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En 2016, un concile, inauguré par le grand imam de l'Azhar, Ahmed el-Tayeb, rassemblant 200 personnalités sunnites du monde entier, s'est réuni dans le but de définir l’identité de ceux qui se font connaître comme « les gens du sunnisme » par opposition aux différents groupes considérés égarés. À l'issue de leurs travaux, les dignitaires sunnites sont convenus qu'au niveau du droit, les hanifites sont bien des gens du sunnisme[4],[5].
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L'école juridique hanafite est formée sous l'Empire des Abbassides et se développe à partir de la Turquie. C'est le système juridique de l'Empire Ottoman. C'est le rite officiel de l'empire abbasside[10],[11]. À l'époque de la régence d'Alger (XVIe siècle – 1830), il y avait à Alger un mufti malikite, mais aussi un mufti hanafite, qui bénéficiait de l'appui des autorités turques[12]. Le hanéfisme s'est répandu en Perse, en particulier dans la province du Khorasan[13].
L'œuvre d'Abū Hanifa étant en grande partie perdue, sa doctrine nous est connue principalement par le biais de son disciple ach-Chaybānī (m. 805), auteur en particulier de Zāhir ar-riwaya « Le meilleur de la tradition »)[10].
Doctrine
Sources et méthodologie
Les sources sont, par ordre d'importance :
Le Coran : c'est la source première et les sources suivantes sont vues sous l'angle de celle-ci. Elles ne peuvent contredire le livre saint de l'islam.
La sunna : le hadith pris en compte doit non seulement être authentique (sahîh) mais aussi être très répandu (mash'hour). Cette disposition sert à se protéger des hadiths faussement attribués à Muhammad, qui furent très présents là où peu de compagnon de Mahomet (sahaba) importants s'établirent, tels que Ali ou Ibn Mas'ud.
Le consensus (Ijma') des compagnons : l'opinion unanime des sahaba sur un point donné non mentionné dans une source précédente prend le dessus sur toute opinion personnelle de tout juriste. Ce madhhab reconnaît aussi le consensus des savants musulmans comme valide en tout temps, fondé sur le hadith connu que la oumma ne se mettra jamais d'accord sur une erreur[14]. Ahmad rapporte un autre hadith qui fonde la légitimité du consensus : « J'ai demandé à Dieu de ne pas laisser ma communauté s'accorder sur une erreur, et Il m'a accordé cela »[15].
L'opinion individuelle d'un compagnon : si des sahabas diffèrent sur un point, on se réfère à l'opinion qui convient le plus pour émettre la fatwa.
Le Qiyas ou le raisonnement par analogie : dans les domaines où il n'y avait aucune preuve claire disponible, l'imam Abou Hanifa considérait son raisonnement égal à l'opinion d'un tabi'i, raisonnement fondé sur le qiyas que lui et ses élèves avaient établi.
L'Istihsân (la préférence) : c'est en substance la préférence donnée à une preuve sur une autre car elle apparaît plus conforme à la situation, même si elle est en apparence moins pertinente qu'une autre. Ceci peut concerner le fait de donner préférence à un hadith spécifique sur un hadith général.
La coutume locale ('Urf) : les coutumes locales entrent en jeu quand il n'y a pas d'injonctions religieuses disponibles. C'est ce principe qui est à l'origine de l'inclusion de certaines pratiques culturelles vues comme religieuses par un observateur extérieur.
Aussi appelée école de la libre opinion ou « rationaliste » (ashâb al-râ'y, par opposition aux traditionalistes, ashâb al-hadîth[16]), c'est la plus libérale des quatre écoles dans le sens où elle a recours à l'analogie (qiyas) pour déduire des règles non explicitées dans les sources premières et de son habitude à discuter des problèmes hypothétiques de fiqh (résoudre un problème avant qu'il ne se pose). Ce rite a été « manifestement influencé par les règles du droit romain de la tutelle et de la curatelle » [17]. Le hanéfisme peut être vu comme plus libéral aussi dans la mesure où il considère que Dieu ne peut pas imposer l'impossible : un commandement divin ne peut être au-dessus des forces du croyant[18].
C'est ainsi que les légistes de l'école hanafite ne récusent pas le talion entre Musulmans et dhimmis, alors que les autres écoles posent que le délit du sang ne peut être infligé au Musulman si sa victime est un esclave, un Juif ou un Chrétien. Arguant de l'infériorité des dhimmis, les autres écoles exigent « que le coupable ne soit pas d'une position sociale supérieure à celle de la victime ; c'est pourquoi le Musulman ne saurait être mis à mort pour avoir tué un infidèle, même si l'infidèle est le sujet [dhimmi] d'un prince musulman » (Nawawi)[19].
On prête à tort à cette école un éloignement à la science du hadith du fait qu'Abu Hanifah serait incompétent dans ce domaine, or son statut dans la science du hadith est soutenu par de nombreux spécialistes[20],[21].
