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Fort du Hâ | |
Le fort du Hâ en 1550. | |
Période ou style | Forteresse |
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Début construction | 1454 |
Propriétaire actuel | État, Conseil départemental de la Gironde |
Destination actuelle | Palais de justice de Bordeaux École nationale de la magistrature |
Protection | Inscrit MH (1965) |
Coordonnées | 44° 50′ 11″ nord, 0° 34′ 46″ ouest[1] |
Pays | France |
Région historique | Guyenne |
Région | Nouvelle-Aquitaine |
Département | Gironde |
Commune | Bordeaux |
Le fort du Hâ, aussi nommé château du Hâ, est une ancienne forteresse de Bordeaux, à l'emplacement de laquelle sont érigés actuellement les palais de justice (Tribunal judiciaire et Cour d'appel), et l'École nationale de la magistrature. Il a été construit par décision du roi Charles VII, immédiatement après la reprise définitive de Bordeaux aux Anglais en 1453.
Ses deux tours restantes (des Anglais et des Minimes) sont inscrites au titre des monuments historiques le [2].
Le se déroule la bataille de Castillon, qui marque la fin de la guerre de Cent Ans. Peu de temps après cette victoire, le roi de France Charles VII ordonne la construction du château Trompette et du Far (devenu du Hâ) pour « tenir aux Bordelais le fer au dos[3] » et pour protéger le pays contre une nouvelle offensive anglaise.
Jean des Vignes est considéré par beaucoup comme l'architecte du château du Hâ. Toutefois, en se fondant sur des similitudes dans les caractéristiques architecturales, le nom de Mathieu de Fortune, constructeur du Château-Neuf de Bayonne, a pu être avancé[4], Jean des Vignes n'aurait eu alors qu’un rôle financier[5].
Par ailleurs les frères Bureau (Jean et Gaspard) sont chargés de la surveillance des travaux des châteaux Trompette et du Hâ, secondés dans cette mission par une commission composée de trois autres hommes de confiance (le comte de Clermont, Jean Poton de Xaintrailles et Théodore de Valpergue)
Pour s'être ralliée aux Anglais malgré sa reddition à Dunois en 1451, Bordeaux dut, ainsi que d'autres villes de Guyenne, supporter le coût des constructions.
La première pierre aurait été posée le [6]. Le premier usage du château a été d'abriter une partie des troupes royales constituant la garnison de Bordeaux. Conçus pour un usage défensif, les murs de la tour des Minimes sont épais de 4,40 m.
En 1470 le château du Hâ devient la résidence de Charles de Valois, fait duc de Guyenne par son frère Louis XI. Le château, devenu le siège d'une cour brillante, connut alors une époque de splendeurs jusqu'au décès du monarque qui y mourut le [7].
Le se déroule la prise du château du Hâ, où s'étaient réfugiés les percepteurs de la taxe, lors des troubles de la gabelle. Mais le lieutenant général de Guyenne, Tristan de Monenh, est massacré lors de l'intervention de la garnison du Hâ contre les insurgés. La répression est conduite par le connétable Anne de Montmorency, envoyé rétablir l'ordre[8].
Le , Charles de Coucy, seigneur de Burie, lieutenant général de Guyenne, demande comme logis le château du Hâ dit « la Maison du Roy ». Il ne l'obtiendra qu'en 1563 après le décès d'Antoine de Noailles lequel, bien que maire de Bordeaux, occupait les lieux en qualité de capitaine du Hâ[9].
En , le château sert de refuge aux protestants après la Saint-Barthélemy. Le baron de Merville, alias Jacques d'Escars, gouverneur du Hâ et sénéchal de Guyenne, y abrite notamment Benoist de Lagebaston (pourtant catholique), premier président du parlement de Bordeaux, et Guillaume Leblanc, avocat.
Le , le maréchal de Matignon, lieutenant général de la province, s'empare du château pour éviter que la Ligue ne livre Bordeaux aux Espagnols. Conscient de l'importance de la forteresse, Henri IV avait donné dès le des instructions en vue de « s'asseurer du chasteau du Hâ ».
Le , Henri IV, craignant toujours que le fort ne serve aux Ligueurs, prit prétexte d'un duel ayant opposé le baron de Merville à un officier du maréchal d'Ornano, lieutenant général de Guyenne, pour ordonner « de faire démolir toute la fortification sans plus y tenir aucune garnison ». Mais le roi arrête les travaux de démolition par lettres patentes du [10].
En , le château du Hâ participe à la défense de Bordeaux contre le siège des troupes royales sous la Fronde.
En 1654, Louis XIV fait réparer le château et ajouter quelques constructions.
Le , l'ingénieur Vauban, maréchal de France, rédige à Bayonne un mémoire sur les travaux à exécuter pour fortifier le « Chasteau du Haa », le château Trompette et le fort Sainte-Croix (ou fort Louis). Quelques transformations sont entreprises[11].
En 1731, une prison civile est installée au Hâ[réf. souhaitée].
Le , l'empereur germanique, Joseph II, en voyage à Bordeaux incognito, sous le nom de comte de Falkenstein, visite la ville, son théâtre et ses châteaux[12].
En , par lettres patentes, Louis XVI ordonne la démolition du château Trompette et, partant, la construction de nouvelles casernes au fort du Hâ. L'édification des nouveaux bâtiments est confiée en à l'architecte Victor Louis. Ses plans et devis furent acceptés le , mais le projet ne sera pas réalisé du fait de la Révolution[13].
En , la Tour des Anglais est cédée à la ville, dont les prisons sont pleines.
Le , un décret prévoit la suppression et la vente du fort du Hâ, du fort Louis et du château Trompette[14]. Néanmoins, à la suite des demandes formulées par le directoire départemental, le Hâ est laissé à la disposition du département pour y établir ses prisons.
Pendant la Terreur, le fort du Hâ est bientôt déclaré propriété nationale et devient prison d'État[15]. Nombre des détenus qui y sont incarcérés y attendent leur condamnation à mort par la Commission militaire de Gironde, siégeant dans l'ancienne chapelle des Minimes, jouxtant la prison[réf. souhaitée]. Son président, Jean-Baptiste Lacombe, sera à son tour emprisonné au Hâ quelques jours après la chute de Robespierre le 9 thermidor an II et guillotiné le [16].
Parmi les très nombreux prisonniers du Hâ, on citera notamment :
En 1835, commencent les travaux de démolition du fort du Hâ en vue de la construction d'un nouveau palais de Justice, le Palais Thiac et de la future prison du Hâ. Ne seront conservées de l'ancien château que les deux tours qui subsistent encore.
Le a lieu l'inauguration des bâtiments neufs construits par l'architecte Joseph-Adolphe Thiac. La nouvelle prison a été conçue sur le modèle du système pénitentiaire de régime pennsylvanien en vigueur aux États-Unis.
À la fin du XIXe siècle, les prisons du Hâ ont servi de lieu de rétention pour les femmes de toute la région qui, condamnées par la justice, étaient rassemblées à Bordeaux pour embarquer vers la Nouvelle-Calédonie afin de s’y marier avec d’anciens bagnards devenus colons[22].
À compter de 1918, les exécutions capitales bordelaises eurent toutes lieu dans la cour commune au fort du Hâ et au palais de justice voisin, la seule différence étant qu'avant 1939, pour répondre au besoin de « publicité », l'accès principal était laissé exceptionnellement ouvert — même si des barrages militaires empêchaient la population d'y pénétrer —, et après, le même portail demeurait clos. Au total, six hommes y furent suppliciés en public entre 1918 et 1933, et une femme, Élisabeth Lamouly, et cinq hommes entre 1941 et 1960[réf. souhaitée].
Pendant l'Occupation, les Allemands utilisent le fort comme prison politique pour y enfermer les opposants et les résistants, entre autres Édouard Daladier, Georges Mandel, le prince Louis Napoléon Bonaparte (prétendant au trône impérial)[23], Renée Darriet et Andrée De Jongh, créatrice du réseau d'évasion belgo-français Comète, y furent temporairement détenus[24].
Lors de son interrogatoire en 1995 Maurice Papon indiqua que « le Fort du Hâ intéressait très étroitement la Préfecture car on se souvenait que les détenus avaient été le vivier des Allemands pour désigner les otages ».
Au Fort du Hâ furent internés des résistants comme Lucien Nouaux (groupe Marc), Robert Darniche, Max Coyne, Raoul Batany, Serge Duhourquet, Paul Cazaux, et des résistantes comme Laure Gatet, Aurore Pica, Andrée Tamise, Paulette Sauboua[25]… Certains furent déportés vers des camps de concentration, d'autres furent fusillés au camp de Souge. Une plaque commémorative porte l'inscription :
« Aux Déportés Internés et aux Résistants de la Gironde morts pour la France dans l'univers concentrationnaire nazi 1940-1945. »
De nombreux Juifs furent également détenus au fort du Hâ avant leur transfert vers le camp de Drancy et leur déportation vers les camps d'extermination de Pologne. Parmi-eux: Léon Librach, le cousin de Hersz Librach, survivant de la Shoah, un des témoins pour la partie civile lors de l’affaire Papon, jugée à Bordeaux en 1998.
Un monument de granit gris érigé en 1985 dans la cour, adossé à la tour des minimes, commémore leur souvenir. Il abrite des cendres recueillies dans les camps de concentration.
Après la Seconde Guerre mondiale, le fort du Hâ retrouve sa fonction de prison départementale. Parmi les derniers prisonniers célèbres figure Marie Besnard « l'empoisonneuse de Loudun », incarcérée à Bordeaux lors de son second procès qui devait conduire par la suite à l'innocenter. Il y a aussi « les 16 de Basse-Pointe » en 1951, lors de leur procès pour le meurtre de l'administrateur blanc créole de leur habitation[26]. Enfin le parricide René Pons fut guillotiné dans la cour du fort le ; il en fut le dernier condamné à mort.
Le , les détenus de la prison du Hâ sont transférés vers la nouvelle maison d'arrêt de Gradignan. Les travaux de démolition ne commenceront cependant que fin 1969.
En , débute le chantier de la nouvelle École nationale de la magistrature (ENM), sur les plans de l’architecte Guillaume Gillet. L’École est inaugurée solennellement le . Son périmètre intègre les deux tours inscrites aux monuments historiques, la tour des Minimes étant transformée en salle de conférences de l'école.
En 1990, un concours est lancé pour la construction du Tribunal judiciaire (ex-Tribunal de grande instance) dans l’ilot judiciaire. Le projet du lauréat (l'architecte Jacques Hondelatte) ayant été annulé, c'est l'architecte anglais Richard Rogers qui remporte le second concours, avec un bâtiment résolument moderne, mis en service en 1998.
Du fort du Hâ ne subsistent aujourd'hui que deux tours :