galerne en octobre 1793[22]. »
Prévenu des attroupements du Bourgneuf, de La Gravelle, de Saint-Ouën, et surtout de Bourgon, le Directoire décrète aussitôt l'arrestation des Cottereaux, dit Chouans, de leur mère, de la veuve Alexis Ollivier, leur tante, du nommé Salmon, soupçonné de leur donner refuge. Il fait arrêter également des gens de la maison de Fresnay, soupçonnée de leur fournir également des choses qui leur sont nécessaires. Le directoire du département estime que le principal chef de ces rassemblements se nomme Pontavice et est de la ville de Fougères et décide de prévenir le district de Fougères et de faire arrêter ou de faire surveiller exactement le nommé Pontavice.[23]. Le , une expédition contre les Chouans les manque près de La Gravelle. Jean Chouan et ses compagnons se réfugient dans le bois des Effretais.
L'administration départementale, totalement paniquée, fait arrêter des membres de la famille Cottereau et plusieurs de leurs amis. René Cottereau est effectivement arrêté avec Jeanne Bridier, sa femme mais on le relâche parce qu'il n'est coupable que d'être frère des Cottereau. Perrine, sa sœur, Guy Ollivier et Pierre Gauffre sont maintenus en prison, 1er juin. Salmon, copieusement pillé par les chouans, est également libéré et placé sous contrôle de Guerchais, commandant la garde nationale de La Gravelle.
Le , après avoir désarmé les patriotes du Bourgneuf, les Pinçon et Cottereau gagnèrent les landes de Saudre et de la Brossinière (ou Brécinière) et y interceptèrent huit soldats républicains qui rentraient de Nantes sur Ernée. Ils en tuèrent un, en blessèrent un autre et firent deux prisonniers.
On croit savoir qu'un des frères François Cottereau s'est blessé d'un coup de fusil et qu'il est caché au village de Saint-Roch à Changé ; on l'y cherche mais vainement, 10 juillet. Le même jour et avec le même succès on fouille des caves du château de Saint-Ouën où doivent être les armes des Chouans. Beurin, adjudant major du 31e bataillon de la réserve, cantonné dans le presbytère de Bourgon, est depuis plusieurs jours avec ses hommes à la poursuite de la bande Cottereau dit Chouan, 27 juillet. Guerchais, commandant de la garde nationale de La Gravelle fouille la lande d'Olivet, le bois de Misedon, la forêt du Pertre, Port-Brillet, etc.. qui étaient des repaires de la ligue des Cottereaux, . La garde nationale de Courbeveille est à la recherche des Cottereau dit Chouans, à Loiron, Montjean, etc., août, septembre. Il est difficile de croire que les chouans aient pu opérer sur une étendue aussi vaste, d'autant qu'on les retrouve également dans les communes situées entre Vitré et Fougères : il s'agit de la légende de Jacques Duchemin des Cepeaux.
La virée de Galerne
En octobre 1793, il rejoint l’armée des Vendéens à Laval[24]. Son intervention contribue efficacement à la victoire de cette armée à la bataille d'Entrammes[25].
Il se replie alors dans son bois de Misedon, où il continue la lutte sur un terrain qui lui est plus favorable que celui d’une bataille rangée. Jean Chouan mettait surtout beaucoup de zèle pour sauver les prêtres, et il a protégé la fuite d'un grand nombre ; il en a conduit plusieurs jusqu'à Granville pour leur faciliter les moyens de s'évader[27].
Il tente pour sauver le prince de Talmont, sur le chemin de Vitré à Laval, un coup de main qui avorte[28]. Mais le ravitaillement est difficile dans un pays sillonné par les troupes républicaines[29].
Insurrection royaliste
L'insurrection royaliste du Bas Maine commença vers le mois de , et forma six divisions, qui prirent le nom de leurs chefs ; mais la troupe, garda le nom générique de Chouans.
Décès
Les circonstances de son décès ont été évoquées de différentes manières[30],[31],[32],[33].
Alphonse de Beauchamp reproduisit le récit de Renouard, en l'ornant de quelques circonstances nouvelles[34].
Environ trente ans après les faits, dans ses Lettres sur l'origine de la Chouannerie, Jacques Duchemin des Cepeaux recueillit des détails auprès d'anciens chouans et donna de la mort de Jean Chouan un récit différent.