Liste d’ouvrages de jurisprudence (fiqh) hanafites (liste non exhaustive)
Sharhu al Jami al Kabir
Al Jami as Sagir
Sharh az Ziyadat, Vol.II
Al Asar
Al Hujjat as Sagirah
Ash Sharhu ala Adab al Qadi
At Taudih
Mukhtasar al Quduri
Ash Sharhu ala Mukhtasar al Quduri
As Siraj al Wahhaj
Al Jawharat an Naiyerah
Tuhfat al Fuqaha
Ar Risalat fi Bayani Mahiyat as Salat
Al Fatawa al Kubra
Al Fatawa as Sugra
Al Manzumat fi al Khilafiyat
Aun ad Dirayah
Al Haqaiq al Manzumah
Multaqa al Bihar
Majma la Bahrain wa Multaqa an Naiyarain
Kitab al Khulasah
Khizanat al Akmal, Vol.I
Wasit al Muhit
Wajiz al Muhit, Pt.II
Mafatih al Janan
Asrar al Ahkam
Siyasat ad Dunya wa ad Din
Fatwa Qadi Khan
Al Hawi al Qudsi
Ad Diya al Manawi
Al Hidayah
An Nihayah
Gayat al Bayan
Al Kifayah
Al Inayah, Vol.III, IV
Fath al Qadir
At Taliqatu ala al Hidayah
Nasb ar Rayah, Vol.II
Ad Dirayah fi Takhrij Ahadis al Hidayah
Siraj az Zalam wa Badr at Tamam
Wiqayat ar Riwayah fi Masail al Hidayah
Sharh al Wiqayah
Al Hashiyatu ala Sharh al Wiqayah
Al Fawaid al Arifiyah
Hidayat al Fiqh
Mukhtasar al Wiqayah
Sharhu Mukhtasar al Wiqayah
Sharh Mukhtasar al Wiqayah
Jami ar Rumuz
Mukhtarar Majmu an Nawazil
Al Fatawa as Sirajiyah
Dakhirat al Fatwa
Al Fatawa az Zahiriyah
Fusul al Ustrushani
Sunwan al Qada wa Unwan al Ifta
Al Mukhtar fi al Furu al Hanafiyah
Fusul al Ihkam fi Usul al Ahkam
Munyat al Musalli
Hulyat al Muhalli
Mukhtasaru Gunyat al Mutamalli
Liste d’ouvrages de principes de jurisprudence (Usool al-fiqh) hanafites (liste non exhaustive)
Usul al Bazdawi
Kashf al Asrar
Ash Sharhu ala Usul Bazdawi
Al Muntakhab fi al Usul
At Tahqiq
Sharh al Mugni
Usul ash Shashi
Manar al Anwar
Sharh al Manar
Dair al Wasul Ila Ilm al Usul
Ash Sharhu la Usul al Manar
Ifdat al Anwar ala Sharh al Manar
Nasamat al Ashar ala Sharh al Manar
Nur al Anwar
Tanqih al Usul
Taudih fi Halli Gawamind at Tanqih
At Talwih ila Kashfi Gawamind at Tanqih
Al Hashiyatu ala at Talwih
Al Mi"at al Mubammadiyah
Taisir at Tahrir
Muyassir al Wusul Ila Lubb al Usul
Ar Risalatu fi Usul al Fiqh
Ar Risalatu fi Usul al Itihad
Musallam as Subut
Al Fawaid al Uzama
Fawatih ar Rahmut
Khazain ash Shuruh
Al Insaf fi Bayan-i-Sabab al Ikhtilaf
Iqd al Jid fi Ahkam al Ijtihad wa at Taqlid
À l’inverse, d’autres savants critiquent la méthode d'Abu Hanifa, à l'instar de l'Imam Bukhari (auteur du Jâmi'ul Sahih) qui critique en de nombreuses occurrences abu Hanifa pour s'éloigner des hadiths au profit de son raisonnement propre, ce qui vaudra plusieurs siècles après le savant chaféiste spécialiste du hadith des débats savants houleux entre ibn Hajar al-Asqalani et Badruddine Ayni[22]. Selon eux, le rite hanafite est celui qui se marginalise le plus dans ses différentes approches ; cela associé au manque des détails des raisonnements des ijtihadat (cas de jurisprudence) de ces derniers a conduit les hanafistes plus tardifs à conclure qu'Abu Hanifa adoptait des principes fondamentalement différents dans l'usage des hadiths, dont voici deux des hypothèses savantes des plus parlantes :
Un hukm khâs (cas particulier) ne peut pas abroger un hukm 'âmm (règle en général).
Un Khabar ahad (hadith isolé) ne peut pas contrevenir à un hukm qiyasi (opinion déduite à partir du Coran ou d'un hadith mutawatir soit un hadith parvenu par plus de 10 voies de transmission orale ininterrompues et strictement distinctes de la compilation de ce hadith jusqu'au Prophète)[23].
Du fait que le quatrième calife, 'Ali, transféra la capitale du califat à Koufa et que de nombreux sahaba (compagnons) s'y installèrent, l'on trouve beaucoup de hadiths transmis par ces derniers si bien que cette école allait être appelée l'« école de Koufa » ou bien l'« école d'Irak ».
Ainsi Ali ibn Abi Talib et Abdullah ibn Mas'ud sont les compagnons auxquels les hanafites se réfèrent le plus, de même que les gens de la maison (Ahl al-Bayt) avec qui Abu Hanifa put étudier comme Muhammad al-Baqir, Ja'far al-Sadiq, ou Zayd ibn 'Ali.
L'école hanafite a des dispositions spécifiques en ce qui concerne le mariage, par exemple :
en ce qui concerne la dot dans le cadre du mariage par compensation, shigâr[24]
ainsi que pour ce qui concerne l'obligation d'entretien du foyer par le mari, ou nafaka: contrairement aux autres écoles, les hanafites écartent la possibilité pour l'épouse de réclamer le divorce en cas de non-respect de la nafaka ; toutefois, les codifications contemporaines des pays hanafites ont écarté cette règle, adoptant la règle générale autorisant la femme à requérir le divorce dans ce cas[25].
De plus, les hanafites considèrent que les femmes chrétiennes et juives mariées à des musulmans ne peuvent être soumises au li'ân, le serment d'anathème qui permet d'établir l'adultère de la femme. Pour celles-ci, l'adultère doit être prouvé par les déclarations de quatre témoins mâles, les hanafites s'appuyant ici sur le Coran (IV, 5)[26].
Le hanafisme est un peu plus indulgent que les autres maḏâhib dans la mesure où, en cas de récidives, le voleur ne peut pas subir plus de deux amputations[10].
Mouhammad Al-Shaybânî (m. 189 AH), deuxième élève d'Abou Hanifa, il a notamment écrit d'importants traités sur le droit de la guerre, le droit des traités ou le droit des étrangers, 800 ans avant Grotius
Borhan al-Din al-Marghinani(en) (m. 593 AH), auteur de la Hidāya un vaste commentaire juridique compilé en arabe dans la vallée de Ferghana et qui constitue l'un des recueils les plus importants et les plus commentés de la jurisprudence hanafite.
Le Hanafisme est présent en Tunisie, notamment parmi les descendants d'ottomans, l'Université Zitouna, à l'origine dévolue au malékisme, devient aussi un centre d'enseignement hanéfite dès le XVIe siècle ; Hussein Baroudi, les familles Bayram, Belkhodja, etc.
Contemporains (à partir du XIIIe siècle de l'Hégire)
« He stated: “Ahluls Sunna wal Jama’ah are the Ash'arites or Muturidis (adherents of Abu Mansur al-Maturidi's systematic theology which is also identical to Imam Abu Hasan al-Ash'ari’s school of logical thought). In matters of belief, they are followers of any of the four schools of thought (Hanafi, Shaf’ai, Maliki or Hanbali) and are also the followers of pure Sufism in doctrines, manners and [spiritual] purification. »
↑ ab et cHervé Bleuchot, Droit musulman. Chap. II, section I, §5, Presses universitaires d’Aix-Marseille, (lire en ligne)
↑Dina Charif Feller, La garde (hadana) en droit musulman et dans les droits égyptien, syrien et tunisien, Droz, (lire en ligne), p. 20
↑Charles-André Julien, Histoire de l'Algérie contemporaine 1. La conquête et les débuts de la colonisation (1827-1871), Paris, PUF, 1964 (3e édition, 1986 (ISBN2130361900), p. 16).
↑Hervé Bleuchot, Droit musulman : Tome 1, chap. II, section II, §4, 91, Presses universitaires d’Aix-Marseille, coll. « Droit et religions », (ISBN978-2-8218-5332-4, lire en ligne)
↑« Le Consensus », sur La maison de l'islam, (consulté le ).
↑(en) Muhammad Nabeel Musharraf, The Waraqat of Imam al-Juwaynī, Australian islamic library (lire en ligne), p. 68, note 91
↑François-Paul Blanc, Le Droit musulman, Dalloz, , 2e éd., 128 p., p.21.
↑Doçent Doktor, Talat Sakallı, Hadis tartışmaları : ibn Hacer-Bedruddin Aynî. éditions Diyanet Vakfı yayınları. (ISBN975-389-198-9). (Ankara, 1996)
↑Pr. Muhammed Ebû Zehra, Ebû Hanîfe, pages 300 à 322. édition diyanet Vakfı yayınları . (ISBN975-19-1869-3) (Istanbul, Turquie 2005). Traduit de l'arabe vers le turc par Osman Keskioğlu.