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Le bouturage est un mode de multiplication consistant à donner naissance à un nouvel individu à partir d'un organe ou d'un fragment d'organe isolé (morceau de rameau, feuille, racine, tige, écaille de bulbe).
Avec le bouturage, il y a d'abord séparation de l'organe végétatif, puis enracinement ; à la différence du marcottage où, cette fois, il y a enracinement puis séparation de l'organe végétatif.
Le bouturage est une forme de clonage : la bouture est génétiquement identique à la plante mère, puisqu'il s'agit tout simplement d'un morceau de cette plante. La « prise » du bouturage se fait par dédifférenciation cellulaire au niveau du méristème.
En tant que mode de reproduction, le bouturage peut être naturel (fragmentation mécanique des thalles qui génère des propagules) ou artificiellement provoqué (par les jardiniers amateurs ou en pépinière). Dans ce dernier cas, on dit qu'on emploie la « technique » du bouturage pour produire de nouveaux plants, soit parce que c'est un mode opératoire simple et viable pour la plante qu'on cherche à reproduire, soit parce qu'on a spécifiquement pour objectif de réaliser un clonage (pour assurer la stabilité des caractères de la variété à reproduire).
Il existe plusieurs types de bouture :
Pour les boutures sur des espèces difficiles à bouturer, on conseille de pratiquer un garrot sous un œil avec un fil de fer quelques jours avant de prélever la bouture. Cela permet d'accumuler de l'auxine naturellement au niveau de la coupe de la bouture, ce qui favorise la reprise[1].
À ce propos, contrairement à une croyance populaire du fait de son faible taux de succès par les méthodes conventionnelles, les prunus (pêcher, nectarine, cerisier, pruniers...) peuvent être bouturés avec un peu de technique. Il conviendra de stranguler avec du fil métallique de faible section (sans blesser l'écorce), quelques centimètres sous un bourgeon foliaire, une nouvelle pousse de l'année dans un été semi-aoûté, durant une semaine, afin de bloquer la circulation de la sève descendante.
De par la photosynthèse, les feuilles produisent de l'auxine, une hormone rhizogène favorisant l’apparition de racine. La strangulation permet de bloquer cette dernière au maximum sous le bourgeon foliaire afin de favoriser leur développement.
Après une semaine et une forte accumulation de cette hormone, couper avec un sécateur la pousse choisie, en dessous de la strangulation, et, avec un couteau bien affûté et désinfecté, entre le bourgeon foliaire et le fil (au plus près). Il ne restera plus qu'à bouturer avec de l'hormone de bouturage (salicyline) extraite de l'eau de saule, produite à partir de parties ligneuses des Salix (en particulier le saule des osiers et saule blanc, mais aussi saule pleureur, clonex, etc.) est laissée macérée dans de l'eau pour en extraire un film contenant une concentration de. La bouture est donc trempée sur 5 cm de profondeur, réduire de moitié les feuilles pour éviter la déshydratation, mettre sous cloche dans une ambiance lumineuse mais sans soleil direct, et brumiser de temps en temps pour maintenir l'humidité.
La formation de racines devrait prendre environ trois semaines, à la suite de quoi les plants pourront être transplantées dans des pots individuels durant une semaine, dans une atmosphère confinée et humide.
Cette technique permet de profiter desdits fruitiers sans porte-greffes, sans greffe, en obtenant un plant similaire au plant mère, susceptible de profiter de ses qualités propres et optimales (ce que ne permettent pas toujours les porte-greffes), sans l'hivernage, l'attente et les aléas induits par les semis lors du croisement possible de variétés. Ici encore, il ne s'agit pas d'un clone du plant mère, chaque ramification d'un arbre étant un individu unique avec ses quelques variations génétiques, ce dernier finira donc par se différencier (bien que le brassage génétique par reproduction asexuée soit la méthode la plus efficace). En dépit des croyances populaires, un plant n'est pas un individu unique, mais une colonie clonale dont chaque ramification varie génétiquement, en douceur, à sa guise.
Tous les végétaux à reproduction sexuée bouturés sur de nombreuses générations perdent progressivement leurs facultés reproductrices sexuées (devenue accessoire) générant de moins en moins de dépenses dans cette direction (pollen, nectar, fruit) au profit d'une plus grande vigueur végétative (devenue essentielle et comprise comme vitale). De nombreux exemples nous montrent des végétaux ayant totalement perdu les facultés sexuées, leur pérennité dépend aujourd'hui exclusivement de la main humaine.
La période de bouture dépend de l'espèce choisie, du type de bouture et de l'utilisation voulue. Pour la plupart, les boutures sont plus réussies quand elles sont pratiquées en début de période de croissance de la plante.
Début juin est une bonne période (dans l'hémisphère nord) pour des boutures de feuillus (érable, orme, azalée). Prendre des pousses de l’année dont la base commence à s'aoûter, compter cinq ou six feuilles à partir de la base, plonger la base dans une hormone de bouturage (auxine) et les mettre à l’étouffée dans une mini-serre (faite avec une bouteille de plastique par exemple).
On peut aussi bouturer (de préférence à l'étouffée) à la fin de l’été sur du bois aoûté ou sur certains feuillus en automne-hiver.
Pour les conifères, la période est plutôt fin automne et durant l’hiver en châssis froid.
Quelques exemples :
On sélectionne un fragment d'un jeune rameau ligneux ou herbacé (non fleuri) d'au moins dix à quinze cm de long comportant au moins 3 nœuds (pour certaines espèces, on peut même simplement prendre une feuille ou un morceau de racine) et on le sectionne (avec un sécateur bien propre et bien aiguisé) juste sous un nœud ou avec un talon (car c'est à ces endroits que les racines émergent le plus facilement). On taille toutes les feuilles du rameau à l'exception de deux ou trois au sommet (technique de l'« habillage ») pour éviter une trop grande transpiration du plant qui n'a plus de racines pour s'hydrater. Ne jamais laisser le bourgeon terminal de la branche afin que, lors du départ en végétation, ce soit la formation des racines qui soit privilégiée et non celle de la tige.
On enterre ensuite rapidement (pour éviter qu'il ne se dessèche) le rameau des 2/3 de sa longueur par le côté coupé comportant une zone favorable à la rhizogenèse dans un substrat bien drainé pour éviter le pourrissement. Ce substrat peut être de la terre mélangée à du sable grossier ou bien même un simple récipient rempli d'eau (mais cela peut causer des problèmes lors du transfert en terre). On utilisera de préférence des pots en terre cuite et on placera les boutures sur les bords du pot car, les parois emmagasinant et conservant la chaleur, cela favorise l'émission de racines.
On place le tout dans un environnement lumineux (mais pas en plein soleil), chaud, humide et à l'abri du vent. On veillera à ne jamais laisser sécher ou ne pas trop arroser pour éviter le pourrissement. La bouture a pris si, après trois à quatre semaines, on peut constater de nouvelles pousses au niveau des yeux. Pour les boutures d'automne, comme le rosier par exemple, on place la bouture en terre en octobre et on ne la voit « redémarrer » qu'au printemps.
Pour accroître ses chances de réussite, on peut utiliser une hormone de bouturage, l'auxine, qui stimule la rhizogenèse (l'apparition de racines sur les tiges et autres organes).
D'autres substances telles que le miel ou le lait de coco[2] sont également parfois utilisées pour faciliter le développement des racines (pour le lait de coco, jus issu du travail de la pulpe de coco, mélanger 5/6 d'eau et 1/6 de lait de coco, pour l'eau de coco, le liquide dans la noix, mélanger 2/3 d'eau et 1/3 d'eau de coco). La cannelle est parfois également conseillée pour faciliter le bouturage. Elle ne contient pas d'auxine mais ses propriétés bactéricides et fongicides évitent à la bouture de s'infecter avant d'avoir le temps de raciner. On recommande également de toujours mettre au moins 2 ou 3 boutures de la même plante dans un même pot, cela multiplie les chances de réussite d'autant et on peut toujours se débarrasser des boutures les moins réussies au moment du transplantage.
Certaines espèces se bouturent plus facilement que d'autres, en effet le bouturage s'applique tout particulièrement aux plantes vivaces sur du bois aouté et par exemple :
Le bouturage et le greffage permettent tous deux de reproduire une plante à l'identique à la différence du semis qui lui perpétue l'espèce mais en croisant le patrimoine génétique des parents dans leur descendance (donc en donnant un phénotype distinct).
Le bouturage est plutôt utilisé par les amateurs car il est beaucoup plus simple à réaliser que le greffage et ne nécessite aucun matériel particulier. Son seul inconvénient est d'être souvent plus lent à produire des fruits ou des fleurs. De plus, certaines variétés ne se bouturent pas du tout ou très difficilement.
Les pépiniéristes privilégient plutôt le greffage. Celui-ci nécessite de bonnes compétences technique et un peu de matériel (greffoir, porte-greffe) mais il permet de produire en masse et rapidement des plants de qualité et adapté au besoin des clients. De plus, le greffage permet d'économiser le matériel végétal. Pour faire une bouture, on utilise un rameau de 20 cm, qui si cela réussit, permet d'obtenir un plant. En greffant, à partir de ce même rameau de 20 cm, on peut prélever 4 à 5 yeux environ, donc possibilité avec le même rameau de faire 4 à 5 plants au lieu d'un seul, ce qui est appréciable lorsque la variété qu'on souhaite multiplier n'est disponible qu'en petite quantité.
En France, il est interdit de bouturer sans licence à titre commercial un cultivar disposant d'un certificat d'obtention végétale. Mais selon l'article L. 623-4-1 du code de la propriété intellectuelle, le droit du titulaire (d'un certificat d'obtention végétale) ne s'étend pas :
Il est donc tout à fait légal de bouturer à titre privé sans intention de commercialiser ses boutures[5].