Texte de Jacques Duchemin des Cepeaux
« Le dimanche 27 juillet (1794), tous les habitants de Misedon, même la femme de René, sortirent du bois. On leur avait fait savoir que les Républicains avaient quitté leurs cantonnements depuis deux jours. Ils voulaient profiter de ce moment de sécurité pour changer de linge et de vêtements, chacun ayant en dépôt quelques effets dans les fermes du voisinage. La plupart étaient encore réunis, quand ils vinrent à passer près de la ferme de la Babinière. Le métayer, ayant reconnu de loin Jean Chouan, s'empressa d'aller au-devant de lui et l'invita à entrer dans sa maison pour y prendre quelques rafraîchissements. Celui-ci ne céda qu'avec peine à ses instances réitérées ; enfin il consentit à s'arrêter dans un verger proche de l'habitation du métayer, et l'on apporta là des cruches de cidre, indispensable accompagnement d'une réunion amicale de paysans manceaux. « Un homme de la bande avait été laissé en observation sur le chemin qui conduit à la métairie ; mais ainsi que cela arrivait presque toujours, il ne resta pas à son poste, et tandis que les Chouans, rangés en cercle, se passaient la cruche de main en main en causant gaiement avec leur hôte des nouvelles du pays, tout à coup la femme de René, qui se trouvait un peu à l'écart, se mit à crier : « Miséricorde, voilà les Patauds ! nous sommes perdus ! » C'était effectivement les Républicains de la forge de Port-Brillet. Leurs espions ayant vu Jean Chouan sortir du bois, avaient couru les avertir, et ils arrivaient sur ses traces. « A peine la femme eut-elle poussé son cri d'épouvante, que de tous côtés partent des coups de fusil, et les chouans, étourdis de cette attaque imprévue, s'enfuient précipitamment. Le chef seul pensa à résister, mais se voyant abandonné, il s'éloigna après avoir déchargé sa carabine sur un Républicain auquel il cassa la cuisse. René était parti un moment auparavant pour aller voir un de ses enfants, qu'il avait confié à une famille du voisinage. Sa femme voulut suivre la foule des fuyards ; elle arriva avec eux jusqu'au bout du verger ; mais empêchée qu'elle était par sa grossesse avancée, elle ne put franchir une haie épaisse que les autres venaient de traverser. — « A moi, Jean, s'écria-t-elle, à moi ! Je suis perdue si tu ne viens à moi ! » Jean Chouan était déjà à couvert du feu de l'ennemi, mais il a entendu l'appel de sa belle-sœur ; il revient, monte sur la haie, écarte les broussailles, donne la main à la pauvre femme et parvient à la faire passer saine et sauve au milieu d'une grêle de balles (La première édition portait que « la coeffe de la malheureuse femme restée accrochée aux épines fut un moment la sauvegarde des deux fugitifs, parce qu'elle devint le but où se dirigèrent tout d'abord les balles de l'ennemi ».). Ensuite, voyant qu'elle n'est pas encore hors de péril, il veut, pendant qu'elle s'éloigne, arrêter les plus acharnés à sa poursuite. Dans le pré où il se trouvait alors était une petite élévation près d'une fontaine. Il va s'y placer en rechargeant sa carabine. Sans doute il se mettait ainsi en évidence pour attirer l'attention de l'ennemi et laisser à sa sœur le temps de se sauver. Il ne réussit que trop dans son projet ; tous les coups se dirigent sur lui ; une balle le frappe, brise sa tabatière dans sa ceinture, et les éclats, lui entrant dans le corps, lui déchirent les entrailles. Jean Chouan se sent blessé grièvement; mais surmontant la douleur, il recueille ses forces, parvient à quitter la place, et une châtaigneraie voisine l'aide à se dérober à la vue des Républicains ; cependant cet effort a épuisé tout ce qui lui restait de vigueur. Déjà ce n'est plus qu'à grand'peine qu'il se soutient en s'appuyant sur sa carabine, et néanmoins il cherche encore à diriger ses pas vers le bois de Misedon, car il sait que les siens doivent y revenir, et jugeant sa blessure mortelle, il veut leur parler encore une fois. « Les Chouans, en effet, n'avaient pas tardé à rentrer dans le bois, qui est fort peu distant de la Babinière, et René, dès qu'il avait entendu la fusillade, s'y était également réfugié. Quand ils furent tous réunis, qu'ils ne virent point leur chef au milieu d'eux, lui qui durant le danger ne quittait jamais ses gens, ils commencèrent à s'inquiéter et partirent pour aller à sa recherche. René non moins ardent à se précipiter au secours des siens qu'à se livrer à ses emportements, eut bientôt pris l'avance sur les autres. Il arriva auprès de son frère au moment où celui-ci, déjà défaillant, n'avait plus même la force de parler. René en le soutenant sous les bras, essaya de le faire avancer quelques pas encore ; mais ce fut en vain, ses jambes ne le pouvaient plus porter. Ses camarades étant alors venus, on courut chercher un cheval dans le voisinage ; mais quand le blessé fut placé dessus, il lui fut impossible de rester dans cette position. Cependant la nuit approchait, et l'on voulait le tirer au plus tôt de cet endroit trop voisin de celui où l'on avait rencontré les Bleus. On imagina de se procurer un drap de lit sur lequel on le plaça, et quatre hommes l'emportèrent ainsi dans le bois de Misedon, non sans crainte de le voir, à chaque instant, expirer pendant le trajet. « On alla déposer Jean Chouan jusque dans le