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Amadeo Bordiga
Illustration.
Portrait d'Amadeo Bordiga en 1924.
Fonctions
Secrétaire du Parti communiste d'Italie

(3 ans)
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Antonio Gramsci
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ercolano, Campanie, Italie
Date de décès (à 81 ans)
Lieu de décès Formia, Latium, Italie
Nationalité Italienne
Parti politique Parti socialiste italien (jusqu'en 1921)
Parti communiste d'Italie (1921-1930)
Parti communiste international (à partir de 1952)
Profession journaliste, écrivain

Amadeo Bordiga, né le à Resina (aujourd'hui Ercolano), dans la province de Naples en Campanie (Italie) et mort le à Formia, dans la province de Latina dans le Latium, est un dirigeant révolutionnaire et théoricien marxiste italien du XXe siècle. Il fut l’un des fondateurs du Parti communiste d'Italie. Après son exclusion de l'Internationale communiste, il anime différents partis communistes opposés à la ligne stalinienne. Le courant se réclamant de ses idées est connu sous le nom de bordiguisme.

Biographie

Origines et formation

Amadeo Bordiga est né le . Sa formation fut à caractère scientifique. Son père Oreste, d’origine piémontaise, était un spécialiste d’agronomie, dont l’autorité était spécialement reconnue au sujet des problèmes agraires séculaires du Mezzogiorno italien. Son oncle paternel, Giovanni, était mathématicien, expert en géométrie projective, enseignant à l’université de Padoue, militant du radicalisme risorgimental tardif ; passionné d’art, il fonda avec d’autres la Biennale de Venise.

Sa mère, Zaira degli Amadei, descendait d’une antique famille florentine, et le grand-père maternel a été conspirateur dans les luttes du Risorgimento. L’ambiance familiale fut donc fondamentale dans la formation du jeune révolutionnaire, qui sut fondre la science et l’art, comme il le déclara en 1960 à propos de l’ensemble du mouvement révolutionnaire.

Bordiga sort diplômé de l’École polytechnique de Naples en 1912. Il avait déjà rencontré le mouvement socialiste au lycée, à travers son professeur de physique, et en 1910 il avait adhéré au Parti socialiste italien (PSI).

Ascension et exclusion de l'Internationale communiste

Amadeo Bordiga par Isaak Brodsky (1920).

En 1918, il fonde le journal Il Soviet, organe du PSI. En 1921, il est parmi les plus fervents fondateurs du Parti communiste d'Italie (PCd'I), section italienne de la IIIe Internationale — le PCd'I prend le nom de Parti communiste italien en 1943 — et en devient le principal animateur jusqu'en 1923 ; sa tendance y est majoritaire jusqu'à ce qu'elle soit bureaucratiquement écartée par l'Internationale communiste (IC) en 1925. De 1924 à 1927 (la gauche du parti reste majoritaire malgré les menées de Zinoviev jusqu'en 1926, cf. son histoire de la Gauche communiste italienne en 4 tomes), il lutte contre la « dégénérescence » de l'Internationale, sur des positions proches de celles de Trotski et des Oppositionnels (contre la stalinisation des PC et de l'IC), ainsi que des gauches communistes allemandes (notamment celles de Karl Korsch).

À la fin des années 1920, Bordiga, complètement brouillé avec le Komintern, reste le dernier des dirigeants de l'Internationale ayant traité Staline de traître en face encore vivant pour le raconter[1].

Il est exclu du PCd'I en 1930 pour s'être opposé à la ligne stalinienne de l'IC. Il a toujours défendu l'idée que l'antifascisme était une arme de la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Pour lui, la bourgeoisie, qu'elle soit fasciste ou antifasciste, était toujours à combattre quelle que soit sa forme ou sa couleur politique du moment. Arrêté, il est condamné par le régime de Mussolini à l'exil sur l'île d'Ustica. À son retour d'exil au début des années 1930, il cesse toute activité politique jusqu'en 1944. Il défend, durant cette période, l'idée que la bourgeoisie mène le monde à la deuxième guerre impérialiste mondiale et qu'il est nécessaire de faire un bilan des années passées pour pouvoir repartir au combat dans une période redevenue favorable à la classe ouvrière.

Après-guerre

Il rejoint le Parti communiste internationaliste d'Onorato Damen en 1949, avant de le quitter en 1952 pour fonder le Parti communiste international.

Le Parti communiste italien d'après-guerre ayant choisi comme philosophe principal Antonio Gramsci, Bordiga est effacé des premières éditions des Lettres de prison, où il apparaît pourtant 18 fois. L'élimination des mentions de Bordiga dans la correspondance gramscienne participe à l'oubli partiel du philosophe dans l'Italie d'après guerre, de l'amitié qu'il entretenait avec Gramsci mais aussi de son rôle lors de la création du Parti communiste[2].

