Search for LIMS content across all our Wiki Knowledge Bases.
Type a search term to find related articles by LIMS subject matter experts gathered from the most trusted and dynamic collaboration tools in the laboratory informatics industry.
Fils de Marcel Régy, officier de cavalerie[1], Claude Régy naît dans une famille protestante et bourgeoise, et grandit entre Montauban et Nîmes[2]. Tout en reniant le puritanisme, il reste très attaché à la spiritualité de la Bible.
En 1952, Claude Régy a vingt-neuf ans quand son compagnon se suicide, à l'âge de vingt-deux ans[4]. « Après un temps de solitude absolue, d’éloignement, j’ai basculé cette souffrance dans le travail. J’ai fait mon premier spectacle »[5] écrit-il. Il met alors en scène Doňa Rosita, de Federico Garcia Lorca en 1952, au Théâtre des Noctambules.
Il a travaillé avec plusieurs scénographes, notamment Jacques Le Marquet, Daniel Jeanneteau et Sallahdyn Khatir. Il continua à travailler avec de jeunes acteurs, notamment au sein de l'école du TNB.
Sa conception du théâtre tranche avec tout[9] ce qui se faisait avant lui. Il développe une esthétique minimaliste qui deviendra la marque de fabrique de ses spectacles.
Vie privée
Claude Régy est le compagnon d'Alexandre Barry jusqu'au moment de sa mort[10].
Claude Régy accorde plus d’importance au jeu de l'acteur qu’à l'intrigue ; il se place contre l’incarnation des personnages, et penche davantage vers l’appropriation du texte par le comédien. Visuellement, la présence ou l’absence de lumière prend le dessus sur le décor, les mots s’écoutent, les gestes s’observent, et tout cela se dilue dans des séquences volontairement longues et étirées[13].
L'esthétique du jeu d'acteur selon lui se caractérise par une diction hachée et monocorde, où les syllabes sont entre-coupées de silence, pour laisser place à notre imagination. La respiration est considérée comme l'essence du théâtre ; chaque geste, chaque mot doit être nécessaire. Le metteur en scène mise sur la force du silence et la sensibilité des acteurs à ce qui les entoure[14].
Il défend une création où l'on admet le doute, l'incertitude, l'incompréhension. Il s'exprime ainsi : « le désespoir est force de vie »[15]. Il invite le spectateur à se nourrir du vide, en proposant des spectacles à l'esthétique minimaliste, où gestes et voix sont mis en valeur par une épuration maximale. Il mise sur la lenteur, la solitude, et ce climat de vide crée une vibration qui entraine le spectateur dans un état d'hypnose.
Il dit que parler de son travail est une tricherie, qu'il faut que les choses restent mystérieuses et secrètes, il refuse de donner un mode d'emploi à la compréhension de ses spectacles. D'ailleurs les spectacles sont plus à s'approprier qu'à comprendre: « il faudrait toujours que le public se sente en état de création », affirme-t-il. Il donne à voir et à entendre un spectacle sans finitude, où le public a aussi son travail de création à faire[13].
Les spectacles se passent souvent dans l'obscurité pour exacerber la perception. Le décor n'est ni réaliste, ni symbolique ; il laisse un maximum d'espace à l'imaginaire du spectateur et privilégie avant tout l'acoustique. On voit peu l'acteur pour laisser place à l'imagination. Ces mises en scène explorent les limites de la perception ; on ne sait pas si on voit, ni si on entend. Ils demandent une grande concentration dont on n'a pas l'habitude au quotidien[16].
Ses spectacles ont vocation à atteindre un public au-delà des spectateurs, par la circulation des impressions qui suit le spectacle. Il propose un réel rituel avec une démarche d'engagement pour les spectateurs en leur demandant, par exemple, de ne plus parler dès l'entrée dans la salle ou en conservant les téléphones portables en dehors du lieu de la représentation…
Commentaires
Claude Régy explique que le silence est un moyen de communication avant la parole[17] :
« Habituellement le spectateur considère que le spectacle commence quand le bruit arrive, or », rappelle Régy, « le silence fait partie du spectacle. Le silence dans la parole est une ouverture sur l'infini ; c'est le moment où l'imaginaire trouve sa place et où le spectateur peut ressentir la profondeur de l'esprit, du questionnement. La respiration fait partie de la traduction du texte, elle met en valeur la ponctuation. » […] « C'est la jouissance du texte. »
« L'écriture est l'impuissance à écrire, et c'est avec cette impossibilité que commence la poésie. »
Claude Régy traite les textes qu'il met en scène avec beaucoup de précision et de rigueur, il explique qu'il faut « prendre le temps ». Cet esthétique du jeu de l'acteur est très déstabilisante pour les comédiens, habitués à ce qu'on leur demande de l'efficacité. Aujourd'hui, les technologies meublent le vide (publicités, musique…), on a besoin de boucher les trous, on fuit le vide et la solitude et la quantité remplace la qualité. Selon Régy, le silence nous met en relation avec l'inconnaissable, l'irréel, l'irrationnel. Or « le doute est plus juste que le savoir qui est illusion », c'est pourquoi il est nécessaire de rester au plus proche du vide[18].
Claude Régy dit qu'il est à la « recherche d'un terrain inconnu par le rien » : il faut avoir le courage d'attendre, de laisser planer le silence, il arrive alors des choses qui n'arriveraient pas si on ne faisait que ce qu'on sait faire[19].
Dans le désordre, propos provoqués et recueillis par Stéphane Lambert, Actes Sud, 2011 Prix du Syndicat de la critique - Meilleur livre sur le théâtre 2012.
Le Théâtre, sensation du monde, Claude Régy et Laure Adler, Éditions universitaires d'Avignon, collection « Entre-Vues » (ISBN978-2-35768-007-4), 2014
↑Encyclopaedia Universalis, Intérieur (Maurice Maeterlinck - mise en scène Claude Régy - 2014): Les Fiches Spectacle d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN978-2-341-00507-4, lire en ligne)
↑Cyrielle Dodet, Entre théâtre et poésie : devenir intermédial du poème et dispositif théâtral au tournant des XXe et XXIe siècles, Sorbonne Paris Cité, (lire en ligne)
↑Julien Botella, Dramaturgies du diaphane : enjeux esthétiques et politiques d’un paradigme, du symbolisme au néo-symbolisme, de Maeterlinck à Norén, Fosse et Lygre, Paris 3, (lire en ligne)
↑« Claude Régy », sur Festival d'Avignon (consulté le )
↑Résumé de la rencontre avec Claude Régy, au TNS, le 23 janvier 2010.
↑Rachel Rajalu, Être et existence sur les scènes théâtrales contemporaines françaises : Stanislas Nordey, Claude Régy, François Tanguy, Rennes 2, (lire en ligne)