milieu du bois, à l'endroit appelé la Place Royale ; là chacun se dépouilla de ses habits pour lui faire une couche moins dure sur la terre ; puis son frère s'assit derrière lui, et s'appuyant contre un arbre, le soutint avec ses jambes et ses bras, pour qu'il restât à demi soulevé. C'était la seule position dans laquelle il ne se sentît pas suffoquer. « Lorsqu'il fut ainsi placé, le blessé éprouva quelque soulagement, et recouvra l'usage de la parole. Tout aussitôt il réclama l'assistance d'un prêtre qu'il nomma en indiquant le lieu où il espérait qu'on pourrait le trouver, et suivant son désir des hommes partirent en toute hâte pour le chercher. Cependant ceux qui restaient auprès de lui voulaient se livrer à l'espoir que sa blessure serait moins grave qu'on ne l'avait cru d'abord, mais il les désabusa. — « Je suis frappé à mort, je le sens bien, leur dit-il, et je n'en ai plus pour longtemps..... » « ..... Tous ne savent lui répondre que par leurs larmes ; il comprit ce langage et parut lui-même attendri, en voyant l'affliction de ceux qui l'entouraient. « ..... La nuit était venue sombre et pluvieuse. Dans le fond d'un bois, à la lueur vacillante d'un feu de broussailles, gisait par terre, étendu sur quelques vêtements jetés en désordre, un mourant dont un homme s'efforçait de tenir la tête soulevée ; autour de lui, une troupe de paysans, à demi dépouillés de leurs habits, mais gardant encore leurs armes, écoutaient avec un recueillement douloureux, les dernières paroles que leur adressait le moribond..... « Cottereau conserva assez de force toute la nuit pour s'occuper de ce que les Chouans de Misedon avaient à faire dans les conjonctures présentes. Il leur désigna Délière, qui commandait déjà les gens de Bourgneuf, comme celui qui paraissait le plus capable de les guider et continua ainsi longtemps de parler à ses compagnons d'armes. Tour à tour, il les exhortait à la résignation, leur donnait d'utiles avis, ou se recommandait à leurs prières ; et dans ce moment suprême, une éloquence nouvelle animait ses discours. Plusieurs fois il exprima le regret de ne pas voir arriver le prêtre qu'il avait demandé. On hésitait à lui apprendre qu'on ne l'avait pas trouvé dans son asile ordinaire ; mais quand il le sut, il demeura calme et résigné : — « Dieu me tiendra compte de mon intention, dit-il, il sait ma bonne volonté. » À l'approche du jour, il s'affaiblit visiblement, et bientôt il éprouva de la difficulté à parler. Alors il fit signe qu'on le laissât en repos. Il croisa ses mains sur sa poitrine et se mit à prier à voix basse. Il resta ainsi pendant plus de deux heures, continuant toujours de prier, ainsi que tous les assistants agenouillés près de lui ; enfin il parut sommeiller ; il rendait les derniers soupirs. « Il mourut le 28 juillet. Ce même jour, Robespierre était traîné à l'échafaud...... « Dès que les Chouans reconnurent que leur chef avait expiré, ils furent frappés de l'idée que si sa mort venait à être connue des Patriotes, ils voudraient à tout prix s'emparer de son corps, afin d'insulter à ses restes et d'en faire d'indignes trophées. L'appréhension de cet outrage fit qu'on se hâta de s'acquitter des tristes devoirs qui restaient à remplir. Un emplacement fut cherché dans le plus épais du bois, et avant de creuser la terre, le gazon, enlevé avec soin, fut mis de côté. On fit la fosse très profonde, puis le corps y étant déposé, on plaça dessus un chapelet afin de consacrer ainsi la tombe qu'un prêtre n'avait pu bénir et qu'une croix ne devait pas protéger. Alors on rejeta la terre peu à peu en la foulant à mesure, de crainte que plus tard, en s'abaissant, le sol ne fournit des indices aux Patriotes. Ensuite les gazons furent soigneusement replacés et arrosés, afin qu'il ne restât aucune trace de l'enterrement. Les malheureux Chouans mettaient toute leur sollicitude à cacher la sépulture de celui qui leur avait été si cher, par ce même sentiment de respect religieux qui d'ordinaire nous porte à indiquer par un monument, la place où reposent les amis que nous avons perdus. »
En juillet 1794, il est reconnu dans une métairie dite la Babinière, appartenant à la famille Ollivier et où résidait son frère René, marié en 1792; poursuivi, il attire sur lui le feu des républicains de la forge de Port-Brillet, pour permettre à sa belle-sœur, enceinte, de s’échapper. Jean Cottereau demeure à l'arrière-garde et reçoit une balle dans l'abdomen. Il réussit à se cacher et est transporté dans les fourrés où il meurt le . Sa tombe n’a pas été retrouvée[35]. Toutefois on ne retrouve pas la trace de l'enfant dont sa belle-sœur était enceinte. Le récit de Jacques Duchemin des Cepeaux souffre, dès sa première ligne, d'un manque de sens critique et d'analyse : René Cottereau était marié depuis deux ans à Jeanne Bridier et ils vivaient à la métairie de la Petite Babinière, qui n'est pas située en lisière du bois de Misedon. La course poursuite aurait donc été assez longue et cette erreur donne au récit un tour assez surréaliste.
Le , François Cottereau s'empare du bourg de La Baconnière, désarme la garde nationale, pénètre dans l'église et fait sonner l'Angelus : il meurt après s'être blessé avec son fusil, à moins qu'il n'ait été tué par les forgerons de Port-Brillet.
La gloire dont est entouré le personnage de Jean Chouan doit donc beaucoup à l'historiographie royaliste, et sa notoriété est finalement plus posthume qu'immédiate[47]. L'ouvrage de Duchemin des Cepeaux est souvent considéré comme une œuvre partisane : l'abbé Paulouin, qui publie peu après lui, fait grief à son prédécesseur de ne pas avoir interrogé l'ensemble des Chouans survivants, dans le but selon lui de faire passer au premier plan la chouannerie du Bas-Maine aux dépens des autres provinces (Paulouin ne se montre néanmoins pas plus impartial sur ce point)[48]. Une critique des vers que Victor Hugo lui consacre dans La Légende des siècles est d'ailleurs l'occasion pour Léon de La Sicotière de repréciser les exagérations reprochées à Duchemin, mais également de reconnaître la précision des éléments recueillis, malgré les défauts de leur présentation[49]. Dans sa critique de l'ouvrage de Victor Duchemin sur le sujet en 1889, Germain Lefèvre-Pontalis estime lui aussi que ce que l'on sait alors de Cottereau tient plus de la fable ou de la légende[50]. À l'époque contemporaine, Jean-Marc Ovasse de l'ITEM, dans son examen de Quatrevingt-treize de Hugo, précise que la vision de Duchemin des Cepeaux, déjà enjolivée, est dépassée par l'hagiographie du poète dans La Légende des siècles[51].
Un tableau représentant la dernière bataille, peint par Raoul Salaün est conservé dans les collections du musée de Parthenay.
Marche-à-Terre qui s'enrichit dans le commerce en 1816.
Jules Verne en fait un des personnages de son roman Le Comte de Chanteleine où il apparait dès le chapitre II puis sous le nom de Jean Chouan au chapitre XII[52].
Arthur de Gobineau, dans la Chronique rimée de Jean Chouan et de ses compagnons[53] a restitué un poème sur la mort de Jean Chouan.
Victor Hugo a donc publié dans La Légende des siècles[54], une pièce de vers sur la mort héroïque de Jean Chouan, frappé victime de son dévouement, en protégeant, au prix de sa vie, celle de sa belle-sœur poursuivie par les Bleus et qui, grosse et épuisée, allait tomber entre leurs mains.
Un jeune collégien, se prétendant « le seul descendant direct de Jean Chouan », s'avisa d'adresser à Victor Hugo une lettre de remerciement et d'adhésion politique ; de son côté, Victor Hugo lui en envoya une de congratulation sur sa conversion à la lumière. Toutes deux furent, naturellement, livrées à la publicité ; elles n'avaient été écrites qu'à cette fin[55].
Le même type de tentative de supercherie aura lieu sur le personnage de René Chouan, frère de Jean Chouan à la fin du XIXe siècle. À ce sujet, ses descendants, les dames Lelièvre et Courcelle, petites filles de René Chouan, avaient fait annoncer dans l'Indépendant de l'Ouest, en , que c'était à elles seules que devaient s'adresser les personnes désireuses d'obtenir des renseignements sur leur famille.
Une eau-forte de Tancrède Abraham[56] représente l’Arbre près duquel fut tué Jean Cottereau (dit le Chouan)[57]
Voir aussi
Jean Chouan n'a jamais eu derrière lui qu'un très petit nombre d'hommes dévoués, même aux jours de sa plus grande autorité[58].
Vue romanesque
« [...] Il y eut deux Vendées, la Grande qui faisait la guerre des forêts, la Petite qui faisait la guerre des buissons ; là est la nuance qui sépare Charette de Jean Chouan. La Petite Vendée était naïve, la Grande était corrompue ; la Petite valait mieux. Charette fut fait marquis, lieutenant général des armées du Roi et Grand-Croix de Saint-Louis ; Jean Chouan resta Jean Chouan. Charette confine au bandit, Jean Chouan au paladin ........ La Rochejaquelein n'est qu'Achille, Jean Chouan est Protée.. [...] »
« La proscription des princes, la religion détruite ne furent pour les Chouans que des prétextes de pillage, et les événements de cette lutte intestine contractèrent quelque chose de la sauvage âpreté qu'ont les mœurs en ces contrées. Quand de vrais défenseurs de la monarchie vinrent recruter des soldats parmi ces populations ignorantes et belliqueuses, ils essayèrent, mais en vain, de donner, sous le drapeau blanc, quelque grandeur à ces entreprises qui avaient rendu la chouannerie odieuse et les Chouans sont restés comme un mémorable exemple du danger de remuer les masses peu civilisées d'un pays (...) La religion ou plutôt le fétichisme de ces créatures ignorantes désarmaient le meurtre de ses remords. »
Jacques Duchemin des Cepeaux, Souvenirs de la chouannerie, 1855 ; Lettres sur l'origine de la chouannerie et sur les chouans du bas Maine, 2 vol. in-8° ;
Léon de La Sicotière, « La Mort de Jean Chouan et sa prétendue postérité », Revue historique et archéologique du Maine, Mamers et Le Mans, vol. 2, , p. 551-584 (lire en ligne). — Tiré à part : Mamers, G. Fleury et A. Dangin, 1877 ;
Ernest Laurain, Chouans et contre-chouans. Laval, Éditions des Arts Réunis, 1928 ;
Jean Drault, Jean Cottereau dit Jean Chouan. Spes. 1927 ;
Jean Drault, Les exploits de Jean Chouan, 350 p., Baudinière.
R.Duguet & J.Rochebonne, Jean Chouan, Bonne Presse, 252 p.,1928
La belle histoire de Jean Chouan. Bande dessinée. Série : Collection À la française no 3. Dessinateur : Pierre Rousseau. Scénariste : Job de Roincé. 1942.
Bibliographie moderne
Jean Chouan, héros de légende. de M.-C. Meaux. Éditions Fernand Lanore - 135 pages - 1977.
↑Son acte de naissance figure dans le registre paroissial de Saint-Berthevin (consultable en ligne sur le site des Archives Départementales de la Mayenne) B. (Baptême) Jean Cottereau. Aujourd’huy trente-un d’octobre mil sept cent cinquante-sept, a été baptisé par nous vicaire de cette parroisse soussigné Jean né du jour d’hier, fils issu du légitime mariage de Pierre Cottereau, sabottier, et de Jeanne Moyné son épouse. Ont été parrein Pierre L’Amy, cousin de l’enfant, et mareinne Marie Crouillebois, coussinne dudit enfant, laquelle a signé avec nous avec le père dudit enfant et autres présens à la cérémonie, et a ledit parrein déclaré ne sçavoir signer enquis. (Signatures : Marie Croulbois, P. Cottereau, J. Le Bourdais, M. Gallot prêtre)
↑Alors recueilli dans une auberge de Saint-Ouen-des-Toits.
↑La ferte, en patois du Maine, est un long bâton qui servait aux contrebandiers à sauter les haies du bocage, très présent dans la région. On retrouve ce terme dans l'onomastique locale : La Ferté-Bernard, La Ferté-Macé, etc.
↑"Et sera la présente sentence à l'encontre dudit Cottereau dit Chouan contumax exécutée par effigie en un tableau qui sera attachée à laditte potence par l'exécuteur de la haute justice" précise le jugement.
↑Jean Silve de Ventavon, « Jean Chouan et la Mayenne, les premiers ... », Historia Spécial n° 412 bis, , p. 12 et s.
↑... ce dont on peut douter, pourquoi ? - Jean Silve de Ventavon, « Jean Chouan et la Mayenne, les premiers ... », Historia Spécial n° 412 bis, , p. 12 et s.
↑Arrivée près du prince, elle oublia la leçon qu'on lui avait apprise, et demanda la vie pour son fils dans les termes que lui inspira sa tendresse. Le roi accorda la grâce...
↑Cet établissement accueillait des individus originaires de Bretagne, du Maine, de Normandie et même de Touraine. Les pensionnaires n'y étaient détenus toutefois qu'en vertu d'un jugement prévôtal ou sur ordre du roi. Jean Chouan est donc bien condamné à une peine privative de liberté, mais qui ne peut être purgée dans une prison ordinaire, seulement dans un établissement de réinsertion sociale. À La lecture de la liste des détenus en 1787, et après consultation des archives municipales de Rennes, on peut aller jusqu'à dire qu'il s'agissait d'un asile d'aliénés, dont certaines cellules étaient parfois réservées à des hôtes privilégiés qui eussent croupi en prison. En tout cas, ce placement renforce encore la thèse d'une intervention du roi
↑Né à Olivet en 1766, il est ordonné secrètement prêtre en 1791 par MgrFrançois-Gaspard de Jouffroy de Gonsans, il va à Olivet où il passe pour simple tonsuré. Il reste dans la paroisse après le départ des curés de la paroisse, et y exercer comme prêtre ainsi qu'au Genest. Au bout de quelques mois, découvert, il passe en Angleterre avec les derniers prêtres déportés. Nommé curé d'Olivet en 1803, il est démis par le gouvernement, trois ans plus tard, qui exige qu'il quitte sa cure. Il se retire à Laval, où il est prêtre habitué à Notre-Dame. En 1817, il redevient curé d'Olivet, et meurt en 1827.
↑De fait, les prêtres devenaient des fonctionnaires payés qui devaient consacrer la totalité de leur temps à leurs tâches sacerdotales, ce qui bouleversait totalement le mode de vie des ecclésiastiques habitués à vivre de leurs terres.
↑L'abbé Alexis Ollivier possédait plusieurs métairies, à Olivet et au Genest. Jean Chouan se retrouvait sans travail et son bienfaiteur oisif sans moyen de subsistance, les terres des ecclésiastiques étant généralement donnée à bail à colonat paritaire (métairies), soit à ferme, au plus offrant et dernier enchérisseur.
↑.Les Tuffin de la Rouërie étaient alliés avec la famille de Farcy, dont les deux frères habitaient l'un le château de Mué, à Parcé, l'autre le château de Launay-Villiers. M. de Mué avait encouragé un royaliste sûr de sa paroisse de Parcé, Jean-Louis Gavard à prendre les fonctions de maire. Il le mit plus tard en rapport avec le conspirateur, qui le chargea spécialement d'organiser la coalition sur la lisière de la Bretagne.
↑Ce qui a fait dire à bon nombre d'historiens réalistes que ce soulèvement était, à l'origine, d'ordre économique et non idéaliste. La Révolution, en supprimant la gabelle, privait les faux sonniers de la région d'un manque à gagner certain
↑Qu'on nous rende nos prêtres ; nous ne partirons point pour faire la guerre au roi et à la religion ; que les acquéreurs de biens nationaux aillent défendre le gouvernement.
↑Des gardes nationaux et des gendarmes de Laval vinrent pour engager les jeunes gens à s'enrôler. Ces émissaires se rassemblèrent dans l'église de Saint-Ouen ; un d'entre eux prit la parole et vanta la liberté dont jouissait la France, devant une foule de spectateurs accourus pour voir ce qui allait se passer. On écouta tant bien que mal ce discours sur la liberté ; mais quand l'orateur en vint à la péroraison, et qu'il parla d'engagement et de volontaires, on entendit murmurer de tous les côtés. Les gendarmes reçurent l'ordre d'arrêter les perturbateurs. Alors tout le monde se soulève, et le désordre est à son comble. Le tirage au sort devient impossible. Le Directoire du département délibère sur cette affaire le 19 août et le rapport note que, parmi les jeunes qui s'étaient présentés, plusieurs avaient dit audit commissaire (Tellot) qu'ils souhaitaient que les Français fussent battus et que les Autrichiens entrassent en France ; que bientôt ils viendroient enlever les prêtres et mettre Laval à la raison ; qu'après la lecture de la Loi et le détail des mesures pour son exécution, les bancs de l'église avaient été cassés à coups de bâtons et la vie du commissaire et de ses adjoints menacée ; que la paroisse de la Brûlatte avoit offert de fournir son contingent, pourvu qu'elle qu'il lui fut permis de se rendre chez elle, ne pouvant opérer en sûreté à Sant-Ouen ; que les habitants de laditte paroisse de la Brulatte avoient bientôt après été attaqués en s'en allant par plus de deux cents personnes à la tête desquelles étoient Cottereau dit Chouan et Morlière, tous les deux demeurant paroisse de Saint-Ouen, dans laquelle attaque le maire et le commandant de la garde nationale ont été dangereusement blessés ; que ledit Morlière était revenu peu de temps après armé de fusil et de pistolets et ayant sa chemise ensanglantée offrir ses services au Maire de Saint-Ouen;(…)les nommés Dupont, Tambour au Genêt, Cottereau dit Chouan, Morlière et Colombier dit la jeunesse, seront dénoncés à M.le juge de paix du canton de Saint-Ouen, pour être poursuivis sur les charges du procès-verbal du sieur Tellot fils du 15 du présent, dont copie lui sera remise, et que copie de la présente sera envoyée à laccusateur public du Département de la Mayenne et au Ministre de la justice.(Archives départementales de la Mayenne, L.504.) Menacé de poursuites, Jean Chouan, qui avait déjà goûté à la prison n'avait d'autres possibilités que se réfugier dans la fuite. Telle est l'origine de la chouannerie.
↑Jean Chouan, bien obligé de tirer au sort comme tous les hommes de 18 à 40 ans, risquait de devenir soldat. Formé depuis longtemps par Gavard, mis en relation avec La Rouërie, plus directement aussi sous leur influence immédiate, il était mieux préparé aux événements.
↑Il y a à leur tête, écrit le procureur syndic d'Ernée, le , deux hommes qui se nomment Cottereau, dit Chouan. Nous avons promis une récompense à qui les arrêtera, mais il faut y aller avec précaution car ces deux individus sont très braves et très déterminés. Si de votre côté vous pouviez vous en saisir, ce serait rendre à la chose public un vrai service
↑J. Duchemin des Scepeaux, "Souvenir de la Chouannerie", Laval, Paris, 1845
↑Le , il apprend du prêtre qui dit la messe au Genest que les Vendéens ont passé la Loire, et le 23, en conférence avec Puisaye et Boisguy dans la forêt du Pertre, il entend le canon qui tonne à Laval. Sans prendre désormais aucune précaution, il réunit ses hommes et marche sur la ville.
↑La bataille d'Entrammes: 26 octobre 1793 : première bataille de la Virée de Galerne de Pierre Gréau, 2007, 140 pages.
↑Ses hommes constituent un corps à part et ne reconnaissent que lui pour les conduire. Au Mans, la mère de Jean Cottereau est écrasée accidentellement par une charrette. Sa troupe est décimée.
↑Biographie universelle, ancienne et moderne, Volume 61, p. 54 de Joseph François Michaud et Louis Gabriel Michaud
↑Parce que personne n'a su lire la dépêche dans laquelle on l'avertit que l'itinéraire de l'escorte avait changé.
↑On ne trouve aucun détail dans les guerres des Vendéens et des Chouans par Savary, ni dans l'Histoire de la Révolution dans les départements de l'ancienne Bretagne, par A. du Chatellier, Paris, Desessart et Nantes, Mellinet, 1836, 6 volumes in-8.
↑Mais le numéro du Moniteur du contient une lettre du général de division provisoire Beaufort, au Président de la Convention nationale, datée de Vitré, le 14 pluviôse (2 février) et ainsi conçue : « Nous venons de découvrir un repaire de cinquante-deux brigands ; un de leurs chefs a été tué en se sauvant ; il se nommait François Chouan ; c'était de lui que cette horde infâme tirait son nom. Comme il se sauvait dans les broussailles, des volontaires de la Manche ont fait feu dessus, l'ont tué et ont apporté sa tête à la Gravelle ; les autres brigands sont livrés à la Commission militaire. » Nous ne savons si les volontaires de la Manche portèrent en effet à la Gravelle la tête d'un rebelle tombé sous leurs coups ; c'eût été une abomination, assez commune du reste à cette époque, que cette mutilation d'un cadavre ; mais il est certain que cette tête n'était ni celle de François Chouan, qui n'était pas le chef de son parti et dont les détails de la mort sont bien connus, ni celle de Jean qui ne mourut qu'au mois de juillet suivant. Ce récit doit avoir été complété par quelques autres publications du XIXe siècle. Ainsi, suivant les uns, les Chouans dont il s'agit auraient été rencontrés au milieu d'un champ de genêts, dans la commune de Launay-Villiers, près des bois des forges de Port-Brillet, et non dans la forêt du Pertre (Darmaing, Résumé de l'Histoire des guerres de la Vendée, Paris, Lecomte et Durey, 1826, in-18, p. 357) ; suivant d'autres, leur bande aurait été commandée par les frères Cottereau, et ce serait sur la route de Vitré à la Gravelle, en essayant de résister aux troupes de Beaufort, que Jean Chouan aurait été frappé (Patu Des Hauts Champs, Dix ans de guerre intestine, Paris, G. Laguionie, 1840, in-8, p. 278). Le même donne comme positive la date du 3 février (15 pluviôse an II) dont ne parlait pas la lettre de Beaufort, date même inconciliable avec cette lettre, qui est du 2. Nous verrons A. de Beauchamp ajouter quelques autres détails.
↑S'il fallait s'en rapporter à Pierre Renouard, ancien curé d'Izé, bibliothécaire du Mans, (Essai historique sur la province du Maine, t. 2, p. 270), un détachement cantonné dans le bourg de la Gravelle aurait surpris, dans une reconnaissance, une compagnie de cinquante-deux chouans, commandés par Jean Chouan en personne, qui fut tué dans cette affaire, ajoute Renouard ; la tête de ce trop fameux insurgé fut séparée de son corps, portée en triomphe à la Gravelle et exposée ensuite à un piquet sur la grande route de Laval à Vitré.
↑Pierre Larousse a bien soin d'écarter cet odieux détail. Il suit d'ailleurs le récit de Renouard, tout en fixant la mort de Jean Chouan au mois de juillet, c'est-à-dire en avouant qu’il a connu la version rectificative de ce récit. (Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle. V° Cottereau.)
↑« Le détachement cantonné à la Gravelle poussant une reconnaissance, surprit une cinquantaine d'insurgés armés, à la tête desquels marchait Jean Chouan, en personne. Les Républicains, plus nombreux, fondent sur les Royalistes qui se dispersent. Jean Chouan cherche aussi son salut dans la fuite, et serré de près dans les broussailles, il étend un tirailleur à ses pieds. À l'instant même, un grenadier du 6e bataillon de la Manche le met en joue et le frappe de deux balles. Jean Chouan tombe, et sa tête, bientôt séparée de son corps, portée en triomphe à la Gravelle, est exposée sur la grande route. » Histoire de la Guerre de la Vendée, t. III, p. 210, 4e édition, 1820.
↑Le dernier survivant, Jean Gahéry, n'a jamais voulu plus tard révéler l'endroit parce que tous les témoins s'étaient engagés à en garder le secret.
↑Convaincues, porte la sentence de la Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne, d'avoir servi d'espions à leurs frères, chefs des rassemblements de Brigands, de les avoir alimentés, et enfin d'avoir endossé la cuirasse et participé à leurs massacres (Jacques Duchemin des Cepeaux, p. 211, Théodore Perrin, Les martyrs du Maine, 1832, 2 volumes in-12, t.II p. 36., Dom Piolin, L'Église du Mans pendant la Révoltution, t.II.
« Condamnées à mort comme sœurs des Cottereau, dit Chouans, chefs de brigands, convaincues de leur avoir servi d'espions, de les avoir alimentés et approvisionnés, enfin d'avoir endossé la cuirasse et participé à leurs massacres. »
↑Berthre de Bourniseaux, dans son Histoire complète des Guerres de la Vendée, 1837, Paris, Brunot-Labbe, 3 vol. in-8°, reproduit le récit de Renouard (t. III, p. 135.) La première édition publiée sous le titre de Précis historique de la guerre civile de la Vendée, Paris, 1802, in-8, ne parlait pas de Jean Chouan. Patu Des Hauts Champs, p. 278, reproduit aussi ce récit. Darmaing, p. 357, fait de François, et non de Jean, la victime de l'affaire de Pluviôse.
↑Histoire de la Vendée militaire, t. III, p. 168, 2e édition, 1843. Crétineau Joly ajoute ce détail, que les Chouans seraient revenus à la charge, auraient dispersé les Bleus et enlevé du champ de bataille le corps de leur chef.
↑Histoire des Guerres de l'Ouest, t. III, p. 281, 1848. — Le Bon Messager pour 1847. — Biographie Hoëfer.
↑Histoire complète de la province du Maine, t. II, p. 393. M. Lepelletier reproduit l'addition de Crétineau Joly.
↑Album Vendéen, Angers, 2 vol. in-fol., 1854-1856 ; t. I. p, 90.
↑Les Guerres de la Vendée et de la Bretagne, 1790-1802 ; 2e édition, Paris, Sagnier et Bray, 1853, in-12.
↑La Chouannerie du Maine et pays adjacents, 1875, t. II, p. 240. L'abbé Paulouin, tout en critiquant amèrement l'ouvrage de Jacques Duchemin des Cepeaux, et en contestant à Jean Cottereau l'importance et la priorité de son rôle dans l'insurrection de la Chouannerie, suit la version donnée par son devancier. Il fait la part belle à Louis Courtillé dit Saint-Paul. En outre, il supprime le trait héroïque de ce vaillant homme attirant sur lui les coups pour protéger la fuite de sa belle-sœur, et c'est au passage de la haie qu'il le fait tomber. Il place aussi sa mort au 18 juillet au lieu du 28 : erreur typographique probablement.