Bordiga dénonce l'imposture stalinienne qui a fait selon lui de l'Union soviétique un régime capitaliste. Bordiga reste un marxiste orthodoxe et se reconnaît dans la position de Lénine sur la question du parti. Sa position sur les syndicats se rapproche également de la position léniniste :

« […] dès lors que le rapport numérique concret entre ses membres, ses sympathisants, et les syndiqués d'une branche donnée sera d'une certaine importance, et à condition que cette organisation n'ait pas exclu jusqu'à la dernière possibilité virtuelle et statutaire d'y mener une activité autonome de classe, le parti entreprendra d'y pénétrer et s'efforcera d'en conquérir la direction[3]. »

Il défend l'idée de « l'invariance » du marxisme contre tous « les modernisateurs » au cours des années 1960.

La paternité du texte Auschwitz ou le grand alibi lui a parfois été attribuée[4]. Publié en avril 1960 dans Programme communiste[5], ce texte anonyme réduit l'explication du génocide juif à de seuls facteurs strictement socio-économiques, au nom du matérialisme historique, et en fait l'alibi utilisé par les régimes capitalistes après guerre pour restaurer leur légitimité au nom de l'antifascisme. Repris par la mouvance d'ultra-gauche française de la Vieille Taupe en 1970, puis republié cette fois par le Parti communiste international en 1979 à la suite de l'affaire Darquier de Pellepoix[6], il est considéré comme l'un des textes initiateurs du négationnisme d'extrême-gauche[7], bien qu'il ne nie lui-même aucune des réalités du génocide [8]. Cependant, selon un article publié en 2010 par Le Prolétaire, organe du Parti communiste international, l'auteur en serait en fait Martin Axelrad, un militant bordiguiste français et d'origine juive[9].

Amadeo Bordiga meurt en juillet 1970. Il est enterré dans le petit cimetière de Castellonorato sur la commune de Formia.

Œuvres

  • Structure économique et sociale de la Russie d'aujourd'hui, 1956
  • Traduction partielle : Développement des rapports de production après la révolution russe, Cahiers Spartacus, Paris.
  • Histoire de la Gauche communiste ou sinistra comunista italiana, 1964, 5 tomes.
  • Russie et révolution dans la théorie marxiste, Cahiers Spartacus, Paris, 1978, 511 p.
  • Bordiga et la passion du communisme, Camatte, Cahiers Spartacus, Paris, 1974, 232 p.
  • Dialogue avec Staline, Éditions Programme.
  • Dialogue avec les morts, Éditions Programme.
  • Espèce humaine et croûte terrestre, Payot - Pbp, Paris, 1978, 219 p.
  • Facteurs de races et de nation dans la théorie marxiste, Éditions programme, 1978.

Références

  1. (en)« Has Capital Autonomized Itself From Humanity? Review by David Black », sur The Hobgoblin (consulté le ).
  2. (it) « Bordiga, il leader dimenticato », sur Jacobin Italia, (consulté le ).
  3. A. Bordiga, « Thèses caractéristiques du parti (1951) », publié sous le titre « Bases pour l'adhésion au Parti Communiste Internationaliste », Programme Communiste, n° 25, octobre-décembre 1963
  4. Par exemple par Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche, histoire d'un paradoxe, éd. La découverte, 2011, (ISBN 978-2-7071-6998-3), p. 231 ou encore Shmuel Trigano, L'idéal démocratique: à l'épreuve de la Shoa, Odile Jacob, 1999, 361 p. (ISBN 9782738107428), note 13 p. 341.
  5. Programme communiste, n°11, avril-juin 1960, p. 49-53.
  6. Supplément au n°276 du bimensuel Les Prolétaires, 1979. L'explication étant, selon le PCI, que l'interview de Darquier de Pellepoix publiée par L'Express en octobre 1978 permet à la démocratie française « de se refaire une virginité, de cacher la réalité de l'impérialisme sous un flot de verbiage antiraciste, humaniste et démocratique et de détourner la colère du prolétariat et des masses opprimées de la cause réelle des massacres, les rapports capitalistes de production et l'Etat qui les défend. ». Cité par Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, 2000, 691 p. (ISBN 978-2020354929), p. 307.
  7. Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche, histoire d'un paradoxe, éd. La découverte, 2011, (ISBN 978-2-7071-6998-3), p. 231-234; Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, 2000, 691 p. (ISBN 978-2020354929), p. 185-191 ; Christophe Bourseiller, Histoire générale de l'« ultra-gauche », Denoël, 2003, 546 p. (ISBN 9782207251638).
  8. Loren Goldner, « Ce que raconte et surtout ce que ne raconte pas l’Histoire générale de l’ultra-gauche de Christophe Bourseiller », revue Agone, 34 | 2005.
  9. « Martin Axelrad », Le Prolétaire, 2010, n° 497.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes