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Le courant de court-circuit (ou intensité de court-circuit), noté Icc, d'un dipôle est le courant qui le traverserait si ses bornes étaient reliées par un conducteur parfait de résistance nulle. Le courant de court-circuit d'un générateur de tension parfait est infini. En pratique cette valeur est finie, limitée par les impédances internes du générateur de tension, des divers tronçons de ligne et des composants placés sur le trajet de ce courant.
Le courant de court-circuit d'un dipôle linéaire permet de déterminer le courant de Norton utile pour établir le modèle équivalent de Norton d'un dipôle actif linéaire.
La connaissance du courant de court-circuit est très importante pour le dimensionnement des organes de sécurité. La connaissance de la valeur du courant de court-circuit Icc à tous les endroits d'une installation, où l'on veut placer un dispositif de protection (fusible ou disjoncteur) chargé de l'interrompre, permet de s'assurer que le pouvoir de coupure du fusible ou du disjoncteur est bien supérieur au courant de court-circuit à cet endroit. L'incapacité d'un fusible ou d'un disjoncteur d'interrompre un courant de court-circuit peut produire des résultats catastrophiques (par exemple, un incendie électrique sur tous les matériaux non réfractaires en contact avec le court-circuit).
Pour les installations, la valeur du courant de court-circuit d'une alimentation doit être déterminée en deux endroits :
Les valeurs de ce courant sont généralement exprimées en kA.
La valeur maximale définit :
La valeur minimale définit le choix de la courbe de déclenchement du disjoncteur ou du fusible, assurant la sélectivité des déclenchements.
Sur un réseau triphasé, les courts-circuits peuvent être de plusieurs types :
Elle s'applique à tous les réseaux, maillés ou radiaux, jusqu'à 230 kV. Elle est surtout utilisée en HT, où elle est retenue pour sa précision. Elle est basée sur le théorème de Thévenin et consiste à calculer une source de tension équivalente au point de court-circuit. Toutes les alimentations du réseau et les machines synchrones ou asynchrones sont remplacées par leurs impédances (directe, inverse et homopolaire). Toutes les capacités de ligne et les admittances en parallèle des charges non tournantes, sauf celles du système homopolaire, sont négligées.
C'est la valeur efficace de la composante alternative du courant de court-circuit lors de l'apparition du courant de défaut. Lorsque le défaut est proche des générateurs, étant un courant dans le domaine temporel subtransitoire, il est aussi appelé simplement courant de court circuit subtransitoire ou initial. Lorsque le défaut est loin des générateurs, ce courant est le même que le courant de court-circuit permanent car les phénomènes subtransitoires sont négligeables.
À partir du courant de court-circuit symétrique initial, la valeur crête maximale est déduite (en kA crête) de: avec entre 1 et 2, et peut être calculée par une formule de la norme CEI 60909-0 suivant les composantes résistives et inductives (R/X) du réseau.
Le courant de court-circuit coupé est le courant que devra couper le disjoncteur. C'est la valeur du courant de court-circuit au moment de la coupure. Sa valeur est linéaire avec le courant de court-circuit initial (ou subtransitoire): . Le coefficient dépend des caractéristiques du générateur ainsi que du temps minimal pour que le disjoncteur agisse. Sa valeur peut être trouvée grâce à des abaques et aux formules de la norme CEI 60909. Pour un défaut loin du générateur, car il n'y a pas d'effet transitoire symétrique.
C'est la valeur efficace du courant de court-circuit en régime permanent lorsque les phénomènes subtransitoires et transitoires sont négligeables. Comme on se situe dans le régime permanent, sa valeur se trouve en appliquant la loi d'ohm avec les valeurs usuelles du régime permanent pour les résistances et les réactances du système et avec une impédance nulle pour le défaut si le court-circuit est franc ou non nulle pour un court-circuit impédant. Le temps afin d'arriver au régime permanent après un court-circuit dépend des caractéristiques du générateur pour un court-circuit proche du générateur ou de la valeur instantanée de la tension pour un court-circuit loin d'un générateur.
Le principe du calcul de est simple, puisqu'il suffit d'appliquer la loi d'Ohm :
où :
En pratique, ce calcul s'avère délicat pour plusieurs raisons :
Pour ces raisons, toutes les méthodes de calcul des courants de court-circuit utilisent des approximations, négligent certains phénomènes, définissant de ce fait leurs domaines de validité, où les résultats obtenus offrent une précision acceptable et par excès. On peut citer quelques méthodes :
Cette méthode permet d'obtenir une bonne précision en BT (< 1 000 V). Elle consiste à recenser toutes les impédances se trouvant sur le parcours du courant de court-circuit[1]. Des tableaux facilitent la détermination des impédances du réseau de distribution à partir de sa puissance de court-circuit, et celles des transformateurs à partir de leur puissance apparente. D'autres tableaux donnent pour chaque type de ligne et leur mode de pose la part relative de la résistance et de la réactance dans leurs impédances.
Le recensement terminé, le module de l'impédance totale est calculé, ce qui permet, par application de la loi d'Ohm, de déduire la valeur du courant de court-circuit[1].
Cette méthode est utilisable quand les caractéristiques de l'alimentation ne sont pas connues. L'impédance amont du circuit considéré est calculée à partir d'une estimation du courant de court-circuit à son origine. Cette méthode approchée a une précision suffisante pour ajouter un circuit à une installation existante, du moment que sa puissance ne dépasse pas 800 kVA.
Après l'apparition d'un court-circuit aux bornes d'un générateur synchrone, le courant de défaut diminue en fonction de trois échelles de temps correspondant à trois courants :
Ces trois courants correspondent à trois impédances internes dites directes , et . Ainsi, avec les valeurs des impédances en unité réduite et l'intensité nominale du générateur :
; ; .
Aux bornes du moteur asynchrone, le courant de court-circuit est égal au courant de démarrage donc [2]. Dans le cas d'un défaut sur le réseau (non à ses bornes), sa contribution au courant de défaut dépendra de l'éloignement du défaut.
De nombreux logiciels ont été développés pour calculer les courants de court-circuit conformément aux normes (par exemple les logiciels Caneco, Elec Calc, SEE Electrical, Ecodial). Les plus évolués peuvent prendre en compte l'aspect dynamique du court-circuit, et peuvent également faire des simulations.
Sur un réseau triphasé, pour un défaut éloigné des machines tournantes (où on peut considérer ), les courants de court-circuit permanent peuvent se calculer par :
Nota : Zcc est l'impédance directe totale par phase traversée par le courant de court-circuit, et Z0 est l'impédance homopolaire, ce qui est lié en particulier à l'impédance de la ligne du neutre ou de la terre selon le cas. est un facteur de tension selon les tolérances acceptées sur la valeur de la tension. Ce facteur peut varier entre 0.95 et 1.1 selon la norme CEI 60909.
En cas de défaut triphasé, le réseau reste symétrique. La transformation de Fortescue est donc superflue, mais sert d'exemple. En notant les phases A, B et C et les composantes symétriques pour directe, pour inverse et pour homopolaire on a :
D'où par transformation de Fortescue :
Les alternateurs ne pouvant fournir de la puissance que dans la composante directe, on modélise leur présence par une source de tension E dans le système directe. Sa valeur est . Le circuit équivalent est donc celui présenté ci-contre. Le courant est donc :
et
En repassant dans le système triphasé :
Ainsi . On peut réécrire ,
En cas de défaut monophasé, le réseau devient asymétrique. L'usage des composantes symétriques permet de rendre le calcul plus rapide (on aurait sinon à faire de la trigonométrie). Voir le cas triphasé pour les notations. Dans ce cas la résistance de défaut est nulle. Soit un défaut monophasé sur la phase A :
D'où par transformation de Fortescue pour les tensions :
On remarque que :
Pour les courants :
Le circuit équivalent est donc celui présenté ci-contre. On en déduit :
Ainsi que :
En repassant dans le système triphasé :
L'impédance directe et inverse de tous les composants électriques à l'exception des machines tournantes étant identiques, il est possible d'écrire On peut réécrire . En remplaçant E on obtient :
Au niveau des tensions :
Si le court-circuit se trouve loin de la centrale, on peut poser
Le ratio , appelé facteur de défaut à la terre, croit avec . Un défaut monophasé sur la phase A provoque une surtension sur les phases B et C (le calcul pour la phase C se mène de la même manière en inversant a et a²) si est supérieur à 1. Un système triphasé est dit correctement mis à la terre si le facteur de défaut à la terre est plus petit que 1,4.
En cas de défaut biphasé terre, le réseau devient asymétrique. L'usage des composantes symétriques permet de rendre le calcul plus rapide. Voir le cas triphasé pour les notations. Dans ce cas la résistance de défaut est nulle. Soit un défaut biphasé sur la phase B et C avec la terre :
D'où par transformation de Fortescue pour les tensions :
On a donc .
Pour les courants :
On remarque que :
Le circuit équivalent est donc celui présenté ci-contre. On peut regrouper le système homopolaire et celui inverse, l'impédance équivalente est alors :
De plus :
Et
En revenant au système triphasé
Le courant de court-circuit est , or par définition , donc:
Loin de la centrale on obtient :
Pour les phases :
Pour les tensions
Soit un défaut biphasé entre la phase B et C :
D'où par transformation de Fortescue pour les tensions :
On a donc .
Pour les courants :
On remarque que :
Le circuit équivalent est donc celui présenté ci-contre. On en déduit :
En revenant au système triphasé
Donc
En posant
Comme
Pour les tensions
La puissance de court-circuit Haute tension B (HTB) est la puissance de court-circuit au niveau du jeu de barres HTB d'un poste source. On dénommera la puissance de court-circuit HTB normale pour sa valeur lors d'un réseau en schéma normal. On la dénommera HTB minimum pour sa valeur lors du fonctionnement du réseau avec un schéma du poste d'alimentation HTB/HTA en situation peu fréquente (pendant au moins 5 % de l'année). Cette valeur fait partie des données importantes échangées entre le gestionnaire de réseau de transport et puis le gestionnaire du réseau de distribution.
Norme internationale CEI 60909 Courants de court-circuit dans les réseaux triphasés à courant alternatif