↑V° Chouan. L'article est de M. Badiche qui déclare en avoir recueilli les éléments sur les lieux mêmes, notamment les détails de la mort de Jean qu'il donne entièrement conformes à la version de Descépeaux. Il a été reproduit dans la seconde édition de la Biographie.
↑Jean-Noël Azé, « Gloire et déboires des chefs chouans mayennais au XIXe siècle », Annales historiques de la Révolution française, no 341, , p. 111-133 (lire en ligne)
↑Jean-Noël Azé, « La chouannerie du Maine et pays adjacents. 1793-1799-1815-1832. Avec la biographie de plus de 120 officiers », Annales historiques de la Révolution française, no 347, , p. 205-206 (lire en ligne)
↑Léon de La Sicotière, « La mort de Jean Chouan et sa prétendue postérité », Revue historique et archéologique du Maine, (lire en ligne)
↑Germain Lefèvre-Pontalis, « Les premiers troubles de la Révolution dans la Mayenne. Étude sur l'état des esprits dans les différentes régions de ce département depuis le commencement de 1789 jusqu'à la fin d'août 1792, par Victor Duchemin », Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 50, , p. 121-124 (lire en ligne)
↑« « À travers le bocage… » : Victor Hugo poète et romancier de la Vendée et de la Chouannerie », dans Caroline Julliot et Franck Laurent, Actes de la Journée d’Etudes organisée par l’UFR LLSH de l’Université du Maine et le Laboratoire Langues, Littératures, Linguistique des Universités d’Angers et du Maine, , doc (lire en ligne)
↑Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E, éditions Paganel, 2019, p. 219-220
↑1877, t. II, p. 233. Ces vers furent publiés en feuilleton, avant la mise en vente du volume, dans le Temps du .
↑Les journaux radicaux se pâmèrent d'admiration. Les feuilles royalistes flairèrent la supercherie, sans la démasquer complètement. C'en était une, en effet, ou si l'on veut une gaminerie, une mystification indécente à l'endroit du grand poète, une usurpation effrontée vis-à-vis de la famille de Jean Cottereau dit Chouan. L'étourdi qui se permettait ce procédé, ou à qui on l'avait soufflé, et qui ne savait même pas son âge, — il se donnait quinze ans, quand il n'en avait que treize et demi ! — ni son nom véritable — il prenait le nom de Georges CHOUAN DE COTTEREAU, au lieu de celui de Georges-Auguste CHOUAN que lui donne son acte de naissance, — n'était ni le fils, ni le petit-fils, ni l'arrière-petit-fils, ni le neveu, ni le petit-neveu, ni l'arrière-petit-neveu, ni même, selon toute apparence, le parent à un degré quelconque, du fameux Jean Chouan. Les journaux qui l'avaient poussé ou soutenu dans cette triste campagne avaient été les instigateurs ou les dupes d'une fraude si grossière qu'elle devait frapper tous les yeux. Il fut facile pour Léon de la Sicotière de le démontrer par la production d'actes de l'état civil et de pièces authentiques qui étaient à leur disposition.
↑Cet arbre, chêne ou châtaignier, est placé sur une éminence, au pied de laquelle coule un ruisseau. Il se ramifie, à une petite hauteur, en grosses branches qui s'étendent horizontalement de tous les côtés. Toutefois, Tancrède Abraham a indiqué que cette gravure avait été exécutée d'après un croquis d'origine assez incertaine, et en dehors de toute étude personnelle des localités.
↑Billard de Veaux, dans ses Mémoires d'un ancien chef Vendéen (Paris, 1832, 3 vol. in-8o), prétend tenir de Jean Chouan lui-même qu'il n'aurait jamais eu que dix-sept hommes avec lui : affidés et toujours sous sa main, le fait est possible ; mais il en réunit souvent bien davantage. Jacques Duchemin des Cepeaux donne le chiffre, peut-être un peu grossi, de ceux qu'il commandait en diverses rencontres.
↑On y voit que ce chef d'une nouvelle croisade portait au revers de son habit une croix et un Sacré-Cœur. Un chapelet et une médaille sont suspendus à la boutonnière de son gilet. Il devait faire partie de la collection des chefs vendéens dont les portraits auraient été tirés en pied. Douze seulement ont paru : les événements de juillet 1830 ont arrêté cette entreprise.
↑Journaliste, Émile Souvestre fit une enquête auprès des survivants.
↑À partir d'un travail de compilation de 88 ouvrages, sans aucun respect pour les archives, l'auteur a écrit une histoire de la chouannerie très romancée. Histoire générale, car l'auteur intègre les chouanneries mayennaise, normande et bretonne et elle associe le soulèvement vendéen. Original, car à partir de ces inventions historiques, elle fait vivre les personnages en mettant en scène certains moments de leur vie. En fin de livre, 2 index (16 pages de noms propres et 9 pages de noms de lieu) et quelques illustrations dont un portrait-robot de Jean Chouan, réalisé récemment et sans tenir compte des caractéristiques physiques contenues dans les